Pour Travis Frierson, la priorité est claire: les Etats-Unis doivent absolument revenir à la « normalité » après quatre ans de présidence Trump. Le restaurateur de 43 ans vient de voter lors des primaires démocrates en Caroline du Sud, et sa voix est allée à l’ancien vice-président Joe Biden.
Mais d’autres électeurs se disent convaincus que pour empêcher le milliardaire républicain d’obtenir un second mandat en novembre, il faut une lame de fond semblable à celle qui a permis à Donald Trump d’arriver au pouvoir en 2016.
Et pour eux, c’est le sénateur et socialiste autoproclamé Bernie Sanders, avec sa promesse d’un système de santé universel et gratuit, qui incarne cette vague.
Ce qui est sûr, c’est que les avis sont tranchés.
« Trump est beaucoup trop radical et Bernie a le même genre de partisans. Il parle comme un dictateur », juge M. Frierson. « Moi je veux revenir à la démocratie ».
Par cette journée froide et ensoleillée dans la banlieue de Columbia, la capitale de Caroline du Sud, des dizaines d’électeurs attendent de faire leur choix devant une école transformée en bureau de vote.
M. Frierson est l’un d’eux.
« Je veux juste le meilleur candidat possible pour ramener le pays à la normalité », dit-il. « La normalité », insiste-t-il. « Une chose que nous avons considérée comme allant de soi pendant longtemps ».
– Biden ou Sanders? –
Après des résultats décevants lors des trois premiers scrutins de la primaire démocrate, Joe Biden compte sur la Caroline du Sud pour se refaire une santé et sauver sa campagne.
Les sondages le donnent pour favori ici, en grande partie grâce à sa popularité dans l’électorat noir.
Mais Bernie Sanders, arrivé en tête dans le New Hampshire et le Nevada et qui caracole actuellement au sommet des sondages au niveau national, talonne l’ancien vice-président en Caroline du Sud.
Les détracteurs du sénateur indépendant au sein même du parti démocrate pensent que son programme est trop radical et qu’il n’a aucune chance de battre l’actuel président.
Au contraire, rétorquent ses soutiens.
« Je pense qu’un progressiste a le plus de chances de battre Trump », affirme James Westmoreland, enseignant de 44 ans qui vient de donner sa voix à « Bernie ».
« J’ai l’impression que le pays est tellement divisé en ce moment, tout le monde semble aller vers les extrêmes », ajoute-t-il.
« Il y a peu de gens qui semblent aller vers le milieu. Alors nous avons besoin de quelqu’un qui aide à équilibrer les choses ».
Une électrice de 51 ans, qui ne souhaite être identifiée que comme Mme Kennedy, intervient pour dire qu’elle aussi votera pour Sanders.
Elle reconnaît que ce sera un défi de battre Trump dans les Etats conservateurs, mais qu’elle ne cèdera pas aux pressions des anti-Bernie.
Les Etats comme le Texas, l’Alabama et la Floride ne sont peut-être « pas prêts pour lui », admet-elle, mais « j’en ai assez du manque de respect dans notre pays. Tout le monde mérite d’être respecté ». Une allusion apparente à la polarisation de la société ces dernières années.
Si la victoire semble se profiler pour Joe Biden en Caroline du Sud, la popularité de Bernie Sanders doit « être suivie de près », juge Kendall Deas, professeur de science politique au College of Charleston.
L’élection de Trump en 2016, « ce fut un mouvement ». Et « en 2020, les démocrates vont peut-être devoir répondre avec un candidat qui soit lui aussi le reflet d’un mouvement pour contrer ce qui s’est passé avec l’élection de Trump » il y a quatre ans, dit-il.