Qui était l’opposant russe Nemtsov, assassiné il y a cinq ans

Abattu il y a cinq ans près du Kremlin, l’opposant russe Boris Nemtsov est devenu un symbole de ralliement pour les voix critiques du Kremlin, dont les partisans célèbrent sa mémoire par une manifestation samedi.

– Charismatique opposant

Incarnant la génération des jeunes réformateurs des années 1990, il a d’abord servi comme gouverneur de la région de Nijni-Novgorod avant de devenir en 1997 vice-Premier ministre du président d’alors, Boris Eltsine.

Nemtsov, qui quitte le gouvernement avec la dévastatrice crise économique de 1998, fut envisagé par Eltsine comme un dauphin potentiel, avant de finalement lui préférer Vladimir Poutine.

Après l’arrivée au pouvoir de Poutine en 2000, Boris Nemtsov rejoint les rangs des critiques du nouveau président et devient notamment l’un des chefs de file de la vague de contestation de 2011-2012.

Plusieurs fois interpellé, perquisitionné et mis sur écoute, il s’était spécialisé dans les enquêtes sur la corruption dans les hautes sphères de l’Etat.

– Abattu au coeur de Moscou

Boris Nemtsov a été abattu à 55 ans de plusieurs balles le soir du 27 février 2015, sur un pont à deux pas du Kremlin, siège du pouvoir russe. Sa mort provoque la stupeur.

Bien que plutôt en retrait de la vie publique depuis quelque temps, il avait appelé le jour même de son assassinat à participer à une manifestation contre la guerre en Ukraine, qui a éclaté l’année précédente entre forces de Kiev et séparatistes pro-russes.

Selon ses alliés politiques, il préparait également un dossier prouvant l’implication massive dans ce conflit de troupes régulières russes, ce que Moscou a toujours nié malgré les constatations de nombreuses organisations et médias dont l’AFP.

Deux semaines après le meurtre, cinq suspects sont arrêtés. Tous sont originaires des républiques du Caucase russe et seront condamnés en 2017 à des peines de 11 à 20 ans de prison.

L’enquête estime que Boris Nemtsov a été assassiné pour ses critiques de l’Islam. Le commanditaire est identifié comme Rouslan Gueremeïev, commandant d’une unité militaire tchétchène. Il n’est jamais arrêté et est considéré en fuite à l’étranger.

L’opposition russe ne croit guère à cette thèse, jugeant plus probable que l’assassinat a été ordonné par le dirigeant de la Tchétchénie, Ramzan Kadyrov ou son entourage. Les opposants russes l’accusent d’être impliqué dans les morts de plusieurs de ses détracteurs.

– Symbole

La mort de Nemtsov a profondément marqué l’opposition au Kremlin qui organise autour de l’anniversaire de son assassinat l’un de ses plus importants rassemblements chaque année.

Ses partisans entretiennent jour après jour un mémorial de fortune sur le pont où il a été tué et que la mairie de Moscou a plusieurs fois tenté de débarrasser. Aucune plaque commémorative officielle n’a été installée.

De nombreux pays occidentaux ont eux rendu hommage à l’opposant de diverses manières. A Washington, la rue passant devant l’ambassade russe a été baptisée Boris Nemtsov, suscitant la colère de Moscou.

Ce mois-ci, Prague a fait de même avec la place faisant face à la représentation diplomatique russe en République tchèque.

Réagissant à cette décision, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a estimé que la Russie « aurait préféré » que les autorités tchèques rendent hommage aux forces soviétiques ayant vaincu les Nazis en Europe centrale et orientale il y a 75 ans.

Anaïs Demoustier, actrice rayonnante du cinéma français

Anaïs Demoustier, qui a commencé le cinéma jeune, n’en finit pas de s’épanouir à l’écran. Récompensée par un César de la meilleure actrice pour « Alice et le maire », cette rayonnante comédienne de 32 ans y brille en conseillère d’un homme politique désabusé.

Dans ce film de Nicolas Pariser, elle incarne une jeune philosophe normalienne, intellectuelle travailleuse chargée de conseiller le maire de Lyon qui n’a plus d’idées, incarné par Fabrice Luchini.

« Anaïs Demoustier est une actrice extraordinairement douée », a dit d’elle le réalisateur. « Sa grande force est de parvenir à rendre naturel et à habiter n’importe quel texte ».

Avec ce rôle, cette trentenaire au visage parsemé de taches de rousseur complète une filmographie déjà brillante depuis qu’elle a commencé sa carrière au début des années 2000.

Ils lui ont valu plusieurs nominations aux César: deux dans la catégorie du meilleur espoir féminin, pour « Les Grandes personnes » en 2009 et « D’amour et d’eau fraîche » en 2011, et une pour le César du meilleur second rôle pour « La Villa » en 2018, sans qu’elle ait été récompensée jusqu’ici.

La comédienne aux airs sages et au regard rieur s’est imposée au fil de plus de 40 films, sous la direction de cinéastes comme Michael Haneke, Robert Guédiguian, Bertrand Tavernier, Christophe Honoré ou François Ozon.

– cinéma d’auteur –

Née le 29 septembre 1987 à Lille, fille d’un cadre commercial dans la grande distribution et d’une mère au foyer, Anaïs Demoustier a pris des cours de théâtre avant d’être repérée par un directeur de casting à l’adolescence.

Elle n’a pas encore 15 ans quand elle est choisie en 2002 pour jouer la fille d’Isabelle Huppert dans « Le Temps du Loup » de Michael Haneke. « J’ai vraiment eu l’occasion de voir ce que c’était de faire du cinéma. C’est suite à ça que j’ai voulu continuer », racontait-elle à l’AFP en 2015.

« Ça a été une espèce de choc », ajoutait l’actrice, estimant que ce film a aussi « dirigé inévitablement les propositions » qui lui ont été faites « vers un cinéma d’auteur ».

Elle passe son bac et s’inscrit en fac de Lettres avant d’enchaîner les petits rôles, puis de se faire remarquer en 2008 dans « La Belle Personne » de Christophe Honoré, aux côtés de Léa Seydoux et Louis Garrel.

Elle tourne ensuite avec Rébecca Zlotowski (« Belle Epine »), Robert Guédiguian (« Les Neiges du Kilimandjaro », puis « Au fil d’Ariane » et « La Villa », rejoignant sa « famille » de cinéma), Claude Miller (« Thérèse Desqueyroux ») ou Bertrand Tavernier (« Quai d’Orsay »), et remporte en 2011 le Prix Romy-Schneider.

– « dans l’action » –

En 2014, elle est à l’affiche de « Bird People » de Pascale Ferran, « Au Fil d’Ariane » de Robert Guédiguian ou « Une Nouvelle amie » de François Ozon.

L’année suivante, elle met sa fraîcheur au service d’un rôle d’amoureuse dans « A trois on y va » de Jérôme Bonnell – un réalisateur qui loue sa « vaillance », son « courage » et son « énergie » -.

Elle y joue le rôle de Mélodie, « une fille volontaire, qui est dans l’action », décrivait-elle. « C’est un personnage duquel je peux me sentir assez proche. Je suis dans l’action depuis assez longtemps. J’ai commencé à travailler très jeune ».

On la voit ensuite dans « Caprice » d’Emmanuel Mouret où elle incarne une jeune femme excessive éprise d’un instituteur, puis dans « Marguerite et Julien » de Valérie Donzelli, en compétition au Festival de Cannes en 2015, sur l’histoire d’un frère et d’une soeur, exécutés en 1603 pour adultère et inceste, et dans « Les Malheurs de Sophie » de Christophe Honoré.

Ces dernières années, Anaïs Demoustier a joué aussi bien chez le réalisateur de comédies absurdes et décalées Quentin Dupieux (« Au poste! ») que chez Frédéric Tellier (« Sauver ou périr » avec Pierre Niney), Félix Moati (« Deux fils ») ou Robert Guédiguian (« Gloria Mundi »).

Mère d’une petite fille qu’elle a eue avec l’acteur Jérémie Elkaïm, elle est actuellement à l’affiche du film de son frère Stéphane Demoustier « La Fille au bracelet », dans lequel elle incarne une avocate générale très offensive.

Deux présidents rivaux en Guinée-Bissau

Le camp du candidat donné battu à la présidentielle en Guinée-Bissau par la commission électorale a désigné vendredi soir un « président intérimaire », au lendemain de la prise de fonctions, qu’il juge illégitime, d’Umaro Sissoco Embalo, issu de l’opposition.

Cinquante-deux députés, membres du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC) et de formations alliées, ont tenu une sessions spéciale au cours de laquelle ils ont « constaté la vacance du pouvoir », a rapporté un correspondant de l’AFP.

Jeudi, Umaro Sissoco Embalo, issu de l’opposition, s’est fait investir président, avec l’aval du président sortant, José Mario Vaz, et malgré la contestation persistante autour du résultat du scrutin dans ce pays d’Afrique de l’Ouest à l’histoire politique tumultueuse.

M. Embalo a ensuite, vendredi en fin d’après-midi, démis le Premier ministre (PAIGC) Aristides Gomes et nommé à sa place un de ses partisans, Nuno Gomes Nabiam, candidat malheureux à la présidentielle qui l’avait rallié entre les deux tours.

Les députés fidèles au PAIGC ont dès lors décidé, « pour combler ce vide », la nomination d’un « président intérimaire ». Ils ont choisi le président de l’Assemblée nationale, Cipriano Cassama, membre du PAIGC, qui domine la vie politique de cette ancienne colonie portugaise depuis son indépendance en 1974.

M. Cassama devrait s’adresser à la Nation samedi, selon ses proches.

Le Premier ministre démis par M. Embalo, Aristides Gomes, reconnu par la communauté internationale, a dénoncé l’investiture de M. Embalo comme une tentative de « coup d’Etat » de la part de M. Embalo, dans ce pays d’Afrique de l’Ouest qui en est coutumier.

Des militaires occupaient dans la soirée la plupart des institutions du pays, dont les bureaux du chef du gouvernement et des ministères, a constaté le correspondant de l’AFP, sans que l’on sache précisément dans quel camp elle se situe. Elle agit de la sorte pour « garantir la stabilité et la paix, contrôler les institutions de manière à éviter d’éventuels troubles à l’ordre public », a indiqué à l’AFP un officier s’exprimant sous le couvert de l’anonymat.

M. Embalo, ancien général, ex-Premier ministre, a été donné vainqueur par la commission nationale électorale avec 53,55% des voix, contre 46,45% pour Domingos Simoes Pereira, président du PAIGC.

M. Pereira et le PAIGC, dénonçant des fraudes, réclament qu’on recompte les bulletins et s’en remettent à une décision finale de la Cour suprême.

M. Embalo, 47 ans, estime que la décision n’appartient pas à la Cour suprême et fait valoir que la commission électorale, sommée par la Cour suprême de vérifier les résultats, les a confirmés à plusieurs reprises et a choisi de passer outre à l’arrêt attendu.

Guinée: le président Condé annonce un report de deux semaines d’un référendum contesté

Le président guinéen Alpha Condé a annoncé vendredi soir un report de « deux semaines » du référendum constitutionnel et des législatives prévus dimanche, après des mois de protestations meurtrières contre ce que l’opposition considère comme une manœuvre pour rester au pouvoir.

« Nous avons accepté un report, léger, de la date des élections », a d’abord dit M. Condé dans une intervention à la télévision nationale.

« Ce n’est ni une capitulation, ni une reculade », a ajouté M. Condé, assurant que « le peuple de Guinée exprimera librement son choix à travers le référendum et choisira librement ses députés ».

« Nous acceptons le report qui doit être de deux semaines », a-t-il ensuite précisé dans une lettre à la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), consultée par l’AFP.

La commission électorale « va saisir la cour constitutionnelle pour la fixation d’une nouvelle date dans la fourchette indiquée », a-t-il dit dans ce courrier.

Avant ce report surprise, les Guinéens étaient appelés à se prononcer dimanche sur une nouvelle Constitution, défendue comme « moderne » par le chef de l’Etat. Elle codifierait l’égalité des sexes, interdirait l’excision et le mariage des mineurs. Elle veillerait à une plus juste répartition des richesses en faveur des jeunes et des pauvres, selon lui.

L’opposition n’en croit pas un mot. Pour elle, le projet est le subterfuge d’un ancien opposant historique devenu, à bientôt 82 ans, un autocrate qui, comme bien d’autres dirigeants africains avant lui, entend plier la Constitution à son désir de briguer un troisième mandat à la fin de l’année.

Depuis mi-octobre, la mobilisation contre M. Condé donne lieu à des manifestations massives, à des journées villes mortes qui impactent l’économie d’un des pays les plus pauvres de la planète, et à de graves brutalités policières. Au moins 30 civils et un gendarme ont été tués.

Ces tensions, les appels de l’opposition à empêcher le déroulement du référendum et des législatives, ainsi que les attaques des derniers jours contre des bureaux ou du matériel de vote, ont amplifié les craintes dans un pays coutumier des manifestations et des répressions brutales.

L’armée a été mise en état d’alerte dès mardi. Pure précaution selon les autorités.

Des années d’animosité politique, les soupçons pesant sur le vote, de même que le maintien envers et contre tout de ce rendez-vous malgré le boycott et les appels de la communauté internationale à tout faire pour associer l’opposition, ont laissé la place à une campagne très éloignée d’un exercice démocratique apaisé.

– Pas de campagne électorale –

Les signes tangibles de cette campagne étaient rares cette semaine dans la capitale Conakry. Des panneaux portant des slogans tels que « oui à l’égalité » ou « oui à l’investissement dans la jeunesse » surplombent les artères encombrées de voitures. Mais peu ou pas de rassemblements publics.

Le projet de Constitution limite à deux le nombre des mandats présidentiels. Le chef de l’Etat sortant en a déjà deux au compteur. Sauf, redoute l’opposition, que l’adoption d’une nouvelle Constitution lui permettrait de remettre ce compteur à zéro.

« Qu’y a-t-il de mal à ça ? », demande Sékou Condé, un cadre du parti présidentiel. La plupart des Guinéens veulent que le président Condé reste pour développer le pays, assure-t-il à l’AFP.

M. Condé a jusqu’ici maintenu un voile de moins en moins opaque sur ses intentions. C’est son parti qui décidera de son avenir et les Guinéens peuvent aussi bien dire non à la nouvelle Constitution, répète-t-il.

Mais « pourquoi en Guinée il serait impossible de faire trois mandats ? » demandait-il cette semaine dans le quotidien français Le Figaro.

Les doutes exprimés par la communauté internationale quant à la crédibilité du vote se sont succédé.

L’Organisation internationale de la francophonie (OIF), accompagnatrice du processus électoral en Guinée, a jugé « problématiques » près de 2,5 millions de noms d’électeurs figurant sur les listes, avec des doublons et la présence de personnes défuntes.

L’Union européenne s’est interrogée sur « la crédibilité des échéances électorales à venir », en raison notamment de « l’absence de transparence ».

– Composantes ethniques –

Jeudi, la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest a annulé à la dernière minute une mission de bons offices de plusieurs chefs d’Etat africains en Guinée. Elle a rénoncé à déployer des observateurs en raison des risques potentiels. L’Union africaine a rappelé les siens vendredi.

M. Condé « obtiendra de toute façon le résultat qu’il veut », déplore le leader de l’opposition Cellou Dalein Diallo.

Un diplomate occidental, qui requiert l’anonymat, est cinglant : « Ce processus électoral, c’est quasiment une blague », n’était le risque de violences, qui est réel et pourrait suivre les lignes d’appartenance ethnique entre les Malinkés, dont est issu M. Condé, et les Peuls, largement derrière M. Diallo.

Guinée: le président Condé annonce un report de deux semaines d’un référendum contesté

Le président guinéen Alpha Condé a annoncé vendredi soir un report de « deux semaines » du référendum constitutionnel et des législatives prévus dimanche, après des mois de protestations meurtrières contre ce que l’opposition considère comme une manœuvre pour rester au pouvoir.

« Nous avons accepté un report, léger, de la date des élections », a d’abord dit M. Condé dans une intervention à la télévision nationale.

« Ce n’est ni une capitulation, ni une reculade », a ajouté M. Condé, assurant que « le peuple de Guinée exprimera librement son choix à travers le référendum et choisira librement ses députés ».

« Nous acceptons le report qui doit être de deux semaines », a-t-il ensuite précisé dans une lettre à la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), consultée par l’AFP.

La commission électorale « va saisir la cour constitutionnelle pour la fixation d’une nouvelle date dans la fourchette indiquée », a-t-il dit dans ce courrier.

Avant ce report surprise, les Guinéens étaient appelés à se prononcer dimanche sur une nouvelle Constitution, défendue comme « moderne » par le chef de l’Etat. Elle codifierait l’égalité des sexes, interdirait l’excision et le mariage des mineurs. Elle veillerait à une plus juste répartition des richesses en faveur des jeunes et des pauvres, selon lui.

L’opposition n’en croit pas un mot. Pour elle, le projet est le subterfuge d’un ancien opposant historique devenu, à bientôt 82 ans, un autocrate qui, comme bien d’autres dirigeants africains avant lui, entend plier la Constitution à son désir de briguer un troisième mandat à la fin de l’année.

Depuis mi-octobre, la mobilisation contre M. Condé donne lieu à des manifestations massives, à des journées villes mortes qui impactent l’économie d’un des pays les plus pauvres de la planète, et à de graves brutalités policières. Au moins 30 civils et un gendarme ont été tués.

Ces tensions, les appels de l’opposition à empêcher le déroulement du référendum et des législatives, ainsi que les attaques des derniers jours contre des bureaux ou du matériel de vote, ont amplifié les craintes dans un pays coutumier des manifestations et des répressions brutales.

L’armée a été mise en état d’alerte dès mardi. Pure précaution selon les autorités.

Des années d’animosité politique, les soupçons pesant sur le vote, de même que le maintien envers et contre tout de ce rendez-vous malgré le boycott et les appels de la communauté internationale à tout faire pour associer l’opposition, ont laissé la place à une campagne très éloignée d’un exercice démocratique apaisé.

– Pas de campagne électorale –

Les signes tangibles de cette campagne étaient rares cette semaine dans la capitale Conakry. Des panneaux portant des slogans tels que « oui à l’égalité » ou « oui à l’investissement dans la jeunesse » surplombent les artères encombrées de voitures. Mais peu ou pas de rassemblements publics.

Le projet de Constitution limite à deux le nombre des mandats présidentiels. Le chef de l’Etat sortant en a déjà deux au compteur. Sauf, redoute l’opposition, que l’adoption d’une nouvelle Constitution lui permettrait de remettre ce compteur à zéro.

« Qu’y a-t-il de mal à ça ? », demande Sékou Condé, un cadre du parti présidentiel. La plupart des Guinéens veulent que le président Condé reste pour développer le pays, assure-t-il à l’AFP.

M. Condé a jusqu’ici maintenu un voile de moins en moins opaque sur ses intentions. C’est son parti qui décidera de son avenir et les Guinéens peuvent aussi bien dire non à la nouvelle Constitution, répète-t-il.

Mais « pourquoi en Guinée il serait impossible de faire trois mandats ? » demandait-il cette semaine dans le quotidien français Le Figaro.

Les doutes exprimés par la communauté internationale quant à la crédibilité du vote se sont succédé.

L’Organisation internationale de la francophonie (OIF), accompagnatrice du processus électoral en Guinée, a jugé « problématiques » près de 2,5 millions de noms d’électeurs figurant sur les listes, avec des doublons et la présence de personnes défuntes.

L’Union européenne s’est interrogée sur « la crédibilité des échéances électorales à venir », en raison notamment de « l’absence de transparence ».

– Composantes ethniques –

Jeudi, la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest a annulé à la dernière minute une mission de bons offices de plusieurs chefs d’Etat africains en Guinée. Elle a rénoncé à déployer des observateurs en raison des risques potentiels. L’Union africaine a rappelé les siens vendredi.

M. Condé « obtiendra de toute façon le résultat qu’il veut », déplore le leader de l’opposition Cellou Dalein Diallo.

Un diplomate occidental, qui requiert l’anonymat, est cinglant : « Ce processus électoral, c’est quasiment une blague », n’était le risque de violences, qui est réel et pourrait suivre les lignes d’appartenance ethnique entre les Malinkés, dont est issu M. Condé, et les Peuls, largement derrière M. Diallo.

RDC: les piliers de l’ex-régime Kabila tombent un à un sous Tshisekedi

Les piliers de l’ex-régime de Joseph Kabila tombent un à un dans la République démocratique du Congo de Félix Tshisekedi, au risque d’une dégradation du climat poliique au sein la coalition au pouvoir négociée dans la douleur entre les deux hommes.

Dernier en date à tomber, le général Delphin Kahimbi, chef des renseignements militaires mort vendredi alors qu’il venait d’être suspendu de ses fonctions selon plusieurs sources.

Sous sanctions de l’Union européenne (UE), le général Kahimbi, 50 ans, est brutalement décédé d' »une crise cardiaque », a indiqué son épouse à l’AFP, selon qui il n’était pas malade.

Son décès, qui suscite des rumeurs aussi inévitables qu’invérifiables (suicide, assassinat), intervient alors qu’il venait de tomber en disgrâce, à la grande satisfaction des Etats-Unis.

M. Kahimbi avait été auditionné ces dernières heures par le Conseil national de sécurité (CNS), après avoir été empêché de voyager en Afrique du Sud le jeudi 20 février.

Ce pro-Kabila, resté en place après l’investiture de M. Tshisekedi, était accusé d’avoir mis en place « un système d’écoute des autorités », d’après une source militaire à l’AFP.

On lui reproche d' »avoir espionné Félix Tshisekedi », ajoute une source diplomatique.

Juste avant son décès, les Etats-Unis, avaient publiquement salué jeudi sa destitution.

« Heureux de voir des mesures du gouvernement de la présidence de la RDC pour en finir avec l’impunité », avait réagi jeudi sur Twitter le sous-secrétaire d’Etat aux Affaires africaines Tibor Nagy.

Soutiens affichés du président Tshisekedi, les Etats-Unis lui ont demandé à plusieurs reprises de mettre à l’écart des officiels pro-Kabila soupçonnés de corruption ou d’atteinte aux droits humains.

Lors de son dernier séjour en RDC il y a deux semaines, l’envoyé spécial des États Unis dans la région des grands lacs, Peter Pham, avait invité les généraux sous sanctions à démissionner afin que Washington reprenne sa coopération militaire avec l’armée congolaise.

– Intouchables affaiblis –

Mais M. Tshisekedi ne gouverne pas seul. Proclamé vainqueur de la présidentielle du 30 décembre 2018, il doit gérer la RDC avec les forces politiques de son prédécesseur,majoritaires au Parlement.

Les deux hommes ont conclu un accord de coalition, avec un gouvernement qui fait la part belle aux pro-Kabila.

Depuis l’investiture du président Félix Tshisekedi, des intouchables de l’ancien régime Kabila sous sanctions américaine ou européenne, ont pourtant été écartés et affaiblis.

L’ex-ministre de l’Intérieur Emmanuel Ramazani Shadary, chef du parti de M. Kabila, a été empêché de sortir du pays pour se rendre au Burundi fin janvier par des agents de la Direction générale de migration (DGM).

Un ex-gouverneur de province Marcellin Cishambo, ancien conseiller politique de Kabila, n’avait pas non plus pu quitter le pays au même moment.

Motif: ces deux personnalités détenaient des passeports diplomatiques qu’ils n’auraient pas dû avoir.

Quelques jours plus tard, le 12 février, au retour d’un voyage en Ouganda, l’ancien chef tout-puissant des renseignements civils, Kalev Mutondo, a été interpellé à sa descente d’avion pour les mêmes motifs (détention d’un passeport diplomatique sans raison de service).

A la surprise des Congolais, M. Kalev a été auditionné plusieurs heures par l’Agence nationale de renseignements (ANR) qu’il dirigeait d’une main de fer il y a encore un an.

M. Kalev est également accusé d’espionner le nouveau chef de l’Etat, et de soutienir des groupes armés dans l’est de la RDC.

Il y a enfin l’homme d’affaires Albert Yuma, patron de la plus importante entreprise minière de l’État, la Gecamines.

Il n’est plus autorisé à quitter Kinshasa afin de répondre, à tout moment, aux convocations du parquet général près la Cour de cassation qui enquête sur un prêt consenti à son entreprise, par une société de l’homme d’affaires israélien Dan Gertler sous sanction américaine.

Bissau: installé dans le palais présidentiel, Umaro Embalo limoge le Premier ministre

Le candidat donné vainqueur de la présidentielle par la commission électorale en Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo, qui s’est fait investir jeudi président, a limogé vendredi le Premier ministre, issu du camp opposé, et l’a remplacé par un de ses partisans.

« Le Premier ministre, Aristides Gomes est relevé » de ses fonctions, indique le « décret présidentiel N° 1 » signé dans la soirée par le « Général Umaro Sissoco Embalo », au lendemain d’une investiture contestée par son adversaire au second tour de la présidentielle du 29 décembre, le chef du parti historique PAIGC, Domingos Simoes Pereira.

Dans un second décret, M. Embalo a nommé Nuno Gomes Nabiam, un des candidats malheureux du premier tour de la présidentielle, qui l’avait rallié lors du second.

M. Pereira ainsi qu’Aristides Gomes, reconnu par la communauté internationale, ont dénoncé l’investiture de M. Embalo jeudi dans un hôtel de la capitale comme une tentative de « coup d’Etat » de la part de M. Embalo, dans ce pays d’Afrique de l’Ouest qui en est coutumier.

M. Embalo reproche à Aristides Gomes de ne pas reconnaître sa légitimité, rendant « impossible une cohabitation pacifique et un fonctionnement normal des institutions ».

Des militaires ont occupé vendredi soir les bureaux du chef du gouvernement, selon un correspondant de l’AFP. Sur sa page Facebook le Premier ministre démis a estimé qu’il s’agissait de la confirmation « du coup d’Etat ».

M. Embalo, ancien général, ex-Premier ministre et candidat de l’opposition au Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap Vert (PAIGC), a été donné vainqueur par la commission nationale électorale avec 53,55% des voix.

La commission crédite de 46,45% des voix Domingos Simoes Pereira, président du PAIGC, qui domine la politique de cette ancienne colonie portugaise depuis son indépendance en 1974.

M. Pereira et le PAIGC dénoncent des fraudes, réclament qu’on recompte les bulletins et s’en remettent à une décision finale de la Cour suprême.

M. Embalo, 47 ans, dit que la décision n’appartient pas à la Cour suprême et fait valoir que la commission électorale, sommée par la Cour suprême de vérifier les résultats, les a confirmés à plusieurs reprises et a choisi de passer outre à l’arrêt attendu.

Le ministre malien des Affaires étrangères « a désavoué » les propos de son ambassadeur, selon la présidence du Sénat

Le Président du Sénat Gérard Larcher a reçu vendredi le ministre des Affaires étrangères du Mali, Tiébilé Dramé, qui « a désavoué » les propos de son ambassadeur mettant en cause le comportement de soldats français, a indiqué la présidence du Sénat.

L’ambassadeur malien en France, qui a accusé mercredi des soldats français de « débordements » dans les quartiers chauds de Bamako, a été rappelé jeudi dans son pays après avoir provoqué l’ire des autorités françaises pour des propos jugés « faux et inacceptables ».

M. Larcher et le président de la commission des Affaires étrangères et de la défense, Christian Cambon, « ont souhaité obtenir des clarifications, indispensables après les propos tenus par l’ambassadeur du Mali en France », Toumani Djimé Diallo, devant cette commission.

« Dans le cadre de cet échange, le ministre malien des Affaires étrangères a désavoué les propos tenus par son ambassadeur et a indiqué que +le sang des jeunes Français irriguait l’amitié entre la France et le Mali+, a indiqué la présidence du Sénat dans un communiqué.

Le ministre « s’est déclaré prêt à intervenir » devant la commission « pour réaffirmer, sans ambiguïté, l’amitié qui unit le Mali à la France », a précisé la présidence.

Le président du Sénat « a vivement condamné » ces propos « qui reposent sur des contre-vérités et ne servent qu’à alimenter des campagnes de communication contre la France, qui font le jeu des groupes terroristes ».

« En combattant les groupes terroristes qui menacent les populations locales, aux côtés des armées des pays du G5 Sahel et au péril de leur vie, les militaires français font honneur à la Nation. Ils assurent aussi notre protection à tous », a déclaré M. Larcher, cité dans le communiqué.

Syrie: 31 combattants du régime tués dans des tirs de représailles turcs (ONG)

Des bombardements de représailles menés par l’armée turque ont tué 31 combattants du régime syrien dans le nord-ouest de la Syrie, a rapporté vendredi une ONG, après la mort de 33 soldats turcs dans des raids attribués par Ankara au pouvoir de Damas.

Durant la nuit, des premiers bombardements turcs menés « par l’artillerie ou avec des drones » armés ont visé des positions du régime, notamment dans le sud et dans l’est de la province d’Idleb, tuant 27 combattants des forces gouvernementales, a précisé l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Vendredi, quatre combattants du régime ont été tués par des tirs d’artillerie turcs dans le nord-est de la province voisine d’Alep, selon l’OSDH. Des factions syriennes soutenues par des forces turques se trouvent dans ce secteur.

Un premier bilan de l’OSDH faisait état de 20 soldats du régime tués.

Les autorités de Damas n’ont pas commenté l’escalade avec Ankara, ni fourni de bilan. Une source militaire citée vendredi par l’agence officielle syrienne Sana a toutefois laconiquement dénoncé « l’exagération des pertes » essuyées par l’armée de Damas.

Ankara avait confirmé avoir riposté dans la nuit à des raids attribués au régime syrien ayant tué jeudi 33 soldats turcs dans la province d’Idleb.

« Toutes les positions connues du régime (syrien) ont été prises sous le feu de nos unités terrestres et aériennes », a affirmé le directeur de la communication de la présidence turque, Fahrettin Altun, dans un communiqué.

Les lourdes pertes essuyées par Ankara jeudi interviennent après des semaines de tensions croissantes à Idleb entre les forces turques et celles du régime, qui se sont affrontées à plusieurs reprises depuis le début du mois.

Les bombardements meurtriers de jeudi portent à au moins 53 le nombre de militaires turcs tués à Idleb en février.

– Contre-offensive –

Avec le soutien de l’aviation de Moscou, Damas est reparti à l’offensive en décembre pour reprendre la région d’Idleb, le dernier grand bastion rebelle et jihadiste.

Vendredi encore, quatre civils d’une même famille, dont deux enfants, ont été tués dans des raids aériens dans la région de Jabal al-Zawia à Idleb, selon l’OSDH, qui n’était pas en mesure d’identifier l’auteur des frappes.

La Turquie, qui soutient certains groupes rebelles et a déployé des troupes dans le nord-ouest syrien, n’a de cesse de réclamer un arrêt de l’offensive.

Ankara, qui accueille déjà plus de 3.6 millions de réfugiés syriens sur son territoire, craint que les violences ne provoquent un nouvel afflux vers sa frontière, qu’elle maintient fermée.

La poussée de fièvre des deux derniers jours intervient après que les rebelles et les jihadistes ont réussi à reprendre la ville stratégique de Saraqeb, dans la province d’Idleb, avec un appui d’Ankara, selon l’OSDH.

Citée jeudi par l’agence officielle syrienne Sana, une source militaire a accusé « le régime turc de fournir un soutien aux terroristes (…) dans les combats en cours sur l’axe de Saraqeb ».

Les combats se poursuivent vendredi à Saraqeb, toujours tenue par les rebelles et les jihadistes.

Sur ce front, « les frappes d’artillerie turques en soutien aux rebelles entravent l’avancée des forces du régime », selon Rami Abdel Rahmane. Les forces de Damas ont seulement pu reconquérir la zone industrielle de la ville, d’après lui.

Grèce: des centaines de réfugiés bloqués à la frontière avec la Turquie

Des centaines de migrants venus de Turquie ont été empêchés vendredi d’entrer en Grèce par le poste frontalier de Kastanies, dans le Nord-Est de la Grèce, a indiqué une source policière grecque.

Plusieurs centaines de migrants étaient bloqués dans la zone tampon entre la Grèce et la Turquie, ont constaté des journalistes de l’AFP sur place.

Les autorités grecques, comme la Bulgarie, ont renforcé la sécurité à leur frontière avec la Turquie après l’annonce par Ankara qu’elle laisserait les demandeurs d’asile passer en Europe.

« Je veux être clair: aucune entrée illégale ne sera tolérée », a écrit le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis sur Twitter, soulignant que « la Grèce avait renforcé la sécurité de ses frontières » avec la Turquie.

Un haut responsable turc a déclaré vendredi matin qu’Ankara n’empêcherait plus les migrants qui essaient de se rendre en Europe de franchir la frontière, peu après la mort d’au moins 33 militaires turcs dans la région d’Idleb (Nord-Ouest de la Syrie) dans des frappes aériennes attribuées par Ankara au régime syrien, soutenu militairement par la Russie.

Encouragés par l’annonce du gouvernement turc, de nombreux réfugiés en Turquie ont profité de la situation et quittaient Istanbul pour aller en bus ou en taxis à Edirne, ville turque près du poste frontalier grec de Kastanies, selon une journaliste de l’AFP.

« La frontière (greco-turque) est ouverte (…), donc aujourd’hui nous partons pour aller en Allemagne », a indiqué Sebghatullah Amani, un Afghan âgé de 20 ans, qui vit depuis trois ans en Turquie.

Kyriakos Mitsotakis, qui s’est entretenu avec ses partenaires européens de la situation à la frontière, a prévenu que « la Grèce n’allait pas assumer la responsabilité des événements tragiques en Syrie et ne va pas souffrir des conséquences (découlant) des décisions prises par d’autres ».

Quelques heures auparavant, des journalistes de l’AFP avaient vu, au poste frontière de Kastanies, de nombreux camions de l’armée grecque apporter des clôtures de barbelés.

– Peur d’un nouvel afflux –

Le chef d’état-major grec et le ministre de la Protection du citoyen se sont rendus vendredi à Kastanies à la suite d’une décision gouvernementale de rendre plus « sévère » le contrôle des frontières, selon une source gouvernementale.

L’agence de presse turque DHA a signalé l’arrivée d’autres migrants sur la côte d’Ayvacik, dans la province de Çanakkale (Ouest de la Turquie), cherchant à gagner l’île grecque de Lesbos par bateau.

Des journalistes de l’AFP ont constaté l’arrivée à Lesbos de deux bateaux avec 70 demandeurs d’asile à bord au total en provenance de la Turquie, dont de nombreuses familles avec des enfants.

La Turquie, qui accueille déjà sur son territoire quelque 3,6 millions de réfugiés syriens, craint des arrivées supplémentaires, alors que la population rejette de plus en plus leur présence.

En 2015, plus d’un million de réfugiés et migrants sont arrivés en Europe, jusqu’à un accord entre l’UE et la Turquie pour réguler leurs déplacements.

La Bulgarie a également renforcé ses frontières terrestres avec la Turquie et son Premier ministre Boyko Borisov a indiqué qu’il rencontrerai lundi le président turc Recep Tayyip Erdogan sans toutefois préciser le lieu de cette rencontre pour l’instant.

Le ministre bulgare de la Défense Krasimir Karakachanov a indiqué que deux groupes de 30 migrants chacun ont tenté d’entrer en Bulgarie par la Turquie avant d’être arrêtés par les autorités turques à la frontière.

Un millier de soldats bulgares et 140 unités d’équipement vont renforcer le contrôle des frontières, selon ce ministre.

De son côté, le ministre de l’Intérieur autrichien Karl Nehammer a indiqué que son pays était prêt à envoyer des forces policières pour renforcer les frontières des pays des Balkans.

« L’objectif est de stopper les gens aux frontières extérieures (de l’Union européenne), pas de les laisser les traverser », a-t-il indiqué ajoutant que qu’un flux similaire à celui de 2015 ne doit pas se reproduire.

Athènes a déjà des difficultés à s’occuper des milliers de demandeurs d’asile coincés dans le pays parfois depuis plusieurs années, surtout sur ses îles, où les camps de migrants sont surpeuplés et les conditions de vie difficiles. Plus de 38.000 migrants s’entassent dans des camps sur les îles de Lesbos, Chios, Samos, Leros et Kos, alors que ces installations ne sont prévues que pour 6.200 personnes.

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