Israël, puissance majeure au Proche-Orient

L’Etat d’Israël, où des élections législatives sont prévues le 2 mars, a été proclamé en mai 1948 à la suite d’un vote de l’ONU sur le partage de la Palestine, et il est depuis devenu une puissance majeure au Proche-Orient.

– Conflits –

Le pays a été confronté à sa première guerre face aux nations arabes dès le lendemain de sa proclamation par David Ben Gourion le 14 mai 1948.

Officiellement, Israël a livré huit guerres, dont celle dite des « Six Jours » en juin 1967, qui aboutit à l’occupation de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, ainsi que du plateau syrien du Golan et du Sinaï égyptien.

Israël a ensuite unilatéralement annexé Jérusalem-Est, puis le Golan, des décisions dénoncées par la communauté internationale.

La dernière grande opération armée a été menée en 2014 à Gaza.

Deux traités de paix ont été signés avec des pays arabes voisins d’Israël: l’Egypte en 1979 –traité aux termes duquel ce pays a récupéré le Sinaï en 1982– et la Jordanie en 1994.

Israël est considéré comme la première puissance militaire du Proche-Orient et la seule de la région à détenir l’arme nucléaire. Il reçoit près de quatre milliards de dollars d’aide militaire annuelle des Etats-Unis.

– Colonisation –

Israël continue d’occuper la Cisjordanie mais a évacué unilatéralement en 2005 la bande de Gaza, contrôlée depuis 2007 par le mouvement islamiste Hamas.

Plus de 600.000 colons israéliens mènent une coexistence souvent conflictuelle auprès d’environ trois millions de Palestiniens en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

Israël considère Jérusalem comme sa capitale « unifiée et indivisible ». Mais la communauté internationale ne reconnaît pas l’annexion de la partie orientale occupée de la ville, dont les Palestiniens veulent faire la capitale de l’Etat auquel ils aspirent.

Israël a affronté en 1987 puis en 2000 deux soulèvements (Intifada) des Palestiniens des territoires occupés. Le premier s’est conclu par la signature en 1993 à Washington des accords d’Oslo sur l’autonomie dans les territoires.

– Tensions régionales –

Dès le début de la guerre en Syrie en 2011, Israël –officiellement en état de guerre avec Damas– a veillé à ne pas être aspiré dans le conflit, mais fait campagne contre la présence du mouvement libanais Hezbollah et de l’Iran, alliés du régime de Bachar al-Assad.

Israël a mené des centaines de frappes en Syrie, la plupart visant des cibles iraniennes ou du Hezbollah.

Il n’entretient de relations diplomatiques qu’avec l’Egypte et la Jordanie, mais tente de se rapprocher actuellement d’autres pays arabes comme les Emirats arabes unis et l’Arabie saoudite.

– Appui de Trump –

Dès sa prise de fonctions, le président américain Donald Trump a adopté une politique de soutien sans faille à Israël, rompant avec des décennies de diplomatie américaine.

Après la reconnaissance unilatérale en 2017 de Jérusalem comme capitale d’Israël et celle de la souveraineté de l’Etat hébreu sur le Golan syrien en 2019, il a dévoilé fin janvier un plan de paix controversé pour le Proche-Orient qui accorde de nombreuses concessions à Israël.

– Lois fondamentales –

Israël est régi par des lois fondamentales faisant office de Constitution.

En 2018, le Parlement a adopté une loi définissant le pays comme « l’Etat-nation du peuple juif ». La loi, qui confère aux Juifs le droit « unique » à l’autodétermination en Israël, est dénoncée comme « discriminatoire » notamment par l’opposition et l’importante communauté arabe israélienne.

Les Arabes israéliens sont les descendants des Palestiniens restés sur leurs terres après la création d’Israël.

– « Start-up » –

Avec neuf millions d’habitants, la population a décuplé depuis 1948. Le pays connaît un chômage très bas, une inflation quasi inexistante et une croissance de près de 3%, mais selon l’agence nationale de la sécurité sociale, près de 1,8 million d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté.

Israël, qui se proclame la « start-up nation », est considéré comme un centre mondial de la haute technologie et dispose d’un terreau d’entreprises très actives dans les secteurs de la cyberdéfense, de l’informatique et des systèmes de surveillance. Le secteur de la high-tech représente plus de 40% des exportations.

Le pays, qui a peu de ressources naturelles, a découvert ces dernières années d’importants gisements de gaz naturel en Méditerranée.

Le tourisme constitue aussi une source de revenus.

La Guinée et son président au-devant d’un référendum sous tension

Le pouvoir en place à Conakry appelle les Guinéens à se prononcer dimanche sur une nouvelle Constitution, après des mois de protestations meurtrières contre ce que l’opposition considère comme une manoeuvre du président Alpha Condé pour rester au pouvoir.

M. Condé assure qu’il s’agit de doter son pays d’une Constitution « moderne ». Elle codifierait l’égalité des sexes, interdirait la circoncision féminine et le mariage des mineurs. Elle veillerait à une plus juste répartition des richesses en faveur des jeunes et des pauvres.

L’opposition n’en croit pas un mot. Pour elle, le projet est le subterfuge d’un ancien opposant historique devenu, à bientôt 82 ans, un autocrate qui entend plier la Constitution à son désir de briguer un troisième mandat à la fin de l’année quand celui en cours aura expiré.

Depuis mi-octobre, la mobilisation anti-Condé donne lieu à des manifestations massives à travers le pays, à des journées villes mortes qui impactent l’économie d’un des pays les plus pauvres de la planète, et à de sévères épisodes de brutalité policière.

Au moins 30 civils et un gendarme ont été tués depuis lors.

Ces tensions, les appels de l’opposition à non seulement boycotter mais empêcher la tenue du référendum et des législatives qui ont lieu aussi dimanche, ainsi que les attaques des derniers jours contre des bureaux ou du matériel de vote font craindre des accès de violence dans un pays coutumier des manifestations et des répressions brutales.

L’armée a été mise en d’alerte depuis mardi. Pure précaution selon les autorités.

Des années d’animosité politique, les soupçons pesant sur le vote, ainsi que le maintien envers et contre tout de ce rendez-vous malgré le boycott et les appels de la communauté internationale à tout faire pour associer l’opposition laissent la place à une campagne très éloignée d’un joyeux exercice démocratique.

– Mission avortée –

Les signes de la campagne étaient rares cette semaine dans la capitale Conakry, au bord de l’Atlantique. Des panneaux portant des slogans tels que « oui à l’égalité » ou « oui à l’investissement dans la jeunesse » surplombent les routes encombrées de voitures. Mais peu ou pas de rassemblements publics en vue.

« Vous ne verrez pas de campagne électorale », assure Sékou Condé, un cadre du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), le parti présidentiel. Les ministres ont fait campagne à l’intérieur du pays, ajoute-t-il.

Le projet soumis à référendum dimanche limite à deux le nombre de mandats présidentiels. Le président sortant en a déjà deux au compteur. Sauf, redoute l’opposition, que l’adoption d’une nouvelle Constitution lui permettrait de remettre ce compteur à zéro.

« Qui y a-t-il de mal à ça », demande Sékou Condé, le cadre du parti présidentiel. La plupart des Guinéens veulent que le président Condé reste pour développer le pays, assure-t-il.

M. Condé maintient un voile de moins en moins opaque sur ses intentions. C’est son parti qui décidera de son avenir et les Guinéens peuvent aussi bien dire non à la nouvelle Constitution, répète-t-il.

Mais « pourquoi en Guinée il serait impossible de faire trois mandats ? » demandait-il cette semaine dans le quotidien Le Figaro.

La Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a annulé « à la dernière minute » cette semaine une mission en Guinée, composée selon la presse de quatre chefs d’Etat, a indiqué une source officielle nigérienne, dans une possible admission de l’impossibilité d’infléchir le cours des évènements.

L’Organisation internationale de la francophonie (OIF), accompagnatrice du processus électoral en Guinée, a sévèrement remis en cause la crédibilité du vote en jugeant « problématiques » presque 2,5 millions de noms d’électeurs figurant sur les listes.

– Composantes ethniques –

L’OIF a parlé de doublons et de présence sur les listes de personnes décédées. La commission électorale nationale a minimisé les irrégularités.

M. Condé « obtiendra de toute façon le résultat qu’il veut », déplore le leader de l’opposition Cellou Dalein Diallo.

M. Diallo voyage avec une dizaine de militants costauds de son parti, pour sa sécurité. Il assure que la plupart des Guinéens sont contre la consultation et prédit une forte abstention.

Des électeurs interrogés par l’AFP semblent plus polarisés que cela.

Abdouramane Keita par exemple, étudiant en droit, déclare vouloir « voter dans le calme ». Il voudrait aussi voir les partis antagonistes se parler.

Un diplomate occidental, qui requiert l’anonymat pour s’exprimer, est cinglant: « Ce processus électoral, c’est quasiment une blague », n’était le risque de violence, qui est réel et pourrait suivre les lignes d’appartenance ethnique, entre les Malinkés, dont est issu M. Condé, et les Peuls, largement derrière M. Diallo.

Pour autant, ll ne croit pas à un déchaînement « majeur ». Car, pour lui, « le moment de vérité », cela devrait être la présidentielle à la fin de l’année.

Changer la Constitution pour rester au pouvoir, une pratique courante en Afrique

A l’instar du Guinéen Alpha Condé, accusé de manœuvrer pour briguer un troisième mandat, de nombreux chefs d’Etat africains ont tenté – et très souvent réussi- de se maintenir au pouvoir en modifiant la Constitution.

– Tentatives réussies

– COMORES: Un référendum constitutionnel renforce en 2018 les pouvoirs d’Azali Assoumani, lui permettant de briguer deux mandats au lieu d’un. Celui-ci est réélu en 2019 lors d’un scrutin entaché de fraudes.

– RWANDA: Une réforme de la Constitution adoptée fin 2015 permet à Paul Kagame de se présenter pour un nouveau mandat en 2017 et de potentiellement diriger le pays jusqu’en 2034.

– CONGO: Une nouvelle Constitution adoptée par référendum en 2015 fait sauter les verrous qui interdisaient à Denis Sassou Nguesso de briguer un 3e mandat: la limite d’âge et celle du nombre des mandats. Il est réélu en 2016.

– BURUNDI: La candidature de Pierre Nkurunziza à un 3e mandat plonge le pays en 2015 dans une grave crise (au moins 1.200 morts). M. Nkurunziza, au pouvoir depuis 2005, a annoncé en 2018 qu’il ne se présenterait pas à sa succession en 2020, alors que la nouvelle Constitution adoptée par référendum le lui permet.

– ZIMBABWE: Une nouvelle Constitution adoptée en 2013 permet à Robert Mugabe de se porter candidat à la présidentielle. Mais celui-ci est contraint à la démission en 2017, après 37 ans de règne. Il est décédé en 2019.

– DJIBOUTI: Le Parlement, entièrement acquis à la cause d’Ismaël Omar Guelleh, adopte en 2010 une révision constitutionnelle supprimant toute limitation du nombre de mandats présidentiels. Au pouvoir depuis 1999, Omar Guelleh a pu briguer de nouveaux mandats en 2011 et 2016.

– ALGERIE: Le Parlement adopte en 2008 une révision de la Constitution supprimant la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels. Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 1999, est réélu en 2009 puis en 2014. Il est poussé à la démission en avril 2019 sous la pression d’une contestation inédite.

– CAMEROUN: Une révision constitutionnelle en 2008 supprime la limitation des mandats présidentiels. Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, est réélu pour un 7e mandat en 2018.

– OUGANDA: Une réforme de la Constitution supprime en 2005 toute restriction du nombre de mandats pour le chef de l’Etat. En 2019, la Cour suprême valide la suppression de la limite d’âge pour la présidence, permettant à Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986, de se représenter en 2021.

– TCHAD: Une révision constitutionnelle adoptée lors d’un référendum controversé en 2005 supprime la limitation à deux quinquennats présidentiels. Idriss Deby Itno, au pouvoir depuis 1990, est réélu en 2016 pour un 5e mandat.

– TOGO: Un amendement à la Constitution fait disparaître fin 2002 la limite de deux mandats présidentiels, permettant à Gnassingbé Eyadéma, au pouvoir depuis 1967, de briguer un nouveau mandat en 2003. Son fils, Faure Gnassingbé, qui lui a succédé après son décès en 2005, a été depuis réélu lors de scrutins contestés par l’opposition.

– Tentatives avortées

Au BURKINA FASO, la volonté de Blaise Compaoré de modifier la Constitution afin de briguer un nouveau mandat après plus de 27 ans de pouvoir est à l’origine du soulèvement populaire qui le contraint à l’exil en 2014.

En ZAMBIE, Frederick Chiluba a dû y renoncer en 2001 sous la pression populaire, et au MALAWI, le Parlement s’est opposé en 2002 à ce que Bakili Muluzi brigue un 3e mandat en 2004.

Mexique: près de 15 ans de prison pour l’un des assassins du journaliste Javier Valdez

L’un des assassins d’un journaliste mexicain tué en 2017, Javier Valdez Cardenas, collaborateur de l’AFP, a été condamné jeudi à 14 ans et 8 mois de prison, une première dans le pays pour l’homicide d’un représentant de la presse.

Heriberto Picos Barraza, surnommé le Koala, avait été l’un des auteurs de ce crime commis à Cualiacan (nord-ouest), selon le parquet spécialisé dans les délits contre la liberté d’expression (Feadle).

Il avait servi de chauffeur à deux hommes, Juan Francisco Picos Barrueto et Luis Idelfonso Sanchez, qui avaient abattu l’homme le 15 mai 2017 à la sortie de son bureau.

Le meurtre du cofondateur de l’hebdomadaire Riodoce et collaborateur du quotidien La Jornada, salué pour ses enquêtes sur le trafic de drogue, avait provoqué une vague d’indignation internationale.

Le parquet a ordonné que le condamné paie 9 millions de pesos (environ 420.000 euros) à la famille du journaliste. La somme doit être versée par la Commission exécutive d’attention aux victimes (CEAV), une branche du ministère de l’Intérieur.

L’accusation estime que l’assassinat a été commandité par le fils d’un narcotrafiquant, Damaso Lopez Serrano, furieux d’avoir été critiqué dans un article de Riodoce, et aujourd’hui incarcéré aux Etats-Unis. Lopez Serrano, qui aurait versé 100.000 pesos (près de 4.700 euros) et fourni les armes, a toujours nié.

Juan Francisco Picos Barrueto ayant refusé de plaider coupable en échange d’une peine de 20 ans et 8 mois de prison, il doit être jugé en mars comme principal auteur de l’assassinat.

Wanindara, épicentre de la contestation anti-Condé dans la banlieue de Conakry

L’ami de Mamadou Diallo n’est jamais venu au rendez-vous convenu pour regarder la Ligue des champions de foot après la prière du soir. Il est mort ici à Wanindara, banlieue de Conakry et bastion de l’opposition guinéenne au président Alpha Condé.

C’était en novembre 2018, avant le début de la mobilisation dirigée aujourd’hui contre un éventuel troisième mandat de M. Condé.

L’opposition multipliait alors les journées ville morte et les manifestations autour d’enjeux municipaux. Mamadou Bella Baldé, 30 ans, était tombé en sortant de chez lui sur des militaires, qui avaient « ouvert le feu », avait à l’époque expliqué à l’AFP un membre de sa famille.

Son ami se souvient avoir fondu en larmes en voyant son corps. Il est toujours très ému alors que la Guinée est à nouveau le théâtre de manifestations, parfois durement réprimées, contre le projet prêté au président Condé de chercher à se succéder à lui-même fin 2020.

Depuis mi-octobre, au moins 30 civils et un gendarme ont été tués au cours de ces événements qui inquiètent la communauté internationale, selon un décompte de l’AFP.

Une fois de plus, Wanindara est au coeur de la contestation, à l’approche d’un référendum constitutionnel et de législatives que l’opposition entend boycotter et même empêcher dimanche, faisant craindre de nouvelles violences.

« On tire sur les gens, on arrête les gens, on frappe les vieux, on utilise une femme comme bouclier humain. Dans quel pays cela se passe-t-il ? Il n’y a qu’en Guinée que cela arrive », se lamente Mamadou Diallo.

– Image de la Guinée –

Le quartier qui a vu le jour à la fin des années 1970, pauvre mais pas plus qu’un autre selon les standards guinéens, a des airs de village. Ses petites rues en sable parsemées de nids-de-poule mènent à des maisons aux murs sales. Du linge pend aux fenêtres et des vaches fouillent des tas d’ordures à la recherche de nourriture, pendant que des chiens errants s’abritent du soleil sous les camions. En pagne de wax, des femmes vont puiser de l’eau dans un forage collectif.

Wanindara est un des fiefs les plus turbulents de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), le principal parti d’opposition. Ses habitants dénoncent la persistance de violences policières et de disparitions sous le régime d’Alpha Condé.

« La police vient et tire à balles réelles », dit Ibrahim Barry, en expliquant que son fils a été tué le 13 février en allant jouer au football.

Le gouvernement accuse l’opposition d’être à l’origine des violences, à Wanindara comme ailleurs, et lui reproche d’instrumentaliser les victimes pour « salir l’image la Guinée et de la police ».

Assis dans son bureau climatisé sous un portrait d’Alpha Condé, le ministre de la Sécurité, Albert Damantang Camara, évoque une « guérilla urbaine ». « A qui profitent ces morts-là? Qui a intérêt à ce qu’il y ait des morts et qu’on les mette sur le dos des forces de sécurité ? », déclare-t-il à l’AFP.

Même si les partis s’affirment pluralistes, les affiliations se font largement en fonction de l’origine ethnique. Le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) d’Alpha Condé recrute largement parmi les Malinkés, deuxième ethnie du pays, tandis que l’UFDG est soutenue par de nombreux Peuls, qui se sentent abandonnés par le pouvoir, selon l’analyste Kabinet Fofana.

– Axe du mal ou de la démocratie –

Initialement quartier militaire, Wanindara a connu un afflux de population, principalement peule, à la fin des années 1990, selon un chef de quartier, Abou Bangoura. Son activisme politique a vu le jour sous le régime autoritaire de Lansana Conté (1984-2008) et s’est poursuivi sous la présidence Condé, premier président démocratiquement élu en 2010 après un demi-siècle de régimes autoritaires.

La voie rapide qui jouxte le quartier, la route Le Prince, est surnommée, selon les camps, « l’axe de la démocratie » ou « l’axe du mal ».

Un adolescent a encore été tué la semaine dernière pendant des heurts.

Toutes les manifestations n’ont pas été paisibles, reconnaît le chef de quartier Abou Bangoura. Mais de nombreux jeunes expliquent que, s’ils sont descendus dans la rue et ont lancé des projectiles sur les forces de sécurité, c’est pour empêcher qu’elles « fassent du mal » à leurs parents.

Le ministre de la Sécurité affirme qu’il n’y a pas de preuve de la responsabilité des forces de l’ordre et que des enquêtes sont « systématiquement ouvertes ». Douze membres des forces de sécurité ont également été tués dans les heurts, dit-il, un chiffre que l’AFP n’a pas pu vérifier de source indépendante.

Le comportement des policiers, gendarmes et militaires guinéens est dénoncé de longue date par les défenseurs des droits humains. « Tout pointe vers leur responsabilité », estime François Patuel, d’Amnesty International, en invoquant l’existence d’un nombre « incalculable » de témoins.

Incident diplomatique: l’ambassadeur malien en France rappelé à Bamako

Incident diplomatique entre Paris et Bamako: l’ambassadeur malien en France, qui a accusé mercredi des soldats français de « débordements » dans les quartiers chauds de Bamako, a été rappelé dans son pays après avoir provoqué l’ire des autorités françaises pour des propos « faux et inacceptables ».

Au lendemain des déclarations très mal reçues de l’ambassadeur Toumani Djimé Diallo au Sénat incriminant la Légion étrangère, le Mali a décidé jeudi de rappeler son diplomate et de dépêcher son ministre des Affaires étrangères en France pour arrondir les angles, selon des responsables maliens.

Le ministre malien des Affaires étrangères, Tiébilé Dramé, devait partir jeudi soir pour Paris « pour apaiser la situation », d’après une source proche de la présidence.

« Cette visite rentre dans le cadre du renforcement des relations d’amitié et de coopération entre les deux pays », renchérit un communiqué des Affaires étrangères maliennes.

L’ambassadeur malien avait été convoqué plus tôt jeudi au ministère français des Affaires étrangères, a appris l’AFP. « On lui a exprimé notre indignation devant ses propos sans fondement et choquants de la part d’un pays allié dans la lutte contre le terrorisme », a-t-on souligné au Quai d’Orsay.

La veille, l’ambassadeur du Mali en France avait dénoncé devant la commission Défense du Sénat français les « problèmes » posés selon lui par la Légion étrangère sur le sol malien.

« Par moments, dans les +Pigalle+ de Bamako, vous les retrouvez, tatoués sur tout le corps, en train de rendre une image qui n’est pas celle que nous connaissons de l’armée (française). Ça fait peur, ça intrigue », avait-il déclaré, mentionnant explicitement les légionnaires, pourtant absents de la capitale malienne selon l’état-major.

Des propos très mal vécus à Paris, alors que la force Barkhane fait face depuis de nombreux mois à la montée d’un sentiment anti-français au Sahel, et qu’elle redouble parallèlement d’efforts ces dernières semaines pour tenter d’enrayer la spirale de violences dans la région.

– Huile sur le feu –

Les militaires français, présents dans la région depuis 2013 pour lutter contre les jihadistes, viennent de voir leur nombre passer de 4.500 à 5.100 face à la recrudescence des attaques.

Ces violences – souvent entremêlées à des conflits intercommunautaires – ont fait 4.000 morts au Mali, au Niger et au Burkina Faso en 2019, cinq fois plus qu’en 2016, selon l’ONU.

La France a elle-même perdu 13 soldats dans un accident entre deux hélicoptères en opération au Mali, en novembre. Et Paris s’était ouvertement agacé, fin 2019, d’un soutien jugé trop timide de la part notamment des autorités sahéliennes, dont le Mali.

Au sommet du 13 janvier à Pau (sud de la France), réunissant le président français et les chefs d’Etat du G5 Sahel (Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad, Mauritanie), les chefs d’Etat africains avaient été ainsi priés par l’Elysée de « clarifier » leur position sur la présence française au Sahel.

Les propos de l’ambassadeur malien ont remis de l’huile sur le feu et provoqué une réaction épidermique jeudi du cabinet de la ministre des Armées, dans une déclaration transmise à l’AFP.

« Plutôt que de véhiculer et de propager de fausses accusations, nous attendons de l’ambassadeur du Mali qu’il mobilise toute son action pour la mise en œuvre des décisions du sommet de Pau et la réussite de tous », a sèchement asséné le cabinet de Florence Parly, rappelant qu’il n’y a « quasiment plus de soldats français stationnés à Bamako » depuis août 2014.

La veille, l’état-major français avait déjà objecté que les légionnaires n’étaient pas « stationnés à Bamako » et qu’il n’avaient pas vocation à y aller. Ils « n’ont ni quartier libre ni temps de repos hors des bases opérationnelles » de Barkhane, situées dans le nord du pays, avait assuré l’armée française.

Le jour de son audition, l’ambassadeur malien avait déjà essuyé un retour plutôt glacial du sénateur Jean-Marc Todeschini, membre de la commission Défense.

« Je ne peux que regretter vos propos. Vous avez stigmatisé l’armée française », avait-il répondu à l’ambassadeur, estimant que ses propos allaient précisément « contribuer » au sentiment anti-français que le Mali s’était engagé à contrer.

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Italie: scènes de vie quotidienne après cinq jours de quarantaine

Le banc de l’abribus sert de point de livraison. Ceux de « l’extérieur » viennent y déposer packs d’eau, cigarettes et papiers administratifs pour leurs proches coincés depuis maintenant cinq jours en « zone rouge », foyer d’infection du coronavirus dans le nord de l’Italie.

Une petite vie sociale s’est peu à peu organisée aux 35 checkpoints qui parsèment la plaine lombarde et ceinturent dix villes et villages, soit plusieurs dizaines de milliers de personnes.

Les quelque 400 militaires et policiers qui surveillent les checkpoints se relaient par équipes toutes les six heures. Quelque peu laxistes les premiers jours, les contrôles se sont durcis, et l’organisation semble désormais bien rodée.

Quant aux habitants de la zone rouge, les « pestiférés », comme se surnomme l’un d’entre eux en riant, ils viennent quotidiennement jusqu’au barrage discuter avec les militaires, respirer la vie de l’extérieur, prendre livraison de paquets divers.

Salvatore, habillé de la tête au pied en tenue de cycliste, plaisante avec les militaires du barrage. Lui-même est carabinier -et pour cette raison refuse de donner son nom de famille-, coincé à Bertonico en zone rouge, où il continue pourtant de patrouiller le soir.

« J’attends mes collègues de Lodi qui vont m’apporter des cigarettes. Dans la zone rouge, à part les magasins d’alimentation et les kiosques à journaux, tout est fermé », explique-t-il.

– « On marche » –

Arrivent ses deux collègues. Les « Ciao » fusent de part et d’autre de l’abribus, où sont déposées les cigarettes. Distance réglementaire de plusieurs mètres entre l’habitant de la zone rouge et les autres. Une fois ses amis éloignés, Salvatore va récupérer le paquet et laisse sur le banc des dizaines d’euros en liquide : « c’est pour la facture à payer à Lodi », explique-t-il.

Toute la matinée, ces scènes se répètent. Une dame vient apporter des provisions à sa belle-soeur et repart en lançant un sonore « Bonne journée à tous » en direction des militaires. Un vétérinaire récupère des médicaments pour ses bovins. Un comptable passe déposer ses factures et ses impôts à payer à Lodi, hors zone rouge.

Après cinq jours de quarantaine, une fois retombée l’adrénaline créée par une situation exceptionnelle, l’ennui pointe son nez. Alors « on marche ». Sous le soleil radieux, on aperçoit derrière le barrage des familles en promenade, des cyclistes, des joggeurs. « Il n’y a rien d’autre à faire. Heureusement que nous ne sommes pas confinés chez nous », raconte Pietro Mola, un jeune comptable venu au checkpoint pour confier à des amis ses factures à payer.

Mais l’inquiétude grandit – « pas à cause du virus, après tout c’est comme une mauvaise grippe, non ? » – mais en raison des répercussions économiques. Pietro Mola travaille pour 16 entreprises: restaurants, boutiques textiles, pierceur, tatoueurs… Tous dans la zone rouge, tous fermés.

« C’est une chaîne. S’ils ne gagnent pas, je ne gagne pas. Les entreprises qui n’ont pas les reins solides ne vont pas s’en sortir », s’inquiète le jeune comptable, en pensant aux dix jours de quarantaine durant lesquels il faut encore tenir.

USA: la chef des démocrates au Congrès lance un avertissement à Bernie Sanders

La présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi a lancé jeudi un avertissement au favori des primaires démocrates Bernie Sanders, en martelant qu’un candidat devrait impérativement obtenir une majorité absolue des voix pour décrocher l’investiture du parti et défier Donald Trump.

Après ses bons résultats dans les trois premiers Etats qui ont voté, le sénateur indépendant est, à 78 ans, en excellente position dans la course à l’investiture démocrate pour représenter le parti lors de la présidentielle américaine de novembre.

Mais la route est encore longue jusqu’à la convention démocrate de juillet, où, selon les règles du parti, un candidat devra afficher une majorité absolue de délégués pour se déclarer vainqueur lors d’un premier tour, et non une majorité simple.

« La personne qui sera nommée sera la personne qui comptera sur une majorité plus un », a souligné la puissante chef des démocrates au Congrès, Nancy Pelosi, lors d’une conférence de presse.

Si elle a martelé que le leitmotiv du parti était « rassemblement, rassemblement, rassemblement » derrière celui ou celle qui sera choisi par le parti démocrate pour briguer la Maison Blanche, ses propos contredisent directement Bernie Sanders.

Ce dernier a en effet affirmé que le candidat « comptant le plus de voix » devrait être désigné pour porter les couleurs démocrates.

« La volonté du peuple devrait l’emporter, oui », a-t-il répondu lors d’un débat démocrate le 19 février, tandis que ses cinq rivaux sur le plateau défendaient les règles du parti, dont l’obligation d’obtenir une majorité absolue.

On dénombre 3.979 délégués qui sont « assignés » aux différents candidats selon leurs résultats dans les primaires.

Si personne n’obtenait la majorité lors d’un premier tour (1.991 voix), ces délégués deviendraient libres de voter pour quelqu’un d’autre. Et quelque 770 « superdélégués », des notables et élus du parti privés de vote au premier tour, entreraient en piste, avec le pouvoir de faire basculer le scrutin.

Les rivaux modérés de Bernie Sanders, qui est trop à gauche à leurs yeux, affirment que sa victoire aux primaires mènerait à un nouveau mandat de Donald Trump.

Les Etats-Unis, un « grand pays », sont assez résistants « pour supporter un mandat de Donald Trump. Mais deux mandats » feraient payer un trop lourd tribut, a mis en garde Nancy Pelosi.

« Il est donc absolument impératif que nous gagnions, et quel que soit notre candidat, il aura notre soutien sans réserve », a-t-elle affirmé.

Nigeria: un soldat tue quatre de ses collègues avant de se suicider

Un soldat stationné dans le nord-est du Nigeria, région au coeur de l’insurrection jihadiste où de nombreux soldats ont perdu la vie au cours des dernières années, a tué quatre de ses collègues avant de se suicider, a annoncé l’armée.

« Le caporal est devenu fou furieux et a tué quatre de ses collègues avant de retourner l’arme contre lui », a déclaré le porte-parole de l’armée Sagir Musa, dans un communiqué publié mercredi soir.

Deux autres soldats grièvement blessés ont été transportés à l’hôpital de Maiduguri, la capitale de l’Etat du Borno, à plus de 200 km de leur base de Malam Fatori, à la frontière avec le Niger.

Les circonstances du drame n’ont pas encore été déterminées, mais M. Musa a affirmé qu’une enquête a été ouverte.

Le quotidien des soldats nigérians stationnés dans le nord-est du pays est particulièrement difficile.

Les troupes se plaignent régulièrement sur les réseaux sociaux de ne pas recevoir leur solde, du manque de moyens mis à leur disposition ou d’absence de permissions pour aller visiter leur famille.

Le groupe de l’Etat Islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap), branche de Boko Haram qui a prêté allégeance à l’EI en 2016, mène des attaques ciblées et très régulières contre les troupes stationnées dans le nord-est, qui ont fait des dizaines voire des centaines de morts dans les rangs de l’armée depuis ces dernières années.

En août 2018, des centaines de soldats ont manifesté à l’aéroport de Maiduguri pendant plusieurs heures, réclamant le droit de pouvoir visiter leur famille.

Le conflit entre les forces armées nigérianes et Boko Haram a fait 35.000 morts depuis 2009. Deux millions de personnes ne peuvent toujours pas regagner leurs foyers.

Ce conflit s’est étendu au Niger, au Tchad et au Cameroun voisins.

Bissau: un candidat à la présidentielle se fait investir malgré la contestation

L’un des candidats à la présidentielle en Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo, a prévu de se faire investir président jeudi dans un hôtel de luxe de Bissau, malgré la contestation persistante autour du résultat de l’élection dans ce pays à l’histoire tumultueuse.

M. Embalo compte se faire introniser dans un établissement placé sous bonne garde militaire, alors que la Cour suprême est toujours saisie d’un recours de son adversaire au second tour de la présidentielle du 29 décembre.

Le Premier ministre en exercice, Aristides Gomes, reconnu par la communauté internationale, a dénoncé une tentative de « coup d’Etat » de la part de M. Embalo, dans un pays qui en est coutumier.

M. Embalo, ancien général, ex-Premier ministre et candidat de l’opposition au parti historique PAIGC, a été donné vainqueur par la commission nationale électorale avec 53,55% des voix.

La commission crédite de 46,45% des votes son adversaire Domingos Simoes Pereira, président du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap Vert (PAIGC), la formation qui domine la politique de cette ancienne colonie portugaise depuis son indépendance en 1974.

M. Pereira et le PAIGC dénoncent des fraudes, réclament qu’on recompte les bulletins et s’en remettent à la Cour suprême d’une décision finale. La Guinée-Bissau se retrouve ainsi en proie depuis deux mois à un imbroglio post-électoral dont n’a pas besoin ce petit pays pauvre d’environ 1,8 million d’habitants confronté à une multitude de défis.

M. Embalo, 47 ans, qui a fait campagne sur le thème de la rupture avec le PAIGC, dit que la décision n’appartient pas à la Cour suprême et fait valoir que la commission électorale, sommée par la Cour suprême de vérifier les résultats, les a confirmés à plusieurs reprises.

– L’inconnue internationale –

Il a choisi de passer outre l’arrêt attendu de la Cour suprême, mais aussi l’approbation du président en exercice du Parlement. Le déploiement d’un dispositif militaire important dans et autour de l’hôtel où a lieu la cérémonie indique que l’armée, acteur de bien des crises bissau-guinéennes, a choisi de laisser faire.

On ignore la réaction de la communauté internationale. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédeao), partenaire et médiatrice historique dans le pays, a félicité M. Embalo en janvier. Sollicitée à plusieurs reprises pour savoir si M. Embalo serait à présent considéré officiellement comme le président, elle n’a pas répondu.

Egalement interrogé par l’AFP, le département d’Etat américain a renvoyé mercredi aux félicitations adressées en janvier à M. Embalo par les Etats-Unis.

Cet imbroglio est le dernier épisode en date d’une histoire contemporaine chaotique. Depuis l’indépendance, la Guinée-Bissau a connu quatre coups d’Etat et seize tentatives plus ou moins avancées, plus qu’aucun pays dans le monde en dehors de la Somalie, selon un centre de recherche.

Le dernier putsch remonte à 2012. Depuis la présidentielle de 2014, le pays s’est engagé sur la voie d’un retour à l’ordre constitutionnel, ce qui ne l’a pas préservé de turbulences à répétition, mais sans violence, entre le camp du chef de l’Etat sortant José Mario Vaz et celui du chef du PAIGC.

La stabilité est pourtant un enjeu majeur. Le pays est l’un des plus démunis du monde. L’instabilité et la pauvreté y ont favorisé l’implantation de narcotrafiquants, qui utilisent le territoire pour faire transiter la cocaïne d’Amérique latine vers l’Europe, avec la complicité suspectée de cadres de l’armée.

La Guinée-Bissau était classée 172e sur 180 pays en 2018 par Transparency International, ONG spécialisée dans la lutte contre la corruption.

Face à ses maux, le pays a un pressant besoin de réformes auxquelles la paralysie des dernières années ne s’est pas prêtée.