A Moscou, une clinique de luxe délaisse la chirurgie esthétique pour la lutte contre le Covid-19

Une dame âgée est allongée, intubée, tandis que des médecins en tenue de protection s’activent autour d’elle: bienvenue à l’hôpital K+31 de Moscou, qui soigne les malades du coronavirus, pourvu qu’ils en aient les moyens.

Il y a encore une semaine, le K+31 était une clinique privée de luxe s’occupant notamment de chirurgie esthétique, qui ne disposait même pas d’un service traitant les maladies infectieuses. Aujourd’hui, toute une branche de cet établissement a été transformée pour soigner les patients atteints du Covid-19.

Lundi, la Russie comptait 47.121 malades du coronavirus officiellement recensés et 405 morts, dont la majorité à Moscou, épicentre d’une épidémie qui s’aggrave de jour en jour.

Dans les lits du service, un vieil homme est branché à un respirateur automatique et à une dialyse, tandis qu’une femme d’une cinquantaine d’années change de position pour tenter de mieux respirer.

« Il n’y a pas un seul lit de libre », regrette auprès de l’AFP Boris Tchouradzé, le médecin-chef de K+31 où sont soignés 73 malades. Même situation dans l’hôpital public situé à proximité, qui traite environ 500 patients.

Pour lui, il s’agit de combattre un ennemi invisible et meurtrier comme s’il se trouvait sur un « champ de bataille ». Sachant que le pic de l’épidémie ne devrait pas être atteint avant « mi-mai », avertit ce soignant de 44 ans originaire de Géorgie, et qui a étudié la médecine en Russie.

Reconnaissant qu’il s’agit d’un « défi majeur pour le système de santé et le secteur médical », il assure cependant que les dizaines de milliers de lits disponibles à Moscou et l’ouverture de plusieurs nouveaux hôpitaux destinés à traiter les patients du Covid-19 devraient permettre de « surmonter cette situation difficile ».

– Des dizaines de milliers d’euros –

Se faire soigner au K+31 n’est pourtant pas à la portée de tous les Moscovites. L’établissement ne prend que les patients prêts à payer plusieurs dizaines de milliers d’euros pour leur traitement ou ceux disposant d’une assurance santé privée.

Le fonds d’investissement qui possède l’hôpital, Medinvest, gère aussi un établissement bien plus grand destiné aux patients du coronavirus qui ne disposent que de la couverture santé publique.

L’hôpital K+31 a été divisé en zones « vertes » jugées sûres et zones « rouges » où les patients infectés sont soignés. Pour y entrer, les médecins revêtent des combinaisons de protection complètes avec l’aide d’autres membres du personnel médical.

« C’est une réalité totalement nouvelle » pour les soignants de l’établissement, relève M. Tchouradzé.

Si les docteurs sont bien protégés, mettre la main sur ce genre d’équipement par ces temps de pénurie peut s’avérer difficile, ajoute le médecin-chef, reconnaissant qu’il s’agit d’un « problème global ».

« Un marché noir du matériel de protection a même émergé et beaucoup de gens gagnent de l’argent avec ça », affirme-t-il.

– Fier de ses troupes –

Dans le service de soins intensifs où sont traités cinq patients, le docteur Sergueï Sevalkine raconte qu’après une semaine de rôdage, « c’est devenu plus facile ».

Même s’il a encore du mal à se faire à la combinaison de protection. « Après une vacation, vous avez juste envie de la déchirer », plaisante-t-il.

Une autre médecin, Kamila Touïtchieva, s’occupe de classer les patients selon la gravité de leur état.

« Toute l’équipe s’est habituée à la manière dont les choses fonctionnent maintenant et je pense qu’on a trouvé notre rythme de croisière », dit-elle.

Comme beaucoup de membres du personnel, elle dort désormais dans un hôtel pour ne pas infecter sa famille. Elle dit ne pas être une « héroïne » pour autant: « nous travaillons avec une maladie dangereuse, mais ça rester du travail ordinaire ».

Le médecin-chef, Boris Tchouradzé, dit pour sa part être satisfait de ses docteurs, qui forment « une équipe solide » dans cette situation difficile.

« Je suis fier de mes troupes, voilà la vérité », lance-t-il.

Le cheikh Kawtharani, un Libanais nouveau maître du jeu en Irak

Le nom de Mohammed al-Kawtharani circulait déjà en Irak. Mais depuis l’assassinat de l’Iranien Qassem Soleimani, c’est ce dirigeant du Hezbollah libanais qui a la haute main sur la politique irakienne, à tel point que Washington offre désormais 10 millions de dollars pour toute information.

Ce 3 janvier 2020, alors que le monde apprend que le véhicule du général Soleimani a été pulvérisé par un drone américain aux portes de l’aéroport de Bagdad, la rumeur court que le cheikh Kawtharani a été assassiné à ses côtés.

Cette rumeur, rapidement démentie, est la preuve que les noms des deux hommes étaient déjà étroitement associés sur le dossier irakien, dans un pays où l’Iran veille jalousement à préserver ses intérêts via ses alliés chiites, leurs partis et factions armées.

Elle témoigne aussi que le cheikh Kawtharani était appelé à gagner en prérogatives avec la disparition de l’architecte de la stratégie iranienne au Moyen-Orient.

Pour Washington, qui a placé Mohammed Kawtharani sur sa liste noire du « terrorisme » dès 2013, ce Libanais participe à « la formation, au financement et au soutien politico-logistique » de « groupes opérant hors du contrôle du gouvernement irakien pour réprimer violemment les manifestants » ou « attaquer des missions diplomatiques ».

Aussitôt après l’annonce de la juteuse récompense américaine, la semaine passée, de nouvelles rumeurs ont fleuri.

– « Copie conforme » –

Plusieurs médias irakiens ont annoncé avoir appris « en exclusivité » que le cheikh Kawtharani se trouvait à Bagdad pour des discussions avec des responsables politiques, avant que tous ceux-ci ne démentent avoir rencontré l’homme qui vaut à présent 10 millions de dollars.

L’annonce de cette présence à Bagdad est intervenue alors que l’Irak tente de se doter d’un gouvernement. Tout sauf un hasard: à chaque fois qu’il a fallu former un cabinet, ou prendre une décision politique majeure dans le pays ces dernières années, c’est le général Soleimani qui était à la manoeuvre… flanqué de son lieutenant Kawtharani.

A présent, le lieutenant est devenu « la copie conforme de Soleimani », passant d’une réunion à un conciliabule au sein du cossu complexe des bureaux du Premier ministre dans l’ultrasécurisée Zone verte de Bagdad, rapporte un haut responsable irakien à l’AFP.

« Il est en charge du dossier irakien depuis 2003 » et la chute du dictateur Saddam Hussein qui a ouvert les portes à l’influence iranienne, argue de son côté un proche du cheikh Kawtharani.

« Il rapporte directement au chef du Hezbollah Hassan Nasrallah », qui dirigeait avec Soleimani la stratégie régionale de l' »axe de la résistance », réseau des alliés de Téhéran au Moyen-Orient, poursuit ce cadre du mouvement chiite libanais.

« C’est le seul étranger –à part Soleimani– qui connaît tous les détails de la scène politique irakienne », dit un autre cadre du Hezbollah.

– Nationalité irakienne, aussi –

L’histoire irakienne de l’homme au turban blanc des docteurs en religion, père de quatre enfants, a commencé il y a bien longtemps. Passé par le séminaire chiite de Najaf, ville sainte à 200 km au sud de Bagdad, où il est né de parents libanais avant de rentrer plus tard au pays, ce quinquagénaire a épousé une Irakienne. Il parle couramment l’arabe irakien –qui diffère sensiblement du dialecte libanais– et possède même la nationalité irakienne.

D’abord important au Liban où il a été un des cadres de la première heure du Hezbollah, le cheikh Kawtharani joue désormais « plus d’un rôle » en Irak, selon le spécialiste Hicham al-Hachémi, fin connaisseur des arcanes de la politique irakienne.

« C’est lui qui tire les ficelles au sein de la scène chiite loyale à Téhéran », assure-t-il à l’AFP. Et même au-delà: « depuis 2014, il a travaillé à réconcilier le pouvoir chiite à Bagdad avec des forces sunnites qui lui étaient hostiles. »

Une fois Soleimani et son lieutenant irakien Abou Mehdi al-Mouhandis, chef des paramilitaires pro-Iran en Irak, assassinés, il n’a fait qu’élargir son champ d’action.

Fort de ces relations, le cheikh Kawtharani peut aussi demander des faveurs. Il y a quelques mois, « il a demandé plusieurs milliards de dollars en Irak » dans le cadre la crise financière au Liban, assure à l’AFP un diplomate irakien. Un responsable irakien confirme, tandis que l’entourage du cheikh libanais dément.

Jusqu’ici, Kawtharani, dont peu de clichés existent, a pu rester dans l’ombre, en Irak comme au Liban, où sa discrétion est quasi totale. Mais les millions posés sur la table par Washington pourraient changer la donne.

« Demander des informations sur lui, c’est la première étape avant un possible assassinat ou une arrestation », s’alarme un proche.

« Les Etats-Unis n’envisagent pas actuellement d’assassiner Esmaïl Qaani », le remplaçant de Soleimani à Téhéran, avance un cadre du Hezbollah. « C’est mieux pour eux de viser une figure d’un parti plutôt que le représentant d’un Etat. »

Peu de test Covid-19 et défiance envers les autorités: le marché noir de la santé au Nigeria

Sur les groupes Whatsapp et dans les cliniques privées, les kits de tests de coronavirus se vendent au marché noir: au Nigeria, le nombre de tests officiels est insignifiant et peu ont confiance dans le système de santé public.

Le manque d’accès aux tests est un problème mondial, et plus particulièrement en Afrique sub-saharienne, où il y a un « énorme fossé » par rapport aux autres pays, a déclaré la semaine dernière le directeur du Centre de contrôle des maladies de l’Union Africaine, John Nkengasong.

Toutefois, au Nigeria, pays de 200 millions d’habitants – le plus peuplé du continent – ce « fossé » est encore plus criant qu’ailleurs.

La première économie d’Afrique n’a réalisé à ce jour que 7.100 tests officiels.

A titre de comparaison, le Ghana, avec une population six fois moins importante (30 millions d’habitants) en a réalisé neuf fois plus, avec plus de 68.000 (chiffres du 20/04).

L’Afrique du Sud, avec une population trois fois moins nombreuse, en a réalisé près de 114.000.

– « Demande inimaginable » –

« Nous n’avons aucune idée de l’ampleur de la propagation du Covid-19 au Nigeria », affirme un responsable d’un laboratoire médical privé.

Ce laboratoire a commandé des milliers de tests et une machine qui leur permettrait de réaliser plusieurs centaines de tests par heure, et « attend le feu vert du gouvernement », affirme cette source à l’AFP.

Mais « la demande pour ces kits hors des circuits officiels est inimaginable » et suscite un marché parallèle, rapporte ce responsable.

« Une ambassade voulait commander des milliers de tests (pour ses ressortissants), on les a renvoyés vers la NCDC », la Commission nationale de gestion des maladies, rapporte-t-il.

Certains criminels tirent néanmoins partie de cette demande, et le gouvernement a récemment mis en garde les Nigérians contre des publicités de « tests à faire à domicile frauduleux » qui « fleurissent sur la Toile ».

Comme dans de nombreux pays au monde, et pour des raisons évidentes de sécurité, les équipements spécialisés et les tests sont encadrés par les autorités officielles.

La NCDC conduit des programmes de tests en « porte à porte » à Abuja, et l’Etat de Lagos, épicentre des contaminations, tente de développer un réseau de dépistage dans tous ses quartiers.

A la mi-avril, le Nigeria comptait 12 laboratoires pour ses 36 Etats, avec une capacité de traiter entre 1.000 et 1.500 tests par jour.

– Secteur public à genoux –

Mais après des décennies de négligence, le secteur public de la santé est à genoux.

Près de 80% des institutions de santé dans le pays n’ont pas l’eau courante, rappelait Dr Francis Faduyile, le président de l’Association des médecins du Nigeria (NMA) le mois dernier.

« Mes patients ont peur que je les dénonce à la NCDC », raconte à l’AFP le médecin d’une clinique privée. « Avant de venir en consultation, ils me demandent +Si je viens, vous ne m’enverrez pas à Yaba?+ », en référence à l’un des centres d’isolation Covid-19 à Lagos.

Ce médecin, début avril, avait déjà vu une dizaine de patients suspectés d’avoir été contaminés par le coronavirus, mais un seul a accepté d’être testé: un coup d’épée dans l’eau, puisque les autorités sanitaires ont réalisé son test plus de 15 jours après s’être déclaré au NCDC, soit après la période d’incubation du virus.

Le rythme des tests officiels est « trop lent », regrette Zouera Issoufou directrice générale de la Fondation Dangote, qui porte le nom de l’homme le plus riche d’Afrique et partenaire privé du gouvernement, qui a commandé 250.000 tests.

Mais la demande mondiale explose, et « ils arrivent au compte-goutte », explique-t-elle.

Si le nombre officiel de décès liés au Covid-19 reste extrêmement faible dans un pays dans un pays si peuplé qui n’enregistre qu’une vingtaine de décès, « c’est que l’on ne teste pas les gens », assène Mme Issoufou.

– Des tests « dans son coin » –

Le Dr Richard Banda de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) au Nigeria, s’inquiète de ce marché parallèle et rappelle qu’il est « très dangereux de faire des tests dans son coin, dans des laboratoires privés, avec un risque de propagation du virus ».

Pour lui, « le manque d’informations fiables données lors des opérations de traçabilité est le problème majeur dans la lutte contre le Covid-19 au Nigeria ».

« Il y a encore beaucoup de stigmatisation autour de la maladie », conclue-t-il.

Un patient a été admis fin mars à l’hôpital universitaire de Lagos (LUTH), présentant tous les symptômes du coronavirus. Sa famille a menti, en omettant de dire qu’il avait déjà été testé positif.

« Ils avaient peur qu’on ne le prenne pas s’ils disaient la vérité », raconte un médecin à l’AFP. Le patient est finalement décédé et en plus des risques présentés pour les autres patients de l’hôpital, quatre médecins ont du être placés en quarantaine.

Dans un pays qui compte seulement 0,4 médecin pour 1.000 habitants (contre plus de 4 en France, selon les chiffres de la Banque Mondiale), « c’est très lourd pour nous », confie ce médecin du LUTH sous couvert d’anonymat.

Le personnel soignant comptait déjà 4 décès sur les 21 morts recensés officiellement au lundi 20 avril.

En télétravail, des Iraniennes luttent pour garder job et statut malgré le Covid-19

De l’effervescence électrisante des locaux de la start-up où elle exerce au télétravail isolée, Fereshteh a dû s’adapter face à la maladie Covid-19, comme nombre d’Iraniennes ayant décroché des jobs intéressants dans la high-tech et qui vont devoir se battre pour garder ce statut lors de lendemains incertains.

La voix un peu fatiguée au téléphone, contrastant avec le ton énergique qu’elle avait lorsque l’AFP l’a rencontrée dans son entreprise Alibaba il y a quelques semaines, Fereshteh Kasrai confie sur un ton malicieux être « plus efficace en télétravail… ».

« Mais émotionnellement, c’est dur, je ne suis pas habituée à rester aussi longtemps chez moi et l’interaction avec mes collègues me manque », dit cette Iranienne de 44 ans qui vit seule à Téhéran.

Cette responsable des ressources humaines ne cache pas ses « inquiétudes » pour l’entreprise, créée il y a cinq ans et dont le coeur du métier – le business du voyage – est très impacté.

Même si face au Covid-19, l’adaptation au pied levé à de nouvelles façons de travailler a été le mot d’ordre pour elle et ses collègues féminines afin de ne pas perdre ce statut souvent difficilement acquis.

Fereshteh a instauré de nouvelles routines avec ses équipes entre « vidéoconférences matinales sur Skype ou sur Zoom » et échanges « sur les projets en cours ».

A Alibaba, la majorité des employés est en ce moment en télétravail. Sans être officiellement confinés, les Iraniens – durement frappés par l’épidémie avec plus de 5.200 morts officiellement – ont été appelés à rester chez eux.

– « Iran Silicon Valley » –

En temps normal, entrer dans le grand entrepôt abritant le siège d’Alibaba à Téhéran, c’est entrer dans un autre Iran, loin des quartiers pauvres aux immeubles décrépis, des villes à l’histoire plurimillénaire ou des campagnes endormies.

Un panneau « Iran Silicon Valley » accueille le visiteur. On croise dans une ambiance branchée des food truck à cookies, des coussins géants dans les espaces de repos et des bureaux vitrés abritant des employés concentrés sur des ordinateurs Apple.

Des dizaines de jeunes femmes, en jean slim et foulard dévoilant largement leur chevelure, y travaillent avec des collègues masculins, dans une mixité qui ne va pas de soi partout en République islamique d’Iran.

Sur près de 700 employés à Alibaba, on compte 42% de femmes.

Certaines d’entre elles, comme Fereshteh – qui lors de sa rencontre avec l’AFP affichait un look travaillé, ongles vernis bleu et rouge à lèvres cerise – ont décroché des postes à responsabilité, un défi dans cette société très patriarcale.

Les plafonds de verre culturels et familiaux restent en général encore un frein dans la carrière des Iraniennes et notamment pour accéder aux postes de direction.

Plusieurs employées d’Alibaba témoignent des obstacles auxquels elles ont été confrontées dans le monde du travail, de l’avancement impossible sans réseau aux structures hiérarchiques trop lourdes.

« J’ai travaillé dans trois autres grandes entreprises, semi-privées ou liées au gouvernement, et j’ai eu le sentiment qu’il était très dur d’y évoluer, qu’il vous fallait impérativement connaître des gens influents », raconte Anis Amir Arjmandi, brune de 33 ans à l’abord chaleureux, directrice juridique à Alibaba.

Pour sa collègue Fatemeh Ashrafi, 38 ans, « dans une start-up, il y a plus d’espace pour faire entendre ses points de vue » et avoir des responsabilités. « On peut rencontrer nos managers quand on le souhaite, pas besoin d’attendre derrière leurs portes qu’ils nous accordent un peu de leur temps… »

Les « start-up sont dirigées par des générations plus jeunes, plus progressistes », souligne le journaliste spécialisé dans la high tech Khosro Kalbasi, basé à Téhéran.

Et de fait, le nombre de femmes dans les entreprises de high tech « a augmenté ces dernières années », relève-t-il, alors que selon lui l’Iran est l’un des pays les plus connectés du Moyen-Orient – avec un taux de pénétration de 87,19% pour internet et de 76,58% pour le web sur mobile (chiffres officiels).

– « Possibilité d’innover » –

Selon Azadeh Kian, professeur de sociologie à Paris et spécialiste de l’Iran, « 70% des étudiants en ingénierie et en sciences sont des étudiantes » dans ce pays.

« C’est aussi un secteur où elles savent qu’elles peuvent avoir plus de marge de progression et la possibilité d’innover ».

Fereshteh a pu constater que « les femmes imposent de plus en plus leurs voix dans le milieu du travail », se félicitant qu’à Alibaba le « vieux cliché selon lequel un programmeur doit absolument être un homme » a été brisé.

Le secteur des start-up, qui avait commencé à se développer dans les années 2000, a décollé à partir de 2013.

Mais les nouvelles technologies et l’utilisation des smartphones ont été durement touchées par le rétablissement en 2018 des sanctions américaines.

Effet inattendu des sanctions cependant: des entrepreneurs iraniens ont saisi l’occasion pour lancer leurs start-up, en s’inspirant de géants mondiaux bloqués en Iran pour créer un équivalent local, profitant d’un environnement protégé de la concurrence étrangère.

Parmi les plus réputées : Snapp (équivalent d’Uber), Digikala (pendant d’Amazon), cafe Bazaar (plateforme proposant des applications et des jeux développés par des Iraniens), Alibaba ou Tap30 (autre équivalent local d’Uber qui compte 1.400 employés à travers le pays.)

A Tap30, Mona Ahmadi, qui dirige à 33 ans 140 employés du centre d’appel, dit avoir trouvé « un bon job et un statut social ».

Au sein de cette société, « 45% de nos employés sont des femmes, la plupart ont moins de 30 ans et elles sont présentes dans tous les secteurs: marketing, technique, ressources humaines, centre d’appel », se félicite Negar Arab, 37 ans, responsable de la communication. Les équipes du juridique, des finances et de la communication y sont dirigées par des femmes.

L’une des réussites les plus marquantes dans ce secteur est aussi celle de Nazanin Daneshvar, 36 ans. Le site de vente au détail Takhfifan, co-fondé avec sa soeur il y a huit ans, est aujourd’hui la plus grosse start-up créée par une femme en Iran, employant 350 personnes.

On la remarque dans le e-commerce, où « pas assez de femmes » accèdent encore aux très hauts postes de direction, estime-t-elle.

En ce moment, ses bureaux sont fermés, le télétravail est généralisé. Certains employés ont pris des vacances, explique au téléphone d’une voix éprouvée Nazanin, le babillage de son bébé en fond sonore.

« Pour être honnête, c’est un grand choc (…) nos ventes ont considérablement chuté », confie-t-elle. « Nos employés font vraiment du bon boulot (…) mais ça prend énormément de temps et c’est épuisant » de télétravailler et gérer les équipes à distance.

– Pressions familiales –

Même avant la crise du Covid-19, le quotidien de cette entrepreneure était « encore difficile ».

Il y a quelques années, « il fallait que j’emmène mon père à tous mes rendez-vous (avec des investisseurs) car personne ne me prenait au sérieux comme manager, alors je disais que c’était lui le manager de ma société ».

Déjà en temps normal, « beaucoup n’arrivent pas à gérer la pression de leurs maris ou de leurs mères pour être moins impliquées dans leur travail; j’ai des employées qui ont démissionné parce qu’elles ne pouvaient plus assurer ce qu’on attend d’une femme traditionnelle ».

Dans cette période où nombre d’Iraniennes télétravaillent, les pressions familiales sont encore plus prégnantes, témoigne Nazanin.

Negar, la responsable de communication de Tap30, qui comme les autres entreprises accuse le coup de la crise sanitaire, a vu tout son quotidien chamboulé. Elle confie être « très occupée » entre le télétravail et s’occuper de sa fillette et de sa famille.

Et avec de probables suppressions d’emploi liées aux crises sanitaire et économique, les femmes risquent d’être plus visées que les hommes.

Notamment dans les entreprises gouvernementales et semi-gouvernementales où « la plupart des postes de direction sont occupés par des hommes et les postes moins prestigieux par des femmes », relève Anis Amir Arjmandi la directrice juridique à Alibaba.

Elle critique ainsi « la persistance d’un mode de pensée » où l’on préfère donner en priorité les emplois à des hommes parce qu’ils sont chefs de famille et doivent ramener l’argent à la maison.

« S’il y a le choix entre préserver le job d’une femme célibataire ou d’un homme marié, c’est ce dernier qui sera maintenu en poste; ce n’est pas juste mais c’est comme ça dans cette mentalité ».

Séoul minimise des informations sur l’état de santé de Kim Jong Un

La Corée du Sud a minimisé mardi des informations selon lesquelles le leader nord-coréen Kim Jong Un aurait été récemment opéré, alors que certains observateurs s’interrogent sur son absence lors de célébrations à Pyongyang la semaine dernière.

La Corée du Nord a célébré le 15 avril le 108e anniversaire de la naissance du fondateur du régime, Kim Il Sung, qui est le grand-père du dirigeant actuel. Cette date est de loin la plus importante du calendrier politique au Nord. Mais Kim Jong Un n’a été vu sur aucune des photographies diffusées par la presse officielle.

Daily NK, un média en ligne géré essentiellement par des Nord-Coréens ayant fait défection, a affirmé que le leader nord-coréen avait été opéré en avril pour des problèmes cardio-vasculaires, et qu’il était en convalescence dans une villa dans la province de Phyongan du Nord.

« La raison du traitement cardio-vasculaire urgent qu’a subi Kim était son tabagisme excessif, son obésité et sa fatigue », affirme Daily NK en citant une source nord-coréenne non identifiée.

Cette information n’a pas été confirmée. Mais elle a suscité un déluge de spéculations.

Citant un responsable américain, CNN rapporte de son côté que Washington « étudie des informations » selon lesquelles Kim Jong Un est « en danger grave après une opération chirurgicale », sans dire si ces « informations » sont en fait l’article de Daily NK.

« Nous n’avons rien à confirmer et aucun mouvement particulier n’a été détecté en Corée du Nord », a déclaré dans un communiqué un porte-parole de la Maison bleue, la présidence sud-coréenne.

Certains responsables sud-coréens ont cependant fait part de leurs doutes quant à la crédibilité des informations de Daily NK.

La couverture de l’actualité nord-coréenne est particulièrement compliquée, en particulier pour tout ce qui a trait à la vie privée de M. Kim, qui est un des secrets les mieux gardés du régime.

Le ministère sud-coréen de l’Unification, qui gère les questions intercoréennes, et celui de la Défense se sont refusés à tout commentaire.

Moon Chung-in, conseiller à la sécurité du président sud-coréen Moon Jae-in, a dit à l’AFP n’avoir rien entendu de spécial concernant la santé de M. Kim.

La dernière fois que les médias nord-coréens ont fait état des activités de M. Kim remonte au 12 avril. Et ce n’est pas la première fois que son « absence » alimente toute sorte de spéculations.

Certains experts ont dès lors appelé à la plus grande prudence.

« Il n’y a aucune confirmation à ce stade et il est trop tôt pour tirer des conclusions sur son état de santé », a estimé Ahn Chan-il, un transfuge du Nord devenu chercheur à Séoul.

Il a relevé qu’une opération du coeur impliquait du matériel médical de pointe qui ne se trouve « que dans des établissements de Pyongyang ». Il ne serait « pas raisonnable » de le transporter ailleurs pour l’opération.

Burkina: 31 civils tués par les forces de l’ordre, selon HRW

L’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch a accusé lundi les forces de sécurité du Burkina Faso d’avoir exécuté 31 habitants de la ville de Djibo, dans le Nord du pays, « lors d’une parodie brutale d’opération antiterroriste » le 9 avril.

« Les forces de sécurité burkinabè ont apparemment exécuté 31 hommes lors d’une parodie brutale d’opération antiterroriste susceptible de constituer un crime de guerre », selon Corinne Dufka, directrice pour l’Afrique de l’Ouest à Human Rights Watch, citée dans un communiqué de l’organisation transmis à l’AFP.

L’ONG appelle les autorités burkinabè à « immédiatement ouvrir une enquête impartiale sur ces meurtres et tenir les responsables pour comptables de leurs actes, quel que soit leur rang ».

Le ministère de la Défense a indiqué lundi avoir ouvert une enquête dès le 10 avril.

« Ce type d’allégations avait été rapporté au ministre de le Défense nationale (…) qui dès le 10 avril 2020 a adressé une lettre au directeur de la Justice militaire pour l’instruire de faire ouvrir par ses services une enquête judiciaire afin d’établir la vérité des faits », a réagi le ministère dans un communiqué.

HRW et des organisations de la société civile burkinabè ont déjà plusieurs fois dénoncé des violences perpétrées par les forces de sécurité contre la population, qui ont fait selon ces ONG plusieurs centaines de morts, sous couvert de lutte contre les groupes jihadistes qui multiplient les attaques dans le pays depuis cinq ans.

Le Burkina fait face depuis 2015 – comme ses voisins le Mali et le Niger – à des violences meurtrières croissantes perpétrées par des groupes jihadistes, parfois entremêlées de conflits intercommunautaires, qui ont fait plus 800 morts et près de 860.000 déplacés.

Selon l’enquête menée par HRW à Djibo, ville située à 200 km au nord de la capitale Ouagadougou, les forces de sécurité ont ciblé exclusivement des hommes de la communauté peule, une ethnie semi-nomade sahélienne parmi laquelle les groupes islamistes recrutent particulièrement, selon les experts.

« Selon les habitants, des dizaines de membres des forces de sécurité ont été impliqués dans l’opération du 9 avril, qui a débuté vers 10 heures (locales et GMT) avec les arrestations, pour s’achever vers 13h30, lorsque plusieurs coups de feu ont été entendus », explique HRW.

« Les victimes ont été interpellées dans plusieurs quartiers, alors qu’elles étaient en train d’abreuver leur bétail, de marcher ou étaient assises devant leurs domiciles », par des militaires venant vraisemblablement du camp du Groupement des Forces antiterroristes de Djibo, petite ville d’une vingtaine de milliers d’habitants au coeur d’une région très fréquemment ciblée par les attaques jihadistes.

– « Une scène terrifiante » –

Les hommes arrêtés « ont été placés à bord d’un convoi formé d’une dizaine de véhicules militaires, dont des camionnettes, une voiture blindée et des motos ».

« Les villageois ont déclaré s’être rendus, vers 16 heures, à l’endroit où ils avaient entendu les coups de feu. Ils y ont trouvé les corps de 31 hommes qui avaient été vus pour la dernière fois sous la garde des forces de sécurité. Plusieurs d’entre eux avaient les yeux ou les mains liés. Les habitants ont déclaré qu’aucun n’était armé », détaille HRW.

« Ils avaient été tués par balle, certains déchiquetés par des rafales au point d’être méconnaissables », selon un témoin cité par HRW qui dit avoir perdu cinq membres de sa famille.

« C’était une scène terrifiante », « je n’ai pu reconnaître mon frère qu’à partir d’un fragment de ses vêtements », relate un autre témoin.

Pour son enquête, HRW précise avoir « mené des entretiens avec 17 personnes ayant connaissance des tueries du 9 avril, dont 12 témoins des arrestations puis de l’enterrement des corps », qui « ont établi une liste des victimes, toutes peules ».

Dans son communiqué, le ministère de la Défense assure que « les forces armées ayant en leur sein des fils de toutes les communautés qui composent le peuple burkinabè, elles ne sauraient opter de stigmatiser une d’entre elles. Surtout que le succès de leurs missions dépend de la confiance et de la collaboration des populations locales ».

« Si ces allégations étaient avérées, des sanctions seront prises à l’encontre des auteurs », affirme le ministère.

Sous-équipées et mal entraînées, les forces de l’ordre du Burkina, pays pauvre d’Afrique de l’Ouest, n’arrivent pas à enrayer la spirale de violences jihadistes, en dépit de certaines annonces triomphalistes, et malgré l’aide de forces étrangères, notamment de la France, présente dans le Sahel avec 5.100 hommes dans le cadre de l’opération antijihadiste Barkhane.

Les violences jihadistes mêlées à des conflits intercommunautaires, qui touchent l’ensemble du Sahel, ont fait au total 4.000 morts au Mali, au Niger et au Burkina Faso en 2019, selon l’ONU.

Coronavirus au Burkina : le grand marché de Ouagadougou rouvre

Les affaires vont enfin pouvoir reprendre au marché central de Ouagadougou, considéré comme le poumon économique du Burkina Faso, rouvert lundi près d’un mois après sa fermeture pour cause de coronavirus, au grand soulagement des commerçants.

L’épidémie qui a causé 36 morts pour 576 cas dans ce pays pauvre d’Afrique de l’ouest, selon le dernier bilan officiel dimanche, avait entraîné la fermeture du grand marché et d’une quarantaine d’autres dans la capitale burkinabè de 3 millions d’habitants, le 25 mars, deux semaines après l’apparition de la maladie.

« C’est une joie de voir le marché rouvrir ses portes. La situation commençait à être difficile pour nous », réagit Boureima Compaoré, un marchand de pagnes (tissus), venu assister à la réouverture.

En pratique, les boutiques n’ouvriront effectivement que mardi, après la cérémonie officielle, pour donner le temps aux commerçants de reprendre possession de leurs étals.

« Depuis la fermeture, c’était la misère. On vivait au jour le jour, sans aucune économie », explique Souleymane Sawadogo, un vendeur de vêtements. « Maintenant nous sommes soulagés. On espère que les clients aussi ne vont pas avoir peur de venir faire des achats » dit-il, affirmant que les commerçants sont « prêts à se plier à aux mesures les plus rigoureuses pour garder le marché ouvert ».

Fruits, légumes, viandes, épices, mais aussi tissus, vêtements, quincaillerie, électroménager, informatique, pièces détachées pour deux-roues, et même oeuvres d’art… On trouve de tout dans cet marché animé sept jours sur sept, de l’aube au crépuscule.

Entre 25.000 et 30.000 personnes y travaillent, selon l’Agence de développement urbain de Ouagadougou. Organisé autour d’un énorme bâtiment de deux étages, occupant une place centrale de la capitale, le grand marché compte près de 3.000 boutiques.

L’Etat a décidé sa réouverture « pour soulager les commerçants, leur permettre de poursuivre leur activité et participer à la relance de l’économie nationale », selon le maire de Ouagadougou Armand Béouindé.

« Le grand marché, c’est le poumon économique de la capitale. Les autres marchés, même à l’intérieur du pays, se ravitaillent à partir du grand marché », souligne le président du Conseil national du secteur informel, Salifou Kaboré.

– « Changer de comportement » –

La pandémie met à rude épreuve la fragile économie du Burkina Faso, déjà éprouvée par la lutte contre les groupes jihadistes depuis cinq ans. La croissance devrait chuter à 2%, au lieu des 6,3% initialement prévus, selon le gouvernement.

Les frontières sont fermées, et les grandes villes, dont Ouagadougou, placées en quarantaine, désorganisant le commerce.

Autour du grand marché, les parkings sont à nouveau bondés de vélos et de motocyclettes. « Pour nous, les affairent reprennent », sourit Alassane Kaboré, gérant de l’un des parkings, affairé à ranger quelques engins.

« Il était temps car on ne savait plus quoi faire pour survivre. Nous n’avons pas bénéficié d’aide ou d’accompagnement pour tenir pendant la durée de la fermeture », relève-t-il.

Avant la réouverture, le marché central a été entièrement nettoyé et désinfecté, explique le ministre du Commerce Harouna Kaboré, alors que des haut-parleurs diffusent des messages sur les mesures barrières contre le coronavirus. Les mêmes opérations sont en cours pour les autres marchés.

« Des dispositifs de lavage des mains ont été installés à toutes les portes d’entrée et la prise de température est systématique. A l’intérieur, les allées ont été complètement dégagées, et un traçage fait pour respecter la distanciation sociale », assure le maire.

« Nous avons augmenté le nombre de policiers sur le site du marché pour aider les usagers et s’assurer que les gestes barrières seront respectés. Près de 500 bénévoles ont également été mobilisés pour poursuivre la sensibilisation et veiller au respect des consignes », détaille-t-il.

Commerçants et acheteurs devront porter un masque, et seulement deux clients en même temps seront autorisés par boutique, précise Halidou Sanfo, représentant des commerçants. « Nous sommes tous appelés à changer notre comportement. On ne peut plus fréquenter les marchés comme on le faisait avant et nous allons y veiller », promet-il.

Parmi les badauds, certains Ouagalais s’inquiètent de cette réouverture.

« La maladie n’est pas encore maîtrisée. Les cas ne font qu’augmenter », note Awa Zoungrana, professeur du secondaire.

« C’est sûrement pour éviter des troubles que les autorités ont rouvert le marché, sinon rien ne justifie une telle précipitation », soutient Albert Nana, fonctionnaire à la retraite, pas rassuré par les mesures de sécurité. « Je fréquente régulièrement le marché, mais je vais éviter d’y aller pendant quelques temps ».

Plus de 20.000 morts en Espagne qui prolonge le confinement

L’Espagne, qui dénombre plus de 20.000 morts dus à la pandémie de nouveau coronavirus, va prolonger le strict confinement de sa population de deux semaines, jusqu’au 9 mai inclus, a déclaré samedi son Premier ministre.

« Nous avons fait le plus dur grâce à la responsabilité et à la discipline sociales (…) nous avons laissé derrière nous les moments les plus extrêmes » mais « ces succès sont encore insuffisants et surtout fragiles », a insisté Pedro Sanchez, appelant à ne pas tout « mettre en péril » avec des décisions « précipitées ».

Le socialiste a toutefois annoncé que ce confinement allait être assoupli pour les enfants qui allaient pouvoir sortir « un peu chaque jour » à partir du 27 avril alors qu’ils n’en avaient pas le droit depuis le début du confinement le 14 mars.

Jusqu’ici, seuls les adultes pouvaient quitter leur domicile seuls pour aller travailler, acheter à manger ou des médicaments, se faire soigner ou sortir rapidement leur chien.

Les appels se sont faits de plus en plus pressants ces derniers jours pour permettre aux enfants de prendre l’air comme dans d’autres pays européens.

Cette nouvelle prolongation de l’état d’alerte, qui devra être entérinée par le Parlement, sera suivie d’autres mesures de restrictions en mai avant une levée « prudente et progressive » du confinement en fonction de l’évolution de l’épidémie et qui pourra varier selon les régions, a ajouté M. Sanchez.

« Si cela est nécessaire, nous renforcerons de nouveau les mesures de protection », a-t-il averti.

Lundi, certains Espagnols avaient déjà pu reprendre le travail après deux semaines d’arrêt quasi total de l’économie mais le télétravail reste la norme lorsque cela est possible tandis que tous les commerces non essentiels sont toujours fermés.

– Plus de 20.000 morts –

L’Espagne a dépassé samedi les 20.000 morts à 20.043 morts, le troisième bilan le plus lourd du monde, derrière ceux des Etats-Unis et de l’Italie.

En 24 heures, le nombre de morts s’est élevé à 565, une légère baisse par rapport aux 585 notifiés vendredi et loin du record de 950 morts en un jour enregistré le 2 avril.

Ce comptage -qui n’inclut que les personnes testées positives au nouveau coronavirus- est cependant de plus en plus contesté par certaines régions selon lesquelles des milliers de personnes supplémentaires sont mortes après avoir présenté des symptômes de la maladie mais sans avoir pu être testées.

La Catalogne (Nord-Est), évoque notamment le chiffre de plus de 7.800 morts alors que le bilan national pour cette région est de plus de 3.800 samedi.

Le nombre de cas confirmés s’élève au total dans le pays à 191.726, après un ralentissement de la progression ces derniers jours malgré un plus grand nombre de tests pratiqués, tandis que le nombre de personnes guéries s’élève à près de 75.000.

Grâce au confinement, « le niveau de transmission actuel (du virus) est beaucoup plus bas », a souligné Fernando Simon, le directeur du centre d’urgences sanitaires lors de son point presse quotidien.

Le très surveillé taux d’infection qui était au-dessus de 3 au début du confinement, c’est à dire qu’un malade contaminait plus de 3 personnes, est désormais inférieur à 1.

Tuerie au Canada: au moins 18 morts, toujours pas de mobile apparent

De multiples scènes de crime, un tueur au mobile inconnu: l’enquête sur la pire tuerie de l’histoire du Canada, une « tragédie » qui a fait au moins 18 morts en Nouvelle-Ecosse selon Justin Trudeau, s’annonce complexe alors qu’émergent les premières révélations sur son auteur présumé.

« Un homme armé a pris la vie à au moins 18 personnes » lors du week-end, a annoncé le Premier ministre lors de son point-presse quotidien. Le tireur a ensuite été abattu par la police.

« La tragédie n’aurait jamais dû se produire. La violence n’a jamais sa place dans notre pays », a-t-il jugé.

M. Trudeau a annoncé qu’un hommage « virtuel » aux victimes serait rendu vendredi à 19h sur un groupe Facebook: « ce sera l’occasion pour nous de célébrer la vie des victimes et d’être là pour leurs familles et leurs proches », a-t-il dit.

Pourquoi un tel carnage, se demandait lundi matin un pays encore sous le choc, où les fusillades de masse sont rares.

Les enquêteurs de la Gendarmerie royale du Canada (GRC, police fédérale) tentaient de déterminer les circonstances et les motivations de Gabriel Wortman, un prothésiste dentaire de 51 ans qui a tué au moins 18 personnes entre samedi soir et dimanche matin, pour une raison encore mystérieuse.

Il a été abattu par la police dimanche en fin de matinée près d’Halifax, la capitale, à l’issue d’une cavale meurtrière de plus de 12 heures et de 100 km.

Les victimes ont été tuées en plusieurs endroits. La presse canadienne a commencé à les identifier: outre la policière Heidi Stevenson, une infirmière, une institutrice et plusieurs couples avec enfants ont été tués.

« Un monstre a assassiné ma mère aujourd’hui. Il l’a assassinée, sans réfléchir. La douleur va et vient par vagues. J’ai l’impression d’être en dehors de mon propre corps. Ca ne peut pas être vrai », a déploré sur Facebook Darcy Dobson après la mort de Heather O’Brien, une infirmière.

Wortman les connaissait-il ? Plusieurs victimes « ne semblent pas avoir de lien avec le tireur », avait expliqué la veille un porte-parole de la GRC lors d’une conférence de presse.

Selon des témoins cités par les médias, l’homme a mis le feu à sa maison et a tué par balle plusieurs personnes qui sortaient dans la rue. Il aurait également abattu le conducteur d’une voiture lors de son périple meurtrier.

La cheffe de la GRC, Brenda Lucki, estime qu’il a sans doute eu une « motivation » initiale avant de partir dans une folle poursuite meurtrière de nature « aléatoire ».

La tuerie a commencé samedi en fin de soirée dans une maison de la paisible commune rurale et côtière de Portapique, qui compte une centaine d’âmes. Appelée par des voisins qui avaient entendu des coups de feu, la police a découvert sur place plusieurs cadavres, à l’intérieur et devant une maison. Le tueur présumé était introuvable et plusieurs incendies ont été signalés dans les parages peu après.

Commençait alors une chasse à l’homme qui allait durer toute la nuit et la matinée, sur plus d’une centaine de kilomètres.

Gabriel Wortman circule dans un premier temps à bord d’une voiture ressemblant à celles utilisées par la GRC. Ce collectionneur d’équipements de police, selon des témoignages, portait au moins une partie d’un uniforme de la GRC.

-« Un de ces gars bizarres »-

Lundi matin, des premières informations commençaient à filtrer sur l’auteur présumé du carnage.

Wortman, possédait deux belles propriétés proches de la mer à Portapique, ainsi qu’une clinique de prothèse dentaire à Dartmouth, près de la capitale Halifax.

Des voisins ont expliqué au quotidien Globe and Mail qu’il avait un problème avec l’alcool et que sa clinique avait souffert des contraintes liées à l’épidémie de coronavirus.

Mais selon le responsable des enquêtes de la GRC de Nouvelle-Ecosse, Chris Leather, il était inconnu de la police et n’avait aucun passé violent.

Wortman avait une passion pour les équipements et voitures de police, qu’il rachetait aux enchères puis restaurait, ont raconté des témoins.

L’une de ses propriétés à Portapique était un véritable « sanctuaire » dédié à la GRC, selon un homme qui le connaissait cité par le Globe and Mail.

« C’était un de ces gars bizarres, il était vraiment branché objets de collection de la police », selon Nathan Staples.

Ce drame constitue la pire tuerie de masse de l’histoire récente du Canada.

Espagne: la pandémie fait moins de 400 morts en 24 heures

Le bilan quotidien du nouveau coronavirus en Espagne est passé lundi sous la barre des 400 morts, s’établissant à 399, pour la première fois en quatre semaines, a annoncé lundi le ministère de la Santé.

Au total, 20.852 personnes ont succombé à la maladie dans le troisième pays le plus endeuillé par la pandémie après les États-Unis et l’Italie.

Le nombre de cas détectés a dépassé les 200.000, à 200.210, alors que l’Espagne multiplie les tests: plus de 40.000 par jour selon le ministre de la Santé, Salvador Illa.

Autre donnée positive, le nombre de malades guéris qui s’élève à 80.587 lundi, soit 40% des cas confirmés.

– « Chiffres très encourageants » –

« Ce sont des chiffres très encourageants », a estimé le directeur du Centre d’urgences sanitaires, Fernando Simon, qui a toutefois rappelé que « les fins de semaines il y a toujours un retard de notification » qui se rattrape le mardi.

Le funeste bilan avait déjà été ramené à 410 morts dimanche et les autorités sanitaires espèrent avoir franchi le pic de la pandémie le 2 avril lorsqu’elles avaient enregistré 950 morts.

La baisse du nombre d’hospitalisations et des admissions en soins intensifs a soulagé le système de santé, débordé pendant des semaines.

Un grand hôpital temporaire installé dans les halles de la foire commerciale de Madrid a fermé en fin de semaine un des deux pavillons qu’il occupait.

Une morgue improvisée dans une patinoire toute proche doit fermer mercredi, a annoncé la région de Madrid, la plus touchée du pays avec plus de 7.000 morts.

– Recul du PIB –

Mais les inquiétudes grandissent sur le plan économique. La Banque d’Espagne a annoncé lundi tabler sur un recul de 6,6% à 13,6% du Produit intérieur brut (PIB) en 2020 dans la quatrième économie de la zone euro, en raison de la pandémie.

Cette chute sera « sans précédent dans l’histoire récente », même si son ampleur est soumise à « beaucoup d’incertitude » liée notamment à la durée finale du confinement, explique la banque centrale dans un communiqué.

Près de 3,9 millions d’Espagnols sont actuellement au chômage partiel, selon Madrid.

Les Espagnols entrent ainsi dans leur sixième semaine d’un des confinements les plus stricts d’Europe. Ils ne peuvent sortir que pour leurs achats essentiels, aller travailler ou sortir brièvement leur chien, mais pas leurs enfants.

Les enfants seront cependant autorisés à sortir pour la première fois pour prendre l’air à partir du 27 avril, dans des conditions qui restent à préciser.