Encouragées par Trump, les manifestations anti-confinement se multiplient aux Etats-Unis

New Hampshire, Maryland, Texas: des manifestations demandant la levée des mesures de confinement face au coronavirus ont agité samedi plusieurs villes à travers les Etats-Unis, encouragées la veille par Donald Trump, accusé d’attiser les divisions.

Ils étaient environ 400 à manifester, à pied ou depuis leur voiture, devant le Parlement de Concord, capitale du petit Etat du New Hampshire (1,3 million d’habitants), relativement épargné par l’épidémie avec 1.287 cas confirmés et 37 morts du coronavirus vendredi. Le gouverneur républicain Chris Sununu y a ordonné un confinement au moins jusqu’au 4 mai.

« Les chiffres mentent », ou « Rouvrez le N.H. », disaient certaines pancartes brandies par les manifestants, au milieu de drapeaux américains. Parmi eux figuraient des hommes en cagoules et armés, a constaté l’AFP.

« Les gens sont tout à fait prêts à faire ce qu’il faut », mais « les chiffres ne justifient pas les mesures de confinement draconiennes que nous avons dans le New Hampshire », a indiqué à l’AFP Skip Murphy, 63 ans, électeur de Donald Trump.

A Annapolis, capitale du Maryland, les manifestants restaient en voiture, et l’AFP en a vu environ 200 défiler devant le Parlement local. « La pauvreté tue aussi », disait une pancarte, « je n’obéirai pas à des décrets illégaux », disait une autre.

A Austin, capitale du Texas, Etat le plus peuplé après la Californie, ils étaient environ 250, armés de pancarte dénonçant notamment « l’effondrement économique » précipité par la mise à l’arrêt de toutes les activités non « essentielles », qui a fait exploser le nombre de chômeurs et fait perdre à beaucoup tout revenu.

Owen Shroyer, présentateur du site proche de l’extrême droite Infowars, avait appelé ces derniers jours à y participer, avant de voir son compte Twitter suspendu vendredi.

Si ces rassemblements semblaient réunir beaucoup de partisans de Donald Trump, certains participants ont souligné que leurs motivations n’étaient pas politiques.

Dolores, une coiffeuse qui manifestait à Annapolis, a expliqué ne plus pouvoir travailler ni toucher aucune aide gouvernementale, car elle est employeuse et non employée.

« Il faut que je sauve mes affaires, je dois travailler pour vivre, sinon je vais mourir », a-t-elle dit à l’AFP.

« Cela n’a rien à voir avec Trump ou avec les gouverneurs démocrates ou républicains », a affirmé Skip Murphy à Concord. « C’est pour dire que tout le monde n’est pas logé à la même enseigne, et que le confinement doit s’arrêter là où il n’a pas de sens ».

– « Ne pas politiser l’émotion » –

De telles manifestations se sont multipliées ces derniers jours à travers les Etats-Unis, pays le plus frappé par le coronavirus avec plus de 715.000 cas et 37.000 morts, alors que le chômage explose et que beaucoup de gens ont perdu leurs revenus, dans un pays au filet de protection sociale limité.

La plus importante à ce jour s’est déroulée mercredi à Lansing, capitale du Michigan, où quelque 3.000 personnes ont vilipendé les mesures de confinement de la gouverneure démocrate Gretchen Whitmer.

Le président Trump, qui ne cache pas sa hâte de « rouvrir » l’économie du pays tout en laissant les gouverneurs de chaque Etat décider quand et comment lever les restrictions, a appelé vendredi à « libérer » du confinement trois Etats gérés par des gouverneurs démocrates – Michigan, Minnesota et Virginie.

Le gouverneur de l’Etat de New York, le plus touché par l’épidémie avec plus de 236.000 cas confirmés et un ordre de confinement en vigueur au moins jusqu’au 15 mai – malgré un nombre de morts journaliers en baisse – a reconnu samedi que certains Etats, moins affectés, pouvaient adopter des stratégies de relance de l’économie plus rapide que la sienne.

« Les chiffres dictent les stratégies », a indiqué le gouverneur Andrew Cuomo lors d’un point presse.

Mais il a implicitement critiqué l’attitude de Donald Trump et de certains responsables républicains qui critiquent le confinement prolongé par les gouverneurs démocrates.

Le confinement est « émotionnellement difficile, et économiquement désastreux », a-t-il souligné. Mais « comment la situation peut-elle empirer, et empirer rapidement? Si vous politisez toute cette émotion. Nous ne pouvons pas nous le permettre, » a-t-il martelé.

burs-cat/la

Cinq choses à savoir sur le Lesotho

Le Lesotho, agité par un rocambolesque feuilleton politico-judiciaire impliquant le Premier ministre, est un petit royaume montagneux enclavé au coeur de l’Afrique du Sud à qui il fournit une bonne partie de son eau.

– « Royaume dans le ciel » –

Surnommé le « royaume dans le ciel », le Lesotho est connu pour la beauté de ses paysages montagneux. Plus de 80% du pays (30.355 km2) sont situés à une altitude supérieure à 1.800 mètres. Son point culminant est le mont Thabana Ntlenyana (3.482 m).

Les Basotho, peuple bantou d’Afrique australe, sont très largement majoritaires. Environ 80% de la population sont chrétiens.

La capitale, Maseru, est la plus grande ville du pays (250.000 habitants). Les deux langues officielles sont l’anglais et le sotho.

– Histoire mouvementée –

Ancien protectorat britannique, le Lesotho devient indépendant en 1966, année du couronnement du roi Moshoeshoe II.

Quatre ans plus tard, le roi est contraint à un exil de quelques mois par son Premier ministre, marquant le début de plus de deux décennies de troubles et de gouvernements militaires.

En 1990, le souverain est remplacé par son fils, Letsie III.

La victoire écrasante du Congrès du Lesotho pour la démocratie (LCD), en 1998, est violemment contestée. Le risque d’un « coup d’Etat » est invoqué pour justifier une intervention militaire de l’Afrique du Sud et du Botswana. Les affrontements font 75 morts, Maseru est dévastée.

En 2014, le pays est de nouveau déstabilisé par un coup d’Etat manqué. L’année suivante, le Premier ministre Thomas Thabane est battu aux élections. Après deux ans d’exil, il remporte les élections législatives anticipées en 2017.

Mais deux jours avant son investiture, son épouse Lipolelo Thabane, avec qui il est en instance de divorce, est assassinée. Deux mois plus tard, Thomas Thabane se remarie.

Début février 2020, l’affaire connaît un rebondissement spectaculaire avec l’inculpation de la nouvelle femme du Premier ministre, pour complicité de meurtre. Mis en cause dans l’affaire, Thomas Thabane qui a annoncé sa démission au plus tard fin juillet, comparaît le 24 février devant la justice et son dossier est renvoyé devant la Haute Cour sans qu’il soit formellement inculpé.

– Dépendance sud-africaine –

Le Lesotho a la particularité d’être complètement enclavé au milieu de l’Afrique du Sud.

Pays pauvre de 2,1 millions d’habitants, il importe de la nourriture de chez son puissant voisin qui attire également une bonne partie de sa population à la recherche d’un emploi.

De son côté, l’Afrique du Sud compte sur les abondantes réserves en eau du royaume. Le barrage de Katse (centre) approvisionne en électricité les villes de Pretoria et Johannesburg.

Près de la moitié des revenus des ménages provient des transferts financiers de migrants employés en Afrique du Sud, notamment dans le secteur minier.

Le Lesotho dispose aussi de quelques mines de diamants.

– 54 ans d’espérance de vie –

Frappé par le chômage, une épidémie de sida qui touche 23,8% de la population et un manque criant de services publics, le Lesotho fait partie des pays les plus pauvres de la planète.

Il est actuellement sous confinement total pour cause de pandémie de coronavirus, mais aucun cas de contamination n’y a été officiellement rapporté.

Le pays et son agriculture sont très exposés aux aléas climatiques et à la sécheresse. Près de 75% de la population vit en milieu rural et dépend directement de l’agriculture et de l’élevage. 50% de la population souffrent d' »insécurité alimentaire grave », selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

En 2018, l’espérance de vie y était seulement de 54 ans (Banque mondiale).

– Pionnier du cannabis médical –

En 2017, le pays est le premier en Afrique à autoriser la culture du cannabis médical.

Selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), 70% du cannabis en Afrique du Sud provient du Lesotho où la marijuana est la troisième source de revenus.

Contesté et menacé, le Premier ministre du Lesotho fait intervenir l’armée

Le Premier ministre contesté du Lesotho Thomas Thabane a fait descendre samedi l’armée dans les rues du petit royaume pour « restaurer l’ordre », nouvel épisode de la crise politique causée par son implication dans le meurtre de son ex-épouse.

Soupçonné par la police et la justice d’avoir ordonné cet assassinat, M. Thabane, 80 ans, résiste bec et ongles depuis des semaines aux appels à la démission lancés par son propre parti et par l’opposition.

De plus en plus menacé, le chef du gouvernement a repris l’initiative samedi en annonçant avoir « déployé l’armée pour reprendre le contrôle de la situation (…) et restaurer l’ordre et la paix ».

Dans un discours surprise prononcé à la radio et à la télévision nationales, il a accusé, sans les citer, « certaines personnes et institutions » de « s’en prendre aux principes et à l’autorité qui assurent la stabilité et la démocratie ».

Des soldats équipés de casques et de gilets pare-balle patrouillaient samedi à pied ou à bord de véhicules blindés les rues de la capitale Maseru.

Le commandant en chef de la police Holomo Molibeli, son adjoint et un autre officier supérieur ont été arrêtés par l’armée, a indiqué sous couvert d’anonymat à l’AFP une source gouvernementale. « Ils sont pour l’instant détenus à la caserne de Makoanyane », a-t-elle ajouté.

L’intervention des militaires intervient au lendemain d’une décision de la Cour constitutionnelle qui a annulée la suspension des travaux du Parlement ordonnée par le Premier ministre.

– ‘Paix en péril’ –

Le chef de l’opposition a vivement dénoncé la décision de Thomas Thabane.

« Il s’agit d’un recours abusif aux forces de sécurité », a regretté Mathibeli Mokhothu, président du Congrès démocratique (DC), qui a accusé le Premier ministre de « menacer l’indépendance de la justice » et de « mettre en péril la paix au Lesotho ».

« Le Premier ministre a perdu le contrôle de la situation car il ne se comporte plus en Premier ministre », a commenté auprès de l’AFP le politologue Motlamelle Kapa, de l’université du Lesotho. « Nous assistons à un combat entre (M. Thabane) et la police et la justice, qui essaient de faire rendre des comptes à l’exécutif ».

La crise qui secoue le Lesotho a débuté il y a plusieurs mois avec la mise en cause de M. Thabane dans l’assassinat, le 14 juin 2017 quelques jours avant son arrivée au pouvoir, de sa femme Lipolelo Thabane, avec laquelle il était en instance de divorce.

Son épouse actuelle Maesaiah Thabane, 43 ans, a été inculpée en février du meurtre de sa rivale et placée en liberté sous caution. M. Thabane devait l’être prochainement.

La révélation de l’affaire a suscité une onde de choc politique. Le parti de M. Thabane, la Convention de tous les Basotho (ABC), lui a retiré son soutien et exige depuis sa démission. Le chef du gouvernement a refusé d’obtempérer aussitôt et promis en février de quitter ses fonctions « d’ici à la fin juillet » en raison de son âge.

Pour hâter son départ, l’ABC et plusieurs partis d’opposition ont annoncé le mois dernier être parvenus à un accord pour remplacer l’actuelle équipe ministérielle dès que possible.

– ‘Actes terroristes’ –

Le Premier ministre avait alors vivement réagi en dénonçant des « actes terroristes » et ordonné aux forces de sécurité d’ouvrir une enquête contre ses rivaux.

Le Parlement a également adopté une loi lui interdisant d’appeler à de nouvelles élections au cas où les députés voteraient une motion de censure contre lui.

Prétextant la lutte contre la pandémie de coronavirus, M. Thabane a ordonné la suspension pendant trois mois de la représentation nationale.

Mais vendredi, la Cour constitutionnelle du pays, saisie par son parti et l’opposition, a annulé cette décision. « La décision du Premier ministre de suspendre le Parlement est nulle et non avenue », a annoncé le juge Sakoane Sakoane à l’audience.

Le Lesotho a été placé sous confinement total jusqu’au 21 avril pour cause de pandémie de coronavirus. Aucun cas ne contamination n’y a jusque-là été rapporté.

Enclavé au milieu de l’Afrique du Sud, le petit royaume montagneux a connu depuis son indépendance en 1966 une histoire politique instable rythmée de coups d’Etat militaires.

Frappé par le chômage, une épidémie de sida qui touche 23% de ses 2 millions d’habitants et un manque criant de services publics, il fait partie des pays les plus pauvres de la planète.

Le 18 avril 1980 naissait le Zimbabwe

Lentement « l’Union Jack » glisse le long du mât. Une immense clameur s’élève dans le stade Rufaro à Salisbury. Il est un peu plus de minuit ce vendredi 18 avril 1980: le Zimbabwe est né.

Trente-six mille poitrines fêtent avec enthousiasme la montée du drapeau rouge, vert, jaune et noir, frappé de l’étoile et de l’oiseau sacré, symboles du nouvel Etat, qui a abandonné son ancien nom de Rhodésie.

Mettant fin à 90 ans de colonisation, la Grande-Bretagne accorde l’indépendance à son ancienne colonie « rebelle ». Devant une foule en délire, le Prince Charles, héritier du trône britannique, remet au président du nouvel Etat, Canaan Banana, le texte de la Constitution.

Une centaine de délégations étrangères assistent aux cérémonies. L’Afrique du sud et la plupart des pays d’Europe de l’Est ne sont pas représentés. L’Union soviétique, coupable de soutenir Joshua Nkomo, grand rival (chez les nationalistes noirs) du nouvel homme fort du pays Robert Mugabe, a failli ne pas être conviée.

Les principaux mouvements de libération comme ceux d’Afrique du Sud, le Front Polisario du Sahara occidental, et l’Organisation de libération de la Palestine sont représentés, ainsi que les pays occidentaux. Grand absent, l’ancien leader rhodésien blanc Ian Smith.

– Une colonie rebelle –

Ian Smith était devenu le 11 novembre 1965 le premier sujet britannique à déclarer unilatéralement l’indépendance d’une colonie de la Couronne, depuis les Etats-Unis en 1776.

« L’affaire rhodésienne », ne devait être réglée que quinze ans plus tard, après sept ans de guerre entre les autorités de Salisbury (aujourd’hui Harare) et les nationalistes noirs.

Pour prévenir une accession de la majorité noire au pouvoir, la minorité blanche conduite par Ian Smith (250.000 personnes contre 6 millions de Noirs) déclare l’indépendance, contre la volonté de Londres. L’initiative, jugée illégale, est condamnée par la communauté internationale.

Le pays se rebaptise « Rhodésie » (dérivé de Cécil Rhodes, explorateur et aventurier qui colonisa la région à la fin du XIXe siècle). Le gouvernement britannique conserve l’appellation « Rhodésie du sud » pour marquer la pérennité du statut de colonie. Certaines instances internationales l’appellent déjà « Zimbabwe » (nom du royaume ayant dominé cette région jusqu’à la fin du XVe siècle).

En réaction aux sanctions économiques imposées par le Royaume-Uni puis l’ONU, le gouvernement organise une semi-autarcie.

Selon Londres, la Rhodésie, enclavée, devait se soumettre tôt ou tard. C’était ignorer la capacité d’autosuffisance d’une colonie que sa population blanche (se servant d’une abondante et avantageuse réserve de main d’oeuvre noire) avait portée à un exceptionnel degré de prospérité.

– Plus de 27.000 morts –

Et c’était ignorer la conviction de son leader qui avait promis que « jamais, même dans mille ans », les Noirs ne gouverneraient.

Outre l’embargo, les Rhodésiens sont confrontés à des tentatives d’insurrection des nationalistes noirs.

Tout commence vraiment le 21 décembre 1972. A l’aube, un petit commando attaque à la roquette la ferme des Borgrave, une famille européenne vivant à Centenary (nord-est). Quelque vitres brisées, une fillette légèrement blessée: la communauté blanche y voit une escarmouche sans lendemain. C’est en fait le premier acte d’un conflit dont le bilan, sept ans plus tard, atteindra plus de 27.000 morts

Le nombre des nationalistes augmente d’année en année et les accrochages deviennent de plus en plus sévères, surtout à partir de 1975, lorsque le Mozambique voisin devient indépendant.

Mais le mouvement noir est divisé et les rivalités entre ses chefs fortes: l’Union populaire africaine du Zimbabwe (ZAPU), dirigée par Joshua Nkomo, et l’Union nationale africaine du Zimbabwe (ZANU) de Robert Mugabe ont une idéologie socialiste et exigent le transfert du pouvoir à la majorité africaine. La première, « modérée », est favorable aux négociations avec les autorités, la seconde, « radicale », défend la lutte armée.

– De difficiles négociations –

Le Conseil national africain (ANC) de l’évêque Abel Muzorewa, prône lui la non-violence.

Fin 1974, les trois tendances proclament leur unification, mais les Etats voisins favorisent Robert Mugabe, qui, à la tête de 12.000 combattants, mènera désormais la guérilla.

L’effondrement de l’empire portugais, la politique « d’ouverture » de l’Afrique du Sud et les progrès de la guérilla noire sur le terrain contraignent Salisbury à rouvrir le dossier. Ian Smith tente d’entamer un dialogue avec l’aile modérée des nationalistes. Une rencontre historique a lieu le 25 août 1975 aux chutes Victoria.

Après un « règlement interne », des élections générales ont lieu en avril 1979. Deux mois plus tard, l’Etat de « Zimbabwe-Rhodésie » est proclamé. Un gouvernement à majorité noire, dirigé par le vainqueur des élections, l’évêque Abel Muzorewa, est installé.

Les guérilleros ne désarment pas et la même année, Abel Muzorewa signe à Londres, avec la Grande-Bretagne et ses deux ennemis, Robert Mugabe et Joshua Nkomo, un accord aboutissant à l’indépendance.

Nouvel homme fort du pays, Robert Mugabe, séduira d’abord par une politique de réconciliation. Il instaurera ensuite un régime autoritaire et précipitera l’effondrement économique de son pays avec une violente réforme agraire. Contraint de démissionner en 2017 après trente-sept ans de pouvoir, il mourra deux ans plus tard.

Le 18 avril 1980 naissait le Zimbabwe

Lentement « l’Union Jack » glisse le long du mât. Une immense clameur s’élève dans le stade Rufaro à Salisbury. Il est un peu plus de minuit ce vendredi 18 avril 1980: le Zimbabwe est né.

Trente-six mille poitrines fêtent avec enthousiasme la montée du drapeau rouge, vert, jaune et noir, frappé de l’étoile et de l’oiseau sacré, symboles du nouvel Etat, qui a abandonné son ancien nom de Rhodésie.

Mettant fin à 90 ans de colonisation, la Grande-Bretagne accorde l’indépendance à son ancienne colonie « rebelle ». Devant une foule en délire, le Prince Charles, héritier du trône britannique, remet au président du nouvel Etat, Canaan Banana, le texte de la Constitution.

Une centaine de délégations étrangères assistent aux cérémonies. L’Afrique du sud et la plupart des pays d’Europe de l’Est ne sont pas représentés. L’Union soviétique, coupable de soutenir Joshua Nkomo, grand rival (chez les nationalistes noirs) du nouvel homme fort du pays Robert Mugabe, a failli ne pas être conviée.

Les principaux mouvements de libération comme ceux d’Afrique du Sud, le Front Polisario du Sahara occidental, et l’Organisation de libération de la Palestine sont représentés, ainsi que les pays occidentaux. Grand absent, l’ancien leader rhodésien blanc Ian Smith.

– Une colonie rebelle –

Ian Smith était devenu le 11 novembre 1965 le premier sujet britannique à déclarer unilatéralement l’indépendance d’une colonie de la Couronne, depuis les Etats-Unis en 1776.

« L’affaire rhodésienne », ne devait être réglée que quinze ans plus tard, après sept ans de guerre entre les autorités de Salisbury (aujourd’hui Harare) et les nationalistes noirs.

Pour prévenir une accession de la majorité noire au pouvoir, la minorité blanche conduite par Ian Smith (250.000 personnes contre 6 millions de Noirs) déclare l’indépendance, contre la volonté de Londres. L’initiative, jugée illégale, est condamnée par la communauté internationale.

Le pays se rebaptise « Rhodésie » (dérivé de Cécil Rhodes, explorateur et aventurier qui colonisa la région à la fin du XIXe siècle). Le gouvernement britannique conserve l’appellation « Rhodésie du sud » pour marquer la pérennité du statut de colonie. Certaines instances internationales l’appellent déjà « Zimbabwe » (nom du royaume ayant dominé cette région jusqu’à la fin du XVe siècle).

En réaction aux sanctions économiques imposées par le Royaume-Uni puis l’ONU, le gouvernement organise une semi-autarcie.

Selon Londres, la Rhodésie, enclavée, devait se soumettre tôt ou tard. C’était ignorer la capacité d’autosuffisance d’une colonie que sa population blanche (se servant d’une abondante et avantageuse réserve de main d’oeuvre noire) avait portée à un exceptionnel degré de prospérité.

– Plus de 27.000 morts –

Et c’était ignorer la conviction de son leader qui avait promis que « jamais, même dans mille ans », les Noirs ne gouverneraient.

Outre l’embargo, les Rhodésiens sont confrontés à des tentatives d’insurrection des nationalistes noirs.

Tout commence vraiment le 21 décembre 1972. A l’aube, un petit commando attaque à la roquette la ferme des Borgrave, une famille européenne vivant à Centenary (nord-est). Quelque vitres brisées, une fillette légèrement blessée: la communauté blanche y voit une escarmouche sans lendemain. C’est en fait le premier acte d’un conflit dont le bilan, sept ans plus tard, atteindra plus de 27.000 morts

Le nombre des nationalistes augmente d’année en année et les accrochages deviennent de plus en plus sévères, surtout à partir de 1975, lorsque le Mozambique voisin devient indépendant.

Mais le mouvement noir est divisé et les rivalités entre ses chefs fortes: l’Union populaire africaine du Zimbabwe (ZAPU), dirigée par Joshua Nkomo, et l’Union nationale africaine du Zimbabwe (ZANU) de Robert Mugabe ont une idéologie socialiste et exigent le transfert du pouvoir à la majorité africaine. La première, « modérée », est favorable aux négociations avec les autorités, la seconde, « radicale », défend la lutte armée.

– De difficiles négociations –

Le Conseil national africain (ANC) de l’évêque Abel Muzorewa, prône lui la non-violence.

Fin 1974, les trois tendances proclament leur unification, mais les Etats voisins favorisent Robert Mugabe, qui, à la tête de 12.000 combattants, mènera désormais la guérilla.

L’effondrement de l’empire portugais, la politique « d’ouverture » de l’Afrique du Sud et les progrès de la guérilla noire sur le terrain contraignent Salisbury à rouvrir le dossier. Ian Smith tente d’entamer un dialogue avec l’aile modérée des nationalistes. Une rencontre historique a lieu le 25 août 1975 aux chutes Victoria.

Après un « règlement interne », des élections générales ont lieu en avril 1979. Deux mois plus tard, l’Etat de « Zimbabwe-Rhodésie » est proclamé. Un gouvernement à majorité noire, dirigé par le vainqueur des élections, l’évêque Abel Muzorewa, est installé.

Les guérilleros ne désarment pas et la même année, Abel Muzorewa signe à Londres, avec la Grande-Bretagne et ses deux ennemis, Robert Mugabe et Joshua Nkomo, un accord aboutissant à l’indépendance.

Nouvel homme fort du pays, Robert Mugabe, séduira d’abord par une politique de réconciliation. Il instaurera ensuite un régime autoritaire et précipitera l’effondrement économique de son pays avec une violente réforme agraire. Contraint de démissionner en 2017 après trente-sept ans de pouvoir, il mourra deux ans plus tard.

Coronavirus: plus de 5.000 morts annoncés en Iran

Le nouveau coronavirus a fait plus de 5.000 morts en Iran, selon les chiffres officiels annoncés samedi à Téhéran, où les petits commerçants commencent à rouvrir après une longue fermeture imposée par la crise sanitaire.

Les autorités ont dénombré 73 décès supplémentaires depuis vendredi midi, ce qui porte à 5.031 le nombre total de morts dus à la maladie dans la République islamique, a déclaré le porte-parole du ministère de la Santé, Kianouche Jahanpour à la télévision.

L’Iran est de loin le pays le plus touché par la pandémie au Proche et au Moyen-Orient, mais les chiffres du gouvernement sont jugés largement sous-estimés à l’étranger ainsi qu’à l’intérieur du pays.

Selon les statistiques officielles, le nombre de nouveaux décès provoqués par le virus est apparu en baisse samedi pour le septième jour d’affilée et la propagation ralentit sa progression depuis le début du mois.

Avec 1.374 personnes infectées au cours des dernières 24 heures, le nombre de cas confirmés de contamination déclarés en Iran s’élève désormais à 80.860.

M. Jahanpour a affirmé, sans fournir de détails, que les sanctions américaines visant la République islamique avaient empêché Téhéran d’acheter des tests de dépistage à la Corée du Sud, en dépit des « affirmations mensongères (de Washington) selon lesquelles le commerce médical n’est pas visé par les sanctions ».

Mardi, un rapport du Centre de recherches du parlement iranien notait que le bilan réel des décès liés au nouveau coronavirus pourrait être supérieur de 80% aux chiffres annoncés par le gouvernement et le nombre d’infections « huit à dix fois » plus important.

Une autre critique des chiffres gouvernementaux a été publiée mercredi par le quotidien Charq citant une élue du conseil municipal de Téhéran, Nahid Khodakarami, chargée des affaires de santé publique. Selon cette dernière, le nombre de personnes qui meurent de l’épidémie serait compris, chaque jour, entre « environ 70 et plus de 100 » dans la capitale.

Le même article de Charq comprend un démenti officiel selon lequel « toute maladie respiratoire n’est pas le (nouveau) coronavirus ».

Pour éviter que l’économie iranienne ne soit anéantie par le double effet des sanctions américaines et de la crise sanitaire, le gouvernement a autorisé le 11 avril la réouverture des petits commerces dans les provinces.

La mesure est étendue depuis samedi matin à Téhéran, où nombre de petites échoppes ont rouvert, ont observé des journalistes de l’AFP.

Hong Kong: la police rafle des leaders pro-démocratie pour les manifestations de 2019

La police de Hong Kong a mené samedi une opération de grande envergure contre des leaders du mouvement pro-démocratie, arrêtant 14 personnes pour leur soutien ou leur participation aux immenses manifestations qui ont secoué la place financière asiatique l’an dernier.

Parmi les personnes interpellées figure le magnat des médias Jimmy Lai, 72 ans, fondateur du journal d’opposition Apple Daily, appréhendé à son domicile.

Les parlementaires ou ex-parlementaires Martin Lee, Margaret Ng, Albert Ho, Leung Kwok-hung et Au Nok-hin, accusés d’avoir organisé et participé à des rassemblements illégaux en août et octobre, ont également été arrêtés, a indiqué la police.

Cinq autres personnes interpellées sont soupçonnées d’avoir promu des manifestations interdites en septembre et octobre.

« Les personnes arrêtées sont accusées ou seront accusées de crimes liés » à ce genre de faits, a déclaré le commissaire Lam Wing-ho.

Les 14 interpellés comparaîtront en justice mi-mai.

Jimmy Lai avait déjà été arrêté en février pour sa participation à une manifestation en août 2019, que la police avait interdite pour des raisons de sécurité.

« J’ai fini par être arrêté. Comment je me sens? Je me sens très soulagé », a déclaré de son côté à la presse Martin Lee après avoir été libéré sous caution.

« Depuis tellement d’années, tellement de mois, tellement de jeunes gens ont été arrêtés et poursuivis, alors que je n’étais pas arrêté. Je le regrette », a ajouté l’avocat de 81 ans, qui avait créé le premier parti politique de Hong Kong où il est considéré comme le père de la démocratie.

Il a dit ne pas regretter ses actions et être fier de soutenir la jeunesse hongkongaise dans son combat pour la démocratie.

Hong Kong avait été secouée plusieurs mois en 2019 par d’immenses manifestations parfois émaillées de violences. Elles avaient été provoquées au départ par un projet de loi – désormais abandonné – prévoyant d’autoriser les extraditions vers la Chine continentale, où les citoyens disposent de moins de droits et où le système judiciaire est bien plus opaque.

– Mise en scène –

« Les arrestations aujourd’hui de leaders pro-démocratie à Hong Kong sont le coup de grâce pour le concept de +Un pays, deux systèmes+ », a estimé la directrice de Human Rights Watch pour la Chine, Sophie Richardson, faisant allusion au principe qui garantit dans la ville des libertés que n’ont pas les Chinois du continent.

« Il est difficile de prévoir les prochaines initiatives de Pékin, mais il semble bien que les dirigeants de Hong Kong vont continuer de permettre des abus plutôt que de défendre les droits des habitants de Hong Kong », a-t-elle déploré.

Les rassemblements géants de 2019 dans le territoire semi-autonome ont rapidement muté en un mouvement pro-démocratie réclamant plus de libertés, qui est devenu le plus grand défi au pouvoir de Pékin depuis que l’ex-colonie britannique est repassée dans le giron chinois en 1997.

Les manifestations et les affrontements avec la police ont progressivement cessé, en partie à cause de l’épuisement et des arrestations, mais aussi de la pandémie de coronavirus.

Les dirigeants chinois ont refusé de céder aux demandes des militants pro-démocratie, telles que l’organisation d’élections libres dans la ville, une enquête sur les violences policières durant les manifestations et une amnistie pour les plus de 7.000 personnes (dont beaucoup n’ont pas 20 ans) arrêtées pendant le mouvement.

La parlementaire pro-démocratie Claudia Mo a déclaré samedi que le gouvernement local « tente de toutes ses forces de mettre en place un règne de terreur ».

« Ils font tout ce qu’ils peuvent pour essayer de museler et de détruire l’opposition locale, mais nous restons unis », a-t-elle dit. « Il est évident que toutes leurs actions sont une mise en scène ».

Face à une demande inédite, les banques alimentaires américaines sur tous les fronts

De longues heures d’attente dans un véhicule: à cause du coronavirus, des millions d’Américains, exsangues, se tournent vers les banques alimentaires, qui multiplient les distributions avec la crainte de ne bientôt plus pouvoir faire face.

Ils étaient 1.000 véhicules à se présenter mardi à une distribution organisée par la banque alimentaire de Pittsburgh (Pennsylvanie), dont les besoins ont augmenté de 38% en mars.

En huit opérations exceptionnelles comme celle-ci, quelque 227 tonnes de nourriture ont été enfournées dans des coffres de voitures, explique Brian Gulish, le vice-président.

« Beaucoup de gens ont recours à nos services pour la première fois », dit-il. « C’est pour ça que ces files sont si longues. Ils ne connaissent pas notre réseau » de plus de 350 points de collecte dans le Sud-Ouest de l’Etat.

Partout, de La Nouvelle-Orléans à Detroit, les mêmes scènes se reproduisent, signes d’une population en détresse, privée de ressources, dans l’attente des chèques promis par le gouvernement fédéral qui commencent à arriver.

Un sommet a sans doute été atteint le 9 avril à San Antonio, au Texas, où environ 10.000 véhicules se sont présentés, certains dès la veille au soir.

« Cela fait des mois que nous n’avons plus de boulot », raconte Alana, lors d’une distribution à Chelsea, dans la banlieue de Boston. « Hier, j’ai vu une femme avec un bébé de 15 jours, deux autres enfants, un mari au chômage, et plus rien dans les placards », dit cette femme qui n’a pas voulu donner son nom de famille.

Les besoins des banques alimentaires n’ont plus rien à voir avec ceux d’avant la crise, en hausse de 30%, par exemple, à Akron, près de Cleveland dans l’Ohio.

« On a construit, sur des années, une chaîne d’approvisionnement qui pouvait répondre à certains besoins », explique Dan Flowers, directeur général de l’Akron-Canton Regional Foodbank. « L’augmenter de 30% du jour au lendemain, c’est quasiment impossible ».

D’autant que les banques alimentaires font également face aux perturbations majeures qui secoue tout le secteur agroalimentaire aux Etats-Unis.

Les consommateurs dévalisent les supermarchés, qui n’ont plus autant d’invendus à donner, tout comme les restaurants, fermés ou tournant au ralenti.

Heureusement, l’industrie agroalimentaire répond globalement présent et continue d’assurer des dons.

Les banques alimentaires, dont les 200 filiales locales du réseau Feeding America, reçoivent même quantité de livraisons exceptionnelles.

Déjà contributeur ordinaire, le géant J.M. Smucker a acheminé des palettes supplémentaires dans l’Ohio, et la distillerie Ugly Dog, du Michigan, un camion entier de gel hydroalcoolique dans des bouteilles de spiritueux, explique Dan Flowers.

– « A bout » –

Les dons affluent aussi en numéraire, de foyers anonymes ou de Jeff Bezos, première fortune mondiale, qui a offert 100 millions de dollars à Feeding America.

Sans ces dons, « ces banques alimentaires ne pourraient pas faire face à la demande », dit Dan Flowers, qui achète actuellement 35% de ses approvisionnements, contre 5% ordinairement, le reste provenant de dons en nature.

Et il ne suffit pas de s’assurer des quantités nécessaires, encore faut-il être livré, alors que les besoins de la grande distribution explosent.

Il n’est plus rare d’attendre six, voire huit semaines, pour voir arriver un camion.

La Food Bank de New York, une des grandes organisations de la métropole, n’hésite plus à augmenter les volumes commandés, explique Zanita Tisdale, « parce que si nous revenons dans une semaine, les prix pourraient avoir monté de manière significative et le délai de livraison s’allonger de façon exponentielle ».

Entre l’approvisionnement, qui s’est complexifié, et les familles, dont le nombre augmente, il y a les équipes des banques alimentaires, qui commencent à tirer la langue, après des semaines à flux tendu.

« Nos employés sont à bout », décrit Dan Flowers. « Ils travaillent tellement dur. On aimerait bien en voir la fin ».

Comme beaucoup d’autres, son organisation n’accepte plus les bénévoles, pour éviter la propagation du virus, ce qui les prive de dizaines de bras.

Pour soutenir cet effort, la Garde Nationale a envoyé des soldats dans beaucoup de points chauds.

« L’approvisionnement est encore suffisant, mais dans un mois, nous ne savons pas », prévient Brian Gulish.

Le plan de soutien exceptionnel à l’économie, voté fin mars par le Congrès, prévoit 850 millions de dollars de nourriture pour les banques alimentaires, rappelle Dan Flowers, qui espère en récolter les premiers bénéfices en juin.

« Ça nous remettra en selle », dit-il. Mais le tout est de tenir jusque-là. « Ce qui m’inquiète, ce sont les six à huit prochaines semaines ».

La pandémie galope en Afrique mais peut encore être contenue (OMS)

L’OMS s’est alarmée vendredi de la progression rapide de la pandémie de coronavirus en Afrique, tout en estimant qu’à ce stade elle pouvait encore être contenue.

« Au cours de la semaine écoulée, il y a eu une hausse de 51% du nombre de cas recensés sur mon propre continent, l’Afrique, et une hausse de 60% du nombre de décès recensés », a constaté le directeur général de l’OMS, l’Ethiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus.

« Compte tenu de la difficulté d’obtenir des kits de diagnostic, il est probable que les nombres réels soient plus élevés », a-t-il affirmé au cours d’une conférence de presse virtuelle depuis Genève.

Selon l’OMS, les pays d’Afrique ont besoin de soutien, de ressources, d’équipements, de transfert de technologies.

« Nous ne pensons pas aujourd’hui que la maladie a passé le stade de ne pouvoir être contenue. Nous pensons que beaucoup peut être fait pour limiter l’impact du virus. Et nous pensons que nous devons accélérer nos efforts alors que le nombre de cas augmente chaque jour », a estimé Michael Ryan, directeur des programmes d’urgence de l’OMS.

L’Afrique peut se prévaloir de « réelles capacités » pour y parvenir avec une « longue histoire de lutte contre les épidémies, un solide programme contre la polio », a-t-il souligné tout en reconnaissant des « contraintes », liées notamment à l’habitat, souvent dense et dans des conditions d’hygiène précaires ou d’accès l’eau limité.

« Nous ne voulons pas que vous perdiez espoir. Contenir (le virus] est possible. Ca va être un combat difficile. Le monde entier veut aider. Nous devons faire plus, nous devons permettre à plus de personnes de tester et d’identifier les cas, d’établir des centres de traitement, de nous assurer que nous puissions observer la distanciation physique, avoir des points d’eau pour se laver les mains là où il n’existe pas d’eau courante », a détaillé une autre responsable de la gestion de la pandémie à l’OMS, Maria Van Kerkhove.

Simultanément à Washington, la banque mondiale et le FMI ont indiqué qu’il manquait 44 milliards de dollars au continent pour lutter contre la pandémie.

Créanciers officiels et privés ont mobilisé ou pourraient mobiliser jusqu’à 70 milliards de dollars, mais l’Afrique a besoin de 114 milliards, selon ces institutions.

Trump a appelé à « redémarrer l’Amérique »: et maintenant ?

Donald Trump a donné jeudi le coup d’envoi au « redémarrage de l’Amérique » sans fixer de cadre clair. Que va-t-il se passer maintenant dans la première puissance économique mondiale, où le coronavirus poursuit ses ravages ?

– Etat par Etat –

Le président américain caressait le rêve d’une reprise en fanfare. « Ce serait bien de redémarrer avec un Big Bang », déclarait-il encore le 8 avril. Lundi encore, il assurait disposer d’un « pouvoir absolu » qui lui aurait permis d’imposer aux gouverneurs des mesures de déconfinement.

Mais le scénario retenu n’est pas celui-là.

S’appuyant sur des signes de ralentissement de la pandémie, Donald Trump a fixé jeudi le cap mais les gouverneurs restent à la barre. Selon l’évolution du virus dans leur Etat, ce sont eux qui décideront du calendrier et du rythme du redémarrage.

D’après le milliardaire républicain, 29 Etats relativement épargnés par le virus pourraient très rapidement – voire immédiatement – lever les premières mesures de confinement.

Les premiers devraient être les Etats les plus ruraux qui ont pris des mesures assez souples, voire aucune, comme les deux Dakota, le Wyoming ou le Nebraska.

Au Nord, dans la région des Grands Lacs, plus touchée, plusieurs Etats espèrent rouvrir partiellement leur économie d’ici deux semaines. « J’espère avoir des assouplissements le 1er mai », a ainsi déclaré vendredi avec prudence la gouverneure du Michigan.

En revanche, les Etats les plus sévèrement touchés attendront. Le confinement a été prolongé jusqu’au 15 mai dans l’Etat de New York, le plus touché avec 15.000 morts, près de la moitié du bilan total.

« On n’est pas du tout prêt » pour un déconfinement, a renchéri vendredi le gouverneur du Maryland, Larry Hogan, qui prévoit un « pic » des contaminations la semaine prochaine dans la région de la capitale Washington.

– Secteur par secteur –

« On a un plan pour faire redémarrer l’Ohio, mais ce sera graduel, une chose après l’autre », a tweeté de son côté le gouverneur Mike DeWine.

La Floride rouvrira certaines plages pendant quelques heures dès vendredi et les parcs et restaurants pourraient suivre prochainement

Dans l’Etat de Washington (nord-ouest), le géant de l’aéronautique Boeing compte reprendre graduellement la production la semaine prochaine.

En Californie, les restaurants pourraient rouvrir, mais avec un nombre de couverts réduit de moitié et des serveurs gantés, voire masqués.

Dans la capitale fédérale, les écoles ne rouvriront pas avant les vacances d’été, a prévenu la maire.

– Une reprise sous surveillance –

Les experts répètent qu’il faut pouvoir surveiller la résurgence du virus et réagir vite le cas échéant, ce qui passe par des capacités massives de dépistage et un programme efficace de traçage de leurs contacts.

Les Etats-Unis ont connu de gros couacs au début de la pandémie avec des tests insuffisants, mais ont déployé de gros efforts depuis. Plus de 3,4 millions de personnes ont désormais été testées.

« Les capacités restent insuffisantes », a cependant déploré le gouverneur démocrate de l’Etat de New York Andrew Cuomo.

Quant à l’identification des personnes ayant croisé les malades, des applications sur téléphones portables sont à l’étude. Mais Tom Frieden, ancien directeur des Centres américains de prévention et de lutte contre les maladies (CDC) estime qu’il faudra recruter massivement pour avoir environ 300.000 « traceurs de contact ».

« Leur travail sera un retour aux bases de la santé publique: parler aux gens, traiter les patients comme s’ils étaient des VIP, gagner leur confiance, les aider à se souvenir », a-t-il expliqué à l’AFP.

– Les enjeux –

Dès le début, Donald Trump a affiché son impatience face à des mesures de confinement qui plombent l’économie et handicapent sa campagne de réélection.

En début de mois, il souhaitait les lever pour Pâques. Il s’est ensuite ravisé, mais ne cesse de déplorer le coût pour les entreprises et les salariés de cette mise à l’arrêt de pans entiers du pays.

De fait, plus de 22 millions de personnes se sont inscrites au chômage au cours des quatre dernières semaines, les ventes au détail ont chuté de 8,7%, la construction immobilière de 22,3%…

Partout dans le pays, des manifestants, proches des partisans les plus à droite du président, se sont rassemblés ces derniers jours pour réclamer la fin du confinement. « Nous voulons travailler » ou « Vivre libre ou mourir »: des centaines de personnes ont ainsi défilé dans le Michigan.

Soufflant sur les braises, Donald Trump a appelé dans des tweets vendredi à « LIBERER » le Michigan, le Minnesota et la Virgina, trois Etats gouvernés par des démocrates.

Mais selon un sondage Pew publié jeudi, deux tiers des Américains se disent inquiets d’une levée des restrictions trop rapide.