Benny Gantz, main de fer et gant de velours

Ancien chef de l’armée ayant débarqué il y a un an en politique, le centriste Benny Gantz se veut pragmatique et rassembleur, deux qualités dont il aura besoin pour tenter de former un gouvernement, après sa désignation par le président israélien lundi.

A 60 ans, le chef de « Bleu-Blanc », formation qui rassemble des élus des deux bords, a reçu le soutien de 61 élus, plus que l’inamovible Benjamin Netanyahu, Premier ministre depuis plus d’une décennie.

La mission de M. Gantz, désormais: mettre fin à la plus grave crise politique de l’histoire d’Israël.

Ce père de quatre enfants, à l’attitude décontractée et abordable, n’avait aucune expérience politique lorsqu’il s’est jeté dans l’arène il y a un an pour former Kahol Lavan -« Bleu-Blanc » en français, les couleurs du drapeau israélien.

Mais en fédérant les opposants à M. Netanyahu, il a réussi à rivaliser aux législatives d’avril, puis à celles de septembre 2019.

Lors du 3e scrutin du 2 mars, son parti a paradoxalement reculé, obtenant 33 sièges contre 36 pour le Likoud du Premier ministre sortant, mais Benny Gantz a reçu au final le soutien de 61 députés, contre 58 pour M. Netanyahu.

Son but est clair: chasser Benjamin Netanyahu, inculpé pour corruption et dont le procès, repoussé pour cause de pandémie mondiale, est désormais prévu dans deux mois.

« Le monde doit savoir que nous sommes pragmatiques et voyons uniquement le bien de l’Etat sans se préoccuper d’intérêts personnels », argue M. Gantz, disant vouloir restituer un sens de « l’honneur » à la fonction de Premier ministre.

Pur « sabra » –terme désignant les juifs nés en Israël–, ce fils d’immigrants rescapés de la Shoah est né le 9 juin 1959 à Kfar Ahim, un village du sud.

En 1977, il rejoint l’armée. Parachutiste, il gravit les échelons et obtient le grade de général en 2001 avant de devenir chef d’état-major de 2011 à 2015.

Dans un pays où l’armée est fédératrice, cet homme de 1,95 m aux yeux bleus bénéficie d’une aura conférée par ses faits d’armes et son rang d’ancien commandant des armées.

« Il n’a pas laissé de traces indélébiles dans l’armée, mais a conservé une image de stabilité et d’honnêteté », selon Amos Harel, journaliste spécialiste des affaires militaires au quotidien Haaretz.

S’il propose une vision plus libérale de la société que M. Netanyahu, et souhaite mettre en place un gouvernement laïc favorable au mariage civil, ce qui n’est pas d’usage en Israël, il soigne, comme le Premier ministre, son image de faucon.

Il affirme vouloir conserver le contrôle militaire israélien sur la majeure partie de la Cisjordanie occupée, annexer la vallée du Jourdain et mettre fin aux attaques à partir de Gaza.

Lors de la dernière guerre dans l’enclave contrôlée par les islamistes palestiniens du Hamas (2014), c’est lui qui était aux commandes et s’est targué du nombre de « terroristes » tués dans un clip de campagne, sans évoquer les victimes civiles.

Il a accusé le gouvernement actuel de « faire trop de concessions » et promis d’imposer « une politique de dissuasion » contre le Hamas à qui Israël a livré trois guerres depuis 2008.

Cultivant son image de « dur à cuire », M. Gantz a multiplié les appels du pied en direction de l’électorat de droite, poussant M. Netanyahu à le qualifier de « pâle imitation ».

Benny Gantz est titulaire d’une licence d’histoire de l’université de Tel-Aviv, d’un master en Sciences politiques de l’université de Haïfa (nord) et d’un master en gestion de ressources nationales de la National Defense University aux Etats-Unis.

Soutenu à la fois par la Liste unie des partis arabes israéliens et par le nationaliste Avigdor Lieberman, qui a par le passé refusé de participer à un gouvernement soutenu par les partis arabes, M. Gantz arrivera-t-il à former un gouvernement stable?

L’ancien militaire avait un temps écarté un scénario: celui d’un gouvernement d’union avec Benjamin Netanyahu à sa tête, l’inculpation du Premier ministre sortant le disqualifiant à ses yeu. Avant de finalement l’appeler à le rejoindre dans le gouvernement qu’il entend former.

Patrick Le Lay, un patron emblématique au tempérament inflexible

A la tête de TF1 pendant 20 ans, artisan de la privatisation de la chaîne rachetée par le groupe Bouygues en 1987, Patrick Le Lay, décédé mercredi à l’âge de 77 ans, a laissé l’image d’un patron énergique mais aux propos controversés.

Entré chez Bouygues en 1981, cet ingénieur en travaux publics est nommé trois ans plus tard pour mener la diversification du groupe. Après l’annonce de la prochaine mise en vente de TF1, Patrick Le Lay prépare pendant un an, avec minutie, le dossier de candidature de son employeur, ignorant la rumeur qui donne favorite la maison d’édition Hachette de Jean-Luc Lagardère.

Lorsque Bouygues rafle la mise, ce Breton austère découvre les moeurs flamboyantes de la télévision, très éloignées de celles du BTP. La plupart des stars quittent TF1 pour la Cinq, le navire tangue.

Peu à peu, avec le vice-président du groupe Etienne Mougeotte, il redresse la barre et transforme TF1 en machine à faire de l’audience et engranger les recettes publicitaires.

La chaîne s’installe comme leader incontesté de la télévision en France, une position qu’elle conserve encore aujourd’hui malgré une concurrence démultipliée.

Grâce à une gestion rigoureuse et un incontestable savoir-faire en matière de programmation, privilégiant les programmes populaires et réservant une place de choix à la télé-réalité, il laisse en 2007 à son successeur Nonce Paolini une société en excellente forme financière, réalisant une part d’audience de 31,6%.

Au sein de la rédaction, c’est « un homme de poigne » dont les seuls contacts avec les journalistes de base ont eu lieu « pendant l’existence éphémère de la Société des journalistes », rapporte un ancien journaliste de TF1.

Aux protestations de la SDJ après la coupure brutale, par la publicité, d’une conversation entre deux Prix Nobel lors d’un 20H00 en octobre 1992, il répond par le poétique: « Je me fous de vos cartes de presse. Aujourd’hui, même les putes sont encartées ».

Et personne n’a oublié ses paroles sur « le temps de cerveau disponible », des déclarations sorties de leur contexte, s’était-il ensuite défendu.

– Attaché à la Bretagne –

« Très grande tristesse d’apprendre la mort de Patrick Le Lay. Un vrai patron, un concurrent redoutable », a réagi mercredi sur Twitter le président du directoire du groupe M6 Nicolas de Tavernost.

« C’était un homme de conviction, parfois rude mais toujours attaché aux autres », a déclaré pour sa part sur le même réseau le PDG du groupe Bouygues, Martin Bouygues.

L’actuel PDG du groupe TF1 Gilles Pélisson a salué dans un communiqué « un visionnaire pour le monde de la télévision moderne, un grand chef d’entreprise et un entrepreneur audacieux ».

Les erreurs de jugement de Patrick Le Lay sont peu nombreuses. Mais en 2002, il jugeait « quasi nulles » les chances de succès de la télévision numérique terrestre (TNT), qu’il qualifiait de projet « marxiste ».

TF1 a donc fait des débuts timides dans la TNT, privilégiant au départ la télévision payante avec TMC rachetée avec AB Groupe et NT1 (devenue TFX).

Le groupe français laisse également passer en 2003 l’occasion de s’implanter en Allemagne, lors du démantèlement de l’empire de Leo Kirch.

Enfin, dans la lutte qui l’opposait à Canal+ dans le domaine de la télévision payante, c’est Canal+ qui a remporté la mise en rachetant fin 2005 TPS, l’ancien bouquet satellitaire détenu alors majoritairement par TF1.

Sa gestion sera seulement mise en cause lorsqu’il est personnellement condamné en appel, en 2013, pour avoir abusé des contrats à durée déterminée de mai 2002 à mai 2003, une première pour un patron de l’audiovisuel français.

Après son départ de TF1 en 2010, Patrick Le Lay s’était allié avec son ami François Pinault et dirigé le fonds d’investissement Serendipity spécialisé dans les paris sportifs. Très attaché à la Bretagne, il avait aussi présidé le club de football du Stade Rennais au début des années 2010.

A Paris, le coronavirus met un coup d’arrêt à l’animation du week-end

Berges de Seine fermées, Montmartre vidée, grandes artères exsangues… La vie dans les rues parisiennes a connu un coup d’arrêt au premier week-end de confinement contre la propagation du coronavirus, à l’exception des commerces autorisés, dernières poches d’activité visibles.

La Place de la République et son ballet quotidien de skatteurs, vélos et autres promeneurs s’est transformée en grande dalle vide, parfois perturbée par des passants, alpagués par les policiers leur demandant leur attestation de déplacement dérogatoire.

« D’habitude, le week-end avec ma copine, on va voir des amis, on mange dehors, on sort dans des bars, on se balade sur les quais… On aime bien passer notre week-end dehors », raconte Charles Colle. Ce samedi, ce sera lecture, films et cuisine.

« On fait des plats plus élaborés, d’habitude, on est moins créatifs », poursuit le jeune homme. « Hier j’ai fait un curry vert, là je vais préparer un ragoût à base de porc », détaille-t-il alors qu’il s’apprête à aller faire ses courses.

Les enseignes alimentaires, autorisées à rester ouvertes, constituent les principales poches de vie extérieure restantes dans la capitale. Les habitants s’y dirigent, le pas plus ou moins pressé, certains portant des masques et en ayant en tête la « distanciation sociale » de vigueur en temps de propagation du virus.

Avec la règle du mètre de distance à respecter entre chaque personne, certaines files d’attente atteignent des dizaines de mètres.

« J’en ai pour deux heures d’attente là », témoigne Christopher Andrain, développeur informatique, venu récupérer des oeufs et d’autres produits frais commandés en ligne auprès d’une enseigne spécialisée dans les produits fermiers.

-« Du jamais vu »-

A Barbès, quartier populaire du nord de la capitale (18e arrondissement), l’accès au marché est filtré. Les policiers contrôlent un par un les attestations de déplacement et réclament un justificatif de domicile pour s’assurer que les personnes vivent bien dans le quartier.

« 30% de la clientèle de ce marché vient de très loin, on essaye de casser cette dynamique. Dorénavant, il y a une seule file pour accéder au marché et il n’y a que les étals alimentaires », explique une fonctionnaire de la préfecture de Paris.

« L’objectif est de préserver ce marché populaire qui est le plus fréquenté de Paris », ajoute-t-elle. En temps normal, près de 5.000 clients y affluent.

« Heureusement que le marché reste ouvert, j’ai un budget limité et si je fais mes courses ailleurs je le dépasse, je ne peux pas me le permettre », confie Hassan, qui vient une fois par semaine faire ses courses.

Au niveau du canal Saint-Martin (10e arrondissement), noir de monde il y a encore une semaine, seuls quelques joggeurs s’aventurent désormais sur les quais.

« Mesdames, messieurs en raison de l’épidémie du coronavirus, nous vous demandons de ne pas rester sur les lieux et de rentrer chez vous », martèle un agent de la sécurité municipale muni d’un mégaphone, en passant en voiture aux abords du canal.

Autour des Buttes-Chaumont, des dizaines de jogggeurs courent le long des grilles du parc fermé. Entre les coureurs, Richard, 55 ans, impassible, poursuit sa séance de Tai-Chi: « normalement, je la fais plusieurs fois par semaine dans le parc mais je ne peux plus, donc j’essaye de m’en rapprocher le plus possible pour garder l’ambiance des Buttes et sa nature », poursuit-il, son attestation dans la poche.

Les lieux plus touristiques de la capitale sont aussi à l’arrêt. Les Champs-Elysées affichaient un grand calme samedi à la mi-journée et les berges de Seine, fermées pour le week-end, étaient totalement désertées.

Le calme plat ressenti sur les grandes artères de la ville tranche avec les bruits habituels de circulation et de vie sociale animée.

Si la plupart des habitants ont dû se contraindre à changer drastiquement leurs habitudes, certains y voient des bons côtés. Pour François, retraité et habitant de Montmartre, « ça a quelques avantages. Je retrouve mon quartier, vidé de ses touristes, du jamais vu. C’est calme et agréable ».

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Coronavirus: les nouvelles mesures en vigueur en France

De nouvelles mesures destinées à lutter contre la propagation du coronavirus sont entrées en vigueur mardi en France. Voici les principales:

– Urgence sanitaire et sanctions –

Un « état d’urgence sanitaire » entre en vigueur pour une durée initiale de deux mois.

Une loi publiée mardi au Journal officiel permet au gouvernement de restreindre ou d’interdire la circulation, d’adopter des mesures de confinement ou de quarantaine, de limiter les rassemblements, d’ordonner la fermeture provisoire d’établissements et d’entreprises, de contrôler les prix de certains produits et de réquisitionner les personnes, biens et services nécessaires pour lutter contre la pandémie.

Ces mesures sont assorties de sanctions sévères: amende de 135 euros en cas de non-respect des règles de confinement, portée à 1.500 euros en cas de récidive « dans les 15 jours ». Dans le cas de « quatre violations dans les trente jours », la peine est portée à « 3.700 euros d’amende et six mois de prison au maximum ».

– Déplacements –

En vertu d’un décret publié également mardi, tout déplacement de personne hors de son domicile est interdit.

Des exceptions sont prévues pour:

– les trajets domicile-travail et déplacements professionnels ne pouvant être différés

– les déplacements pour effectuer les achats de première nécessité ou nécessaires à l’activité professionnelle

– les déplacements pour motifs de santé qui ne peuvent être différés

– les déplacements pour motif familial impérieux, pour l’assistance aux personnes vulnérables et pour la garde d’enfants

– l’exercice d’une activité physique individuelle, dans la limite d’une heure par jour et dans un rayon maximal d’un kilomètre autour du domicile

– les promenades entre personnes vivant au même domicile ou pour les besoins des animaux de compagnie, également limitées à une heure par jour et dans un rayon d’un kilomètre

– les déplacements pour répondre à une convocation de la police, de la gendarmerie, de la justice, ou pour participer à des « missions d’intérêt général » à la demande de l’administration.

Quiconque prétend bénéficier d’une de ces exemptions doit se munir d’une attestation.

– Transports et livraisons –

– Dans les autobus comportant plusieurs portes, les voyageurs ne peuvent monter par la porte avant. La vente de billets à bord est suspendue.

– Des règles d’hygiène et de « distanciation sociale » strictes sont fixées pour les transports de marchandises. Les livraisons sont également encadrées: pas de contact entre les personnes, pas de signature d’accusé de réception, les colis doivent être laissés devant la porte du destinataire, etc.

– Jusqu’au 15 avril, sont interdits les voyages en avion entre la métropole et La Réunion, Mayotte, les Antilles et la Guyane, sauf dérogations.

– Jusqu’au 15 avril, les navires de croisière et les navires transportant plus de 100 passagers ne peuvent plus faire escale dans les ports français, sauf dérogations.

– Marchés –

« La tenue des marchés, couverts ou non et quel qu’en soit l’objet, est interdite », précise le décret.

Les préfets peuvent toutefois autoriser certains marchés alimentaires répondant « à un besoin d’approvisionnement de la population » s’ils accueillent moins de 100 personnes simultanément.

– Cultes –

Les lieux de culte peuvent rester ouverts mais tout rassemblement en leur sein est interdit, à l’exception des cérémonies funéraires dans la limite de 20 personnes.

– Masques et gels –

Le décret limite les prix des gels hydro-alcooliques et réquisitionne les masques de protection respiratoire détenus par « toute personne morale », pour en garantir l’accès prioritaire aux professionnels de santé.

Un arrêté précise que des masques issus du stock national peuvent être distribués gratuitement aux professionnels de santé et aux personnes intervenant auprès de personnes âgées ou handicapées.

Foot: Michel Hidalgo en bref

Michel Hidalgo, décédé jeudi à l’âge de 87 ans, en bref:

Nom: Hidalgo

Prénom: Michel

Nationalité: française

Date de naissance: 22 mars 1933

Lieu de naissance: Leffrinckoucke (Nord)

Discipline/poste: football/attaquant, puis entraîneur

Carrière de joueur: US Normande (1947-1952), Le Havre (1952-1954), Reims (1954-1957), Monaco (1957-1966)

Equipe de France: 1 sélection

Unique sélection: 05/05/62, France-Italie (1-2)

Palmarès de joueur:

3 Championnats de France (1955, 1961, 1963)

2 Coupes de France (1960, 1963)

Finaliste de la Coupe d’Europe des clubs champions (1956)

Carrière d’entraîneur: Monaco (réserve, 1967-1968), Menton (1968-1969), Monaco (réserve, 1969-1970)

Carrière de sélectionneur: Equipe de France (adjoint, 1972-1976), Equipe de France (1976-1984)

Palmarès de sélectionneur:

1 titre de champion d’Europe (1984)

Quatrième place de Coupe du monde (1982)

Keir Starmer, nouveau visage modéré et europhile de l’opposition britannique

En portant Keir Starmer à leur tête, les travaillistes britanniques ont choisi une figure modérée et europhile, un ancien avocat spécialisé dans la défense des droits de l’Homme, pour mener l’opposition dans le Royaume-Uni de l’après-Brexit.

Elu à une large majorité samedi, cet homme de 57 ans au visage carré a réussi à rallier les centristes du parti, tout en parvenant à conserver le soutien des partisans de son prédécesseur, le très à gauche Jeremy Corbyn.

Keir Starmer a réussi ce pari en ne jetant aux orties ni le programme – qui prévoit des nationalisations massives – ni le radicalisme de l’ancien chef de parti travailliste, qui a subi aux élections législatives du 12 décembre une défaite sans commune mesure depuis 1935, notamment en raison du manque de clarté de sa position sur le Brexit.

Chargé depuis 2016 au sein du parti de cette question qui a déchiré le pays pendant plus de trois ans, Keir Starmer s’est nettement démarqué de la ligne attentiste de Jeremy Corbyn, en se prononçant pour un nouveau référendum et surtout pour le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne.

Juste après le vote qui a vu le « leave » l’emporter à 52% en juin 2016, il a fait partie du mouvement de rébellion au sein du Labour contre Jeremy Corbyn, étrillé pour sa molle campagne pour le maintien dans l’UE.

Keir Starmer devra rassembler et mener à la victoire un parti éclaté par les divisions, qui a perdu les clés de Downing Street au profit des conservateurs depuis dix ans.

Il devra aussi assainir un parti gangréné par l’antisémitisme, que Jeremy Corbyn est accusé au mieux de ne pas avoir assez combattu, au pire d’avoir laissé complaisamment prospérer. C’est d’ailleurs l’un des engagements qu’il a pris sitôt élu, s’excusant de cette « tache » sur le parti.

Ni corbyniste ni blairiste (du nom de l’ancien Premier ministre Tony Blair, au libéralisme assumé), Keir Starmer déclarait en décembre au Guardian : « Je n’ai pas besoin du nom de quelqu’un d’autre tatoué sur le front pour savoir ce que je pense ».

« Starmer va être le bureaucrate compétent, celui qui fait les choses. (…) Il demandera au gouvernement de rendre des comptes », estime Steven Fielding, professeur d’histoire politique à l’université de Nottingham, interrogé par l’AFP.

– Défenseur puis accusateur –

Selon Andrew Rawnsley, éditorialiste de l’hebdomadaire de gauche The Observer, « beaucoup s’interrogent sur sa capacité à inspirer ».

Sérieux, parfois même décrit comme terne face à un Boris Johnson, au pouvoir depuis juillet, et haut en couleurs, Keir Starmer a plus un profil de juriste que de politique pur jus.

Il n’est d’ailleurs membre du Parlement que depuis 2015, élu dans la circonscription de Holborn et Saint-Pancras à Londres. Dans la foulée de la démission d’Ed Miliband après la défaite des travaillistes – la pire depuis 1987 – les proches de Keir Starmer le pressent de se lancer dans la course à la tête du parti. Faute d’expérience, il refusera et apportera son soutien à Andy Burnham, battu par Jeremy Corbyn.

Né le 2 septembre 1962, Keir Starmer avait pour camarade d’école le DJ Fatboy Slim, avec qui il prenait des cours de violon.

Son père était tourneur-ajusteur, sa mère, infirmière souffrant d’une grave maladie auto-immune, ce qui l’a amené à fréquenter les hôpitaux depuis sa jeunesse. Son épouse, avec qui il a deux enfants, travaille pour le NHS, le service public de santé britannique, qui a été au coeur de sa campagne.

Après des études de droit, à Leeds puis Oxford, il devient avocat et se spécialise dans la défense des droits de l’Homme. C’est ainsi qu’il mènera des batailles judiciaires contre la peine de mort dans les Caraïbes ou défendra des salariés de McDonald poursuivis pour avoir critiqué l’enseigne.

En 2008, il passe de défenseur à accusateur, en prenant la tête du parquet d’Angleterre et du Pays de Galles, poste qu’il occupera jusqu’en 2013.

Pendant cette période, il mène les poursuites contre des députés abusant de leurs frais de mandats, mais essuie des critiques pour avoir initialement refusé d’engager des poursuites contre un policier dans l’affaire de la mort d’un vendeur de journaux lors des manifestations de 2009 lors du G20 à Londres.

Fan d’Arsenal, il est passionné de foot, et joue tous les week-ends.

GB: les précédentes allocutions d’Elisabeth II

La reine Elisabeth II, qui s’est exprimée dimanche soir lors d’une allocution télévisée exceptionnelle à propos de la crise du nouveau coronavirus, s’est très rarement adonnée à cet exercice durant son règne.

Voici les précédents, hors allocutions de Noël:

– 1991: guerre du Golfe –

Le 24 février 1991, la reine s’adresse aux Britanniques à la mi-journée, sur toutes les radios et télévisions, pour la première fois en temps de guerre, afin d’évoquer la « fierté de la Grande-Bretagne en ses forces combattant dans le Golfe ».

« Au moment où, avec nos alliés, elles (nos forces) sont confrontées à un défi nouveau et plus difficile, je souhaite que nous puissions unir nos prières pour que leur succès soit aussi rapide qu’il est certain, et qu’il soit obtenu avec aussi peu de pertes en vies humaines et de souffrances que possible », dit-elle, souhaitant « que leur courage soit alors récompensé par une paix juste et durable ».

– 1997: hommage à Diana –

Le 5 septembre 1997, un jour avant les funérailles de la princesse Diana décédée dans un accident à Paris, la reine lui rend un hommage appuyé à la télévision dans une allocution en direct depuis le palais de Buckingham.

Cette intervention avait été annoncée la veille, après une virulente campagne de presse lui reprochant de ne pas s’associer à la douleur de ses sujets.

« Je veux rendre hommage à Diana elle-même. C’était un être humain exceptionnel et talentueux. Dans les bons comme dans les mauvais moments, elle n’a jamais perdu sa capacité à rire et à sourire, ni celle à insuffler aux autres sa chaleur et sa gentillesse », dit-elle notamment à propos de la « princesse du peuple », avec qui ses relations étaient notoirement difficiles.

– 2002: le décès de la reine-mère –

Le 8 avril 2002, la reine Elisabeth II se dit « profondément touchée » par l’hommage rendu à la reine-mère, décédée le 30 mars, par les dizaines de milliers de Britanniques qui ont défilé devant son cercueil depuis plusieurs jours.

Dans un message enregistré au château de Windsor (ouest de Londres), retransmis en début de soirée par les télévisions et les radios, elle remercie ses sujets pour leur soutien.

« Depuis que ma chère mère est décédée il y a plus d’une semaine, j’ai été profondément touchée par le débordement d’affection qui a accompagné sa mort », explique la reine, vêtue de noir.

« Je vous remercie également de tout mon coeur pour l’amour que vous lui avez porté pendant sa vie et pour l’honneur que vous lui faites aujourd’hui dans la mort », ajoute-t-elle.

– 2012: jubilé de diamant –

Le 5 juin 2012, la reine s’exprime dans un message pré-enregistré, à la télévision et à la radio, au terme de quatre jours de festivités, pour témoigner de sa « profonde » émotion face à l’immense élan populaire suscité par les cérémonies de son jubilé de diamant.

« Je me suis sentie humble face aux événements auxquels j’ai assistés à l’occasion de mon jubilé de diamant (60 ans de règne, NDLR). Cela m’a profondément émue de voir ces milliers de familles, voisins et amis faire la fête dans cet esprit de liesse », déclare-t-elle.

En robe bleu pâle, elle s’exprime depuis une pièce du palais de Buckingham, avec en arrière-plan un portrait officiel du prince William, deuxième dans l’ordre de succession, avec son épouse Kate.

Jacques Calvet, le patron médiatique qui a sauvé PSA de la faillite

Jacques Calvet, décédé jeudi à l’âge de 88 ans, a dirigé le constructeur automobile PSA (Peugeot, Citroën) durant 14 ans, sauvant le groupe de la faillite dans les annés 1980 au prix de dures restructurations qui ont forgé sa notoriété.

En 1985, Jacques Calvet, homme au caractère entier, réputé inflexible, est une star des médias. Arrivé à la tête de Peugeot et Citroën trois ans plus tôt, il a sauvé un pilier de l’industrie française que beaucoup pensaient condamnés, grâce à des voitures emblématiques.

Du côté de la marque au lion, la citadine 205 et bientôt la berline 405 sont des succès retentissants. Le logo aux chevrons renaît avec la BX.

Ce diplômé de l’ENA, où il a côtoyé Jacques Chirac, devenu son ami, et Michel Rocard qu’il tutoie, est alors l’un des patrons les plus médiatiques du pays. Il est un des rares hommes d’affaires à être invité sur les plateaux des grandes émissions télévisées. Il aura même droit à sa marionnette dans l’émission des Guignols de Canal Plus.

L’homme qui a commencé sa carrière comme auditeur à la Cour des comptes en 1957 puis, deux ans plus tard, au cabinet de Valéry Giscard d’Estaing, alors secrétaire d’État aux Finances, est aussi un haut fonctionnaire et un politique qui a bataillé contre la gauche au pouvoir en France à partir de 1981.

Directeur général, puis PDG de la banque BNP à partir de 1979, après avoir quitté l’administration au moment de l’élection de Giscard d’Estaing comme président de la République, il est évincé en février 1982 par la gauche qui nationalise l’établissement financier.

Il est appelé par la famille Peugeot et arrive à la tête du constructeur au moment où celui-ci traverse la plus grave crise de son histoire.

Son passage se résume simplement, souligne Jean-Louis Loubet, historien et spécialiste de l’automobile: en 1982, le groupe a 30,5 milliards de francs de dettes, lorsque Jacques Calvet le quitte en 1997, elles ont été divisés par près de dix et PSA s’est imposé comme l’un des grands acteurs du marché européen.

« Il réussit à restructurer avec une politique efficace avant tout financière », résume M. Loubet.

– Adversaire des socialistes –

La potion est amère, tant pour la famille Peugeot qui voit son contrôle dilué après trois augmentations de capital, que pour les salariés, dont il réduira le nombre de plus de moitié, au terme de fermetures de sites accompagnées de grèves dures.

Il échoue cependant à faire de PSA le numéro un en Europe et laisse filer chez Renault un projet du constructeur Matra qui donnera naissance à l’Espace, un modèle qui fera pendant de longues années le bonheur de la marque au losange.

L’homme ne fait pas l’unanimité. Il est vu comme quelqu’un d’intransigeant. Roland Peugeot, alors président du conseil de surveillance, le décrit comme n’étant « pas souple de nature ».

Dans le sauvetage de PSA, il affronte le gouvernement socialiste de l’époque. « Vous êtes mon plus dangereux adversaire », lui glisse le président François Mitterrand.

Il se heurte aussi aux syndicats, notamment pendant les grèves de 1989 pour des augmentations de salaires. La publication de sa rémunération par Le Canard Enchaîné en pleine paralysie des usines n’arrange pas les choses.

« C’est bizarre, ce besoin de toujours gouverner avec la haine », dira de lui Raymond Lévy, alors PDG de Renault.

Dans les années 1990, il se lance dans une croisade politique contre la monnaie unique européenne. En 1995, celui qui se revendique conservateur évoque même la possibilité de se présenter pour devenir président de la République. Souvent tenté par la politique, il n’aura finalement jamais franchi le pas, ce qu’il regrettera plus tard.

Son engagement politique, assorti de propos très clivants contre les technocrates de Bruxelles, auront tout de même poussé la famille Peugeot à prendre ses distances et à bloquer son accession au conseil de surveillance du groupe en 1997.

« L’homme a trois facettes, à défaut d’avoir eu trois carrières: haut fonctionnaire, patron et homme politique », résume M. Loubet.

Issu d’une famille intellectuelle parisienne et protestante -son père normalien enseignait la philosophie au lycée Henri IV-, Jacques Calvet a eu trois enfants avec son épouse Françoise.

Gabon : voici la démarche à suivre pour bénéficier de la mesure de Gratuité de l’eau et de l’électricité

En application des mesures gouvernementales sur la gratuité des consommations d’eau et d’électricité pour les ménages les plus vulnérables, la Direction générale de la SEEG a publié un communiqué indiquant la démarche à suivre pour bénéficier de cette mesure exceptionnelle.

Le communiqué indique que les principaux bénéficiaires sont les clients qui ont souscrit un abonnement d’électricité au tarif social pour une puissance de 1 à 6 KW et tous les clients particuliers en eau.

Pour ce qui est de l’eau, la SEEG indique que les compteurs seront crédités d’un montant forfaitaire de 15 000 FCFA et 20 000 FCFA pour les compteurs d’électricité basse tension classique et Edan.

Ce dernier, étant un compteur à prépaiement, la Direction de la SEEG invite les abonnés concernés par la mesure d’aller dans le site : http://edan.seeg-gabon.com/seeg ou d’appeler gratuitement le 14 42.

Pour cela, il faudra disposer d’un ordinateur connecté, d’une tablette ou d’un smartphone. Après connexion, il faut saisir le numéro de son compteur pour obtenir un code.

Accompagnement des entreprises : le CLR se demandé si ces mesures sont-elles une façon de faciliter à l’emprunt auprès des banques

Le délégué général du Centre des libéraux réformateurs (CLR) a formulé une série d’interrogations quant à l’accompagnement des entreprises, en cette période de crise du coronavirus.

Nicole Assélé s’est notamment demandé si ces mesures n’étaient pas en fait des «facilités à l’emprunt auprès des banques».

Visant à aider les entreprises à supporter le choc économique lié à la crise du coronavirus, les mesures d’accompagnement du ministère de l’Économie ont attiré l’attention du délégué général du Centre des libéraux réformateurs (CLR).

Dans un post sur sa page Facebook, le 14 avril, Nicole Assélé s’est lancée dans de profondes interrogations autour de ladite assistance de l’État aux opérateurs économiques.

«Après avoir entendu le ministre de l’Économie, et en consultant les fiches à remplir à l’effet de bénéficier de cette assistance spéciale, on se pose la question de savoir s’il s’agit vraiment de l’aide proprement dite et telle qu’indiquée par le président de la République, ou s’il n’est pas plutôt question de facilités à l’emprunt auprès des banques», se demande Nicole Assélé.

Parmi les mesures de soutien aux entreprises en cette période de crise, figure en effet le «financement d’urgence des entreprises». Le ministre de l’Économie aurait-il travesti l’accompagnement des entreprises tel que pensé par d’Ali Bongo ? C’est ce que semble dire le délégué général du CLR, en parlant de facilités à l’emprunt des entreprises auprès des banques.