Par Hicham Alaoui — Le Centre international de la recherche sur la prévention des enfants soldats a été inauguré, jeudi à Dakhla au sud du Maroc, par le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita en compagnie des chefs de diplomatie des Comores, de la Gambie et de la Somalie ainsi que la Secrétaire d’Etat à la coopération internationale de la Guinée Bissau.
Cette structure internationale a pour missions de sensibiliser et de mettre en œuvre des solutions fondées sur l’action pour mettre fin à l’utilisation d’enfants soldats. Grâce aux recherches académiques, aux partenariats, aux collaborations et à l’engagement direct dans des programmes holistiques, le Centre développe et déploie des stratégies pour combattre toutes les formes d’embrigadement des enfants.
Pour combler les lacunes dans la prévention et la lutte contre le phénomène des enfants soldats, le Centre lance un programme pilote étalé sur trois ans. L’initiative est un effort multidisciplinaire qui s’attaque à l’exploitation et à l’utilisation d’enfants soldats dans les conflits armés. L’objectif est de mettre en place un système capable de traiter de manière efficace, efficiente et équitable les cas de recrutement d’enfants soldats, de protéger les victimes et de s’attaquer aux causes profondes de cette exploitation.
Dans le but d’augmenter le nombre d’enquêtes, de poursuites et de condamnations, tout en assurant une véritable réinsertion des enfants soldats, le Centre se lance également dans une évaluation et un recensement d’enfants-soldats non référencés, tout en engageant des solutions innovantes pour faire face à l’exploitation des enfants dans les conflits armés.
Aussi, et dans un souci de disséminer les données à large échelle tant quantitatives que qualitatives, le Centre se focalisera notamment sur des recherches portant sur le continent africain.
Aujourd’hui, les enfants participent à près de 75% des conflits dans le monde tandis que plus de 460 millions d’entre eux vivent dans des zones de conflits.
Les enfants soldats sacrifient leur jeunesse dans des systèmes de violence en construisant leurs valeurs et leurs identités sous la direction de groupe armés. Ils deviennent des vecteurs et violence et de terrorisme plutôt que des citoyens capables de construire une paix durable.
S’exprimant à l’ouverture d’une conférence initiée par le Centre international de recherches sur la prévention des enfants soldats, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a souligné que l’embrigadement des enfants, forcé par le « polisario » et encouragé par l’Algérie, dans les camps de Tindouf, alimente l’instabilité en Afrique du Nord et dans le Sahel.
Le ministre a mis l’accent sur la corrélation entre l’absence de gestion des camps de Tindouf et le recrutement d’enfants-soldats, notant que le pays-hôte doit assumer la plénitude de sa responsabilité internationale imprescriptible, notamment au regard de la sécurité et de la protection des enfants vivant sur son territoire.
L’endoctrinement et l’enrôlement des enfants par les milices armées du « polisario » constituent un crime inhumain, et un déni des droits élémentaires des enfants embrigadés, ainsi qu’une violation flagrante des résolutions adoptées par le Conseil de Sécurité en la matière, a-t-il fustigé.
De même, il a fait savoir que le Maroc est, effectivement, un acteur majeur du maintien et de la consolidation de la paix, rappelant que le Royaume participe depuis 1960 aux missions de maintien de la paix, sur tous les continents, d’autant plus qu’il est classé parmi les 11 premiers pays contributeurs en casques bleus dans le monde, avec 1702 casques bleus déployés en Afrique (MINUSCA, MONUSCO et UNMISS).
Par ailleurs, M. Bourita a souligné que le choix de Dakhla pour abriter le Centre international de recherches sur la prévention des enfants-soldats, est une reconnaissance du rôle du Maroc en tant que pourvoyeur de paix, de sécurité et de stabilité.
A travers ce Centre, le Maroc souhaite apporter sa pierre à l’édifice, en contribuant au débat par la formulation de propositions concrètes à la faveur du continuum sécurité-développement et la coordination des efforts de la communauté internationale, selon une approche plurielle, à la fois globale et locale, académique et politique, théorique et pratique, alliant lutte et prévention, a-t-il soutenu.
De même, il a affirmé que l’objectif du Centre est de fournir des données précises, qualitatives et quantitatives afin de formuler une action informée par la recherche académique.
Le Maroc appelle aussi à mettre fin à l’impunité des personnes responsables du recrutement et de l’utilisation criminelle d’enfants et d’autres violations graves, en soutenant la surveillance et la communication systématiques par les Nations Unies des violations des droits de l’enfant dans les conflits, a-t-il ajouté.