Les représentants des partis politiques de l’opposition, de la société civile et des personnalités indépendantes de l’opposition ont rendu public mardi 22 décembre dernier, une déclaration commune invitant les députés de faire barrage à cette « réforme inique et rétrograde » et à la population de « barrer la route au plan machiavélique qui transparaît de ce tripatouillage de la Constitution ».
Par ici l’intégralité de la déclaration de l’opposition gabonaise lue au siège du Rassemblement pour la patrie et le modernité (RPM), Laurent Angue Mezui, président du Rassemblement pour le Gabon (RPG)
Les partis politiques de l’opposition, les personnalités politiques et de la société civile, ci-après dénommés les signataires, ont pris connaissance du projet actuel de révision de la Constitution.
Les signataires fustigent la banalisation de la Constitution, laquelle est normalement le socle de notre société et de sa structure institutionnelle. La Constitution doit être la plus stable et la plus durable que possible à l’instar des plus grandes et anciennes démocraties du monde.
Les signataires condamnent la malignité d’un processus de révision décidé en interne pour un temps très court, à la fin de la session parlementaire, pour limiter et appauvrir le débat au sein des assemblées et surtout éviter l’ouverture d’un débat national aboutissant à un texte consensuel, tel que préconisé par la Déclaration de Bamako du 03 novembre 2000 et la Charte Africaine sur la Démocratie, les Elections et la Gouvernance du 30 janvier 2007, ainsi que la jurisprudence de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. De ce point de vue, la Constitution de 1991, adoptée à l’unanimité après la Conférence Nationale de 1990, constitue une référence dans notre pays à laquelle les signataires appellent à la restauration.
Au plan formel, le projet de révision touche près d’une trentaine d’articles dont certains concernent la structure centrale de notre système politique et de notre édifice institutionnel. L’ampleur d’une telle réforme exige une large consultation populaire comme le référendum pour amener au niveau du peuple l’arbitrage qu’elle exige.
Sur le fond, les signataires voudraient spécialement attirer l’attention de l’opinion Nationale et Internationale sur quatre (4) points fondamentaux de ce projet de révision constitutionnelle, à savoir :
La vacance du pouvoir
L’objectif véritable de cette révision constitutionnelle est de reconnaître et préparer la vacance du pouvoir au sommet de l’Etat en dévoilant enfin la réalité de l’état de santé d’Ali Bongo Ondimba qui n’est plus en mesure d’exercer les fonctions de Chef de l’Etat qu’il a confisquées au mépris des suffrages du Peuple.
En mettant en place un triumvirat pour conduire la vacance de la Présidence de la République, le pouvoir émergent introduit une complication inutile de conduite de la transition. Il touche ainsi à une des attributions qui justifiait la particularité du Sénat. Il entame l’affaiblissement du Sénat dont l’utilité sera de plus en plus discutée.
Quant à la composition de ce triumvirat, les signataires dénoncent l’intégration du Ministre de la Défense Nationale dans celui-ci. Elle est de nature à fragiliser la cohésion de la transition et son caractère civil, introduisant la crainte d’une transition sous la menace des armes.
En fait, les signataires y voient l’expression des sourdes rivalités entre les factions au sein du pouvoir et l’exacerbation de leurs contradictions. Cette composition révèle l’absence de personnes de confiance ou une suspicion généralisée au sein du régime. On doit y reconnaître la marque d’une peur panique caractéristique des régimes en fin de cycle. L’instinct de conservation du pouvoir qui s’exprime ainsi pourrait entrainer le pays dans une conflagration générale.