A la faveur d’un entretien, le Directeur régional Bolloré Transport & Logistics Congo / RD Congo, Christophe Pujalte a décliné les acquis, le potentiel ainsi que les perspectives du Groupe Bolloré pour le port de Pointe – Noire, et partant de la région. L’Économie de cet entretien accordé à notre confrère Conjonctures Économiques .
Conjonctures Economiques : M. le Directeur Régional, quels sont les investissements réalisés par le Groupe Bolloré au Congo et leurs impacts sur le pays ?
Christophe Pujalte : Nous sommes présents au Congo dans le secteur de la logistique et de la manutention portuaire au travers des sociétés Bolloré Transport & Logistics, Congo Terminal et Terminaux des bassins du Congo à Brazzaville.
Le groupe est également présent dans le secteur de la communication et du numérique avec le groupe Vivendi et ses filiales au Congo Canal+, GVA et Canal Olympia. Sur l’ensemble de ces entités nous avons consenti de nombreux investissements pour le développement des infrastructures portuaires et fluviales, la valorisation du cinéma et le déploiement d’internet haut débit.
Avec Congo Terminal, filiale de Bolloré Ports, depuis 2009 date de début de la concession du terminal à conteneurs au Port de Pointe-Noire, plus de 250 milliards de francs CFA (400 millions d’euros) ont été investi dans les infrastructures, l’acquisition d’équipements modernes et la formation du personnel.
Tout ceci a permis une augmentation des volumes traités. Ils sont passés de moins de 200 000 EVP en 2009 à 1 000 000 EVP en 2021. Le Port Autonome de Pointe-Noire est aujourd’hui la 1ère plateforme de transbordement en Afrique centrale et Congo Terminal se place au rang de 2ème terminal de la côte ouest africaine au sein du réseau Bolloré Ports, après le Ghana. Nos capacités nous permettent de recevoir des navires de 14.000 EVP.
Nous avons également repris en 2017 à Brazzaville, à la suite de la faillite de Necotrans les parts détenus dans les Terminaux du Bassin du Congo (TBC) permettant ainsi de soutenir les efforts des autorités locales dans la modernisation de ce port fluvial, véritable hub logistique pour le Congo, la République Démocratique du Congo et la République Centrafricaine. Ces 3 dernières années, les volumes traités ont quasiment doublé.
Malgré une situation économique difficile, nous avons pu, à travers Canal Olympia, construire et mettre en exploitation trois salles de Cinéma à Pointe-Noire, Brazzaville et Oyo pour donner aux populations congolaises des espaces modernes, dédiés au divertissement et à la culture sous toutes ses formes dans le but de promouvoir également les talents locaux.
Nous sommes présents dans les nouvelles technologies avec notre branche Group Vivendi Africa (GVA Congo) pour rendre accessible le très haut débit et décupler l’impact positif d’Internet qui est un formidable vecteur d’opportunités pour la société. Sans oublier Canal + et ses offres de plus en plus adaptés au pouvoir d’achat des populations. Tous ses investissements sont une source importante d’emplois et participent au développement économique du pays.
Quelle est votre politique en ressources humaines ?
Le Groupe est parmi les plus gros employeurs privé au Congo. Avec 1.500 CDI et près de 2.000 journaliers et environ 3.500 emplois indirects générés par nos activités.
Plus de 99% de nos effectifs sont congolais et plusieurs d’entre eux occupent des postes au comité de direction. Nous avons une politique rigoureuse de développement des compétences et d’accompagnement des ressources humaines locales. Tous les ans plus de 80% de notre personnel bénéficie des formations en ligne ou en présentiel.
Bolloré Transport & Logistics promeut-il la parité ?
La parité est un enjeu important dans le Groupe…c’est même un de nos axes prioritaires. Intégré dans notre politique RH et dans une charte dédiée à la diversité, nous avons à cœur de promouvoir les femmes à toutes les échelles de l’entreprise et de féminiser des emplois traditionnellement occupés par des hommes. Les femmes représentent plus de 30 % de nos effectifs et ce chiffre est en constante progression.
Si nous comptons autant de femmes dans nos rangs, ce n’est pas le fruit de règles ou de quotas que nous avons imposés. Ces résultats encourageants sont le fruit d’une politique de recrutement axée avant tout sur les compétences des candidats. Nous avons pu faire passer le talent avant le genre.
Pensez-vous que le Congo-Brazzaville pourrait renouer avec la croissance ? Si oui comment entendez-vous l’accompagner ?
Les indicateurs macro-économiques du pays augurent de lendemains meilleurs. Selon un communiqué de la CEMAC, en 2022 la croissance économique au sein de cette communauté pourrait connaître une accélération à 3,7%. Au niveau du Congo, la banque centrale table sur une croissance du produit intérieur brut (PIB) tirée par le secteur hors pétrole. Un secteur dans lequel nous avons diversifié nos activités pour participer pleinement à la création de richesse.
Nous allons poursuivre nos investissements aux ports de Pointe-Noire et Brazzaville pour accroître les volumes traités (import, export, transbordement) et accompagner l’augmentation des recettes nationales via les services connexes (transport, douanes, etc.). Grâce à vos investissements le port de Pointe-Noire devient de plus en plus attractif.
Envisagez-vous, avec les autorités congolaises, des mécanismes en vue de voir à la baisse le coût du passage portuaire ?
Un comité d’étude composé de toutes les parties prenantes dans le circuit de dédouanement des marchandises travaille sous la houlette de la direction générale du Port Autonome de Pointe-Noire pour réduire significativement le transit time et le coût de passage portuaire. Comme tous nous en faisons partie.
Depuis juillet 2018, Congo Terminal a déjà appliqué une baisse de 15% sur ses tarifs de livraison afin de participer à l’amélioration du pouvoir d’achat et contribuer à la lutte contre la vie chère.
Le groupe a annoncé en décembre avoir reçu une offre de l’armateur italo-suisse MSC qui lui rachèterait toutes ses activités africaines. Que va-t-il se passer et quel en sera l’impact sur les activités du groupe à Pointe-Noire ?
Le Groupe Bolloré a reçu une offre du Groupe MSC, premier armateur mondial, pour l’acquisition de 100% de Bolloré Africa Logistics. Cette offre concerne nos activités portuaires, ferroviaires et logistiques en Afrique ainsi que nos concessions portuaires en Inde, au Timor Oriental et en Haïti.
Ce projet préserve les emplois, garantit la pérennité des activités et des engagements pris par le Groupe. Car le groupe MSC a l’intention de conserver Bolloré Africa Logistics comme une entité autonome dont le siège resterait basé à Paris, de maintenir l’organisation actuelle et bien entendu les emplois. C’est un processus qui prendra plusieurs mois.
Notre priorité durant cette période sensible est de continuer à respecter nos engagements auprès de nos partenaires, des autorités et de nos clients en poursuivant nos projets, nos investissements et notre ambition de développement des écosystèmes logistiques.
L’Afrique va-t-elle rester une terre de croissance et de projets pour Bolloré ?
Le Groupe Bolloré ne se désengagera pas de l’Afrique. Nous continuerons à y investir, notamment avec Canal+, premier opérateur de télévision payante en Afrique francophone et actionnaire important de MultiChoice, leader de la télévision payante en Afrique anglophone.
Mais aussi à travers CanalOlympia, premier réseau intégré de salles de cinéma et de spectacle du continent et de GVA, fournisseur d’accès à internet à très haut débit, ainsi qu’avec le groupe d’édition Editis et peut-être demain dans d’autres secteurs clés pour le continent, comme l’agriculture.
Parlons philanthropie. Quelles actions menez-vous au Congo et sur le continent en général ?
Depuis 1822, le Groupe Bolloré est habité par un principe simple, savoir redonner une part de ce que nous avons eu la chance de recevoir. Il y a 10 ans, le Groupe met en place une plateforme de solidarité : Earthtalent by Bolloré. Son objectif principal est de donner à la jeunesse les clés de son autonomie. Nous œuvrons pour un impact social significatif, aussi bien pour les jeunes générations que pour les communautés locales.
A titre indicatif, en Afrique nous accompagnons plus de 280 projets. Au Congo, nous menons des actions solidaires en faveur de la jeunesse, de la protection de l’environnement et de l’éducation. Près de 15 millions de francs CFA (plus de 22 000 €) sont investis tous les ans dans les projets sociétaux.