La Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR), une institution créée en 2011 pour mettre en œuvre la justice transitionnelle en Côte d’Ivoire, « a échoué à réconcilier les ivoiriens », ont estimé mercredi des acteurs de la société civile ivoirienne lors d’une session d’échanges à Abidjan avec des associations de jeunes et des ONG internationales.Il s’agit de membres du Centre International pour la justice transitionnelle (ICTJ), de l’observatoire ivoirien pour les droits de l’homme (OIDH) et du Mouvement ivoirien des droits humains (MIDH) qui ont échangé sur le thème, «comment l’échec d’un processus de recherche de vérité peut fragiliser la réconciliation et la cohésion sociale : le cas de la CDVR ».
« La CDVR a souffert d’un manque de crédibilité. La sélection de ses membres n’a pas été rigoureuse et elle n’était pas indépendante. La société civile était marginalisée par cette commission », a dénoncé Christiano Aké Mel , chargé de projets de l’OIDH, estimant que la CDVR « a échoué à réconcilier les ivoiriens ».
De son avis, cette Commission qui était présidée par l’ancien premier ministre ivoirien Charles Konan Banny « a échoué parce qu’elle a mis la charrue avant les bœufs ». Selon M. Aké qui animait une communication sur les lacunes qui ont entravé la bonne marche des opérations de la CDVR, les initiatives de dialogue et de réconciliation de cette Commission n’ont pas été inclusives.
« Le mandat de la CDVR était imparfait. Il n’était pas clair sur la place des victimes», a par ailleurs estimé M. Aké.
Avant lui, deux autres communications ont meublé cette rencontre dont l’une sur la recherche de la vérité dans un processus de justice transitionnelle animée par Brahima Bamba, chargé de programme à ICTJ et l’autre sur les insuffisances du contenu du rapport de la CDVR animée par Amon Dongo du MIDH.
« La CDVR devait prioriser les victimes. Elle devait être la maison des victimes», a soutenu M. Bamba. De son côté, M. Amon Congo du MIDH a estimé que la CDVR « n’a pas réussi sa mission de recherche de la vérité».
Selon lui, cette institution a fait un « travail qui est déconnecté des réalités sociales ». A l’issue de la crise postélectorale ivoirienne de 2010-2011, les autorités ivoiriennes ont créé la CDVR afin qu’elle soit un instrument de mise en oeuvre de la justice transitionnelle dans le pays.
Cette institution a fonctionné pendant trois ans au cours desquels, elle a mené des opérations de recherche, d’enquête et d’audition et a produit un rapport final qui a été remis aux autorités ivoiriennes en décembre 2014. Ce rapport a été officiellement publié en octobre 2016, soit deux ans après sa remise au chef de l’État ivoirien.