Olivier Véran, nommé dimanche ministre de la Santé, est un neurologue de 39 ans, député de l’Isère et soutien de la première heure d’Emmanuel Macron, rapporteur depuis janvier du volet organique de la réforme des retraites.
L’Isérois, médecin du CHU de Grenoble, n’entend pas faire de vieux os en politique mais il a accepté la lourde tâche de reprendre en main un ministère sous la pression des personnels hospitaliers en colère et de la menace d’épidémie du nouveau coronavirus, après le départ d’Agnès Buzyn annoncé dimanche.
Ce macroniste de la première heure pourra bénéficier, au moins dans un premier temps, de son statut de médecin comme le furent avant lui à ce poste Bernard Kouchner, Philippe Douste-Blazy, Nora Berra, ou Agnès Buzyn.
Alors jeune suppléant de Geneviève Fioraso (PS), il s’était fait connaître en entrant au Palais Bourbon en 2012 quand celle-ci avait rejoint les gouvernements Ayrault puis Valls jusqu’en 2015.
Il a rencontré Emmanuel Macron cette même année au moment de la discussion à l’Assemblée de la loi Macron. Et avait adhéré au mouvement En Marche! dès sa création, jusqu’à devenir le référent santé du candidat à la présidentielle.
Séduit par le « dépassement des clivages et de la politique politicienne » de celui qui était alors ministre de l’Économie, le neurologue a longtemps ambitionné de « faire prendre le virage de la prévention », parent pauvre des politiques de santé en France.
Au palais Bourbon, Olivier Véran a d’ailleurs été le rapporteur du volet prévention de la loi Santé, avant de devenir l’incontournable rapporteur général de la Commission des affaires sociales en 2017.
Il est aussi Conseiller régional d’Auvergne-Rhône-Alpes depuis 2016 et a été nommé, en janvier, rapporteur du volet organique de la réforme des retraites, celui sur l’équilibre financier.
– « Le coeur à gauche » –
Ce politique affable, né en 1980 et issu du Parti socialiste, dit avoir « le cœur à gauche ».
Déjà pressenti pour occuper le maroquin de la Santé en 2017, Olivier Véran était qualifié à l’époque de « bosseur », « sympathique », « très bon connaisseur de l’hôpital » par Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, premier syndicat de médecins libéraux (généralistes et spécialistes).
L’intéressé se définit lui-même comme « énergique », y voyant à la fois sa principale qualité et son principal défaut.
Ancien vice-président de l’Inter-Syndicat national des internes (ISNI) durant ses études de médecine à Grenoble, il a financé sa formation en travaillant comme aide-soignant, notamment en gériatrie.
« Tombé amoureux de l’organisation du système de soins », il a suivi un master en gestion et politique de santé à Sciences Po Paris (avec un mémoire sur les déserts médicaux) en parallèle à son clinicat. A cette époque, le jeune chef de clinique en neurologie vasculaire développe également un hôpital de jour pour faire de l’ambulatoire.
C’est en visitant cette structure que Geneviève Fioraso repère l’entreprenant praticien et lui propose d’être son suppléant en 2012.
« Je n’avais jamais été encarté politiquement, même si j’ai ma sensibilité évidemment », avait-il alors déclaré à l’AFP, se présentant comme « progressiste vraiment, très européen convaincu, opposé aux inégalités ».
Parlant anglais et espagnol, marié à une gynécologue-obstétricienne avec qui il a deux enfants, Olivier Véran n’entend pas faire de la politique plus d’un ou deux mandats: « Hors de question que ma femme sacrifie sa carrière ! », assure ce défenseur du non cumul.
Et puis, « la classe politique n’est pas aimée; quand je porte ma blouse blanche, j’ai une cote de confiance de 84%, quand je mets l’écharpe tricolore, ça tombe à 6%! Il faut renouveler la vie politique et être plus proches des gens », soutient ce pianiste amateur.