Une série d’accords ont été signés, ce jeudi à Rabat, entre le Maroc et l’Espagne couvrant une multitude secteurs d’activité, dans le cadre la 12ème session de la Réunion de Haut Niveau (RHN).Ces accords, qui visent à consolider les relations de coopération bilatérale et à les élargir à de nouveaux domaines, à fort potentiel de partenariat, portent sur des secteurs aussi variés que la gestion des migrations, les infrastructures, la gestion du développement et de la protection des ressources d’eau, l’environnement, la lutte contre le changement climatique et le développement durable, la formation professionnelle, le transport, le tourisme, la sécurité sanitaire, les bibliothèques ou encore le domaine universitaire.
Pour le chef du gouvernement marocain, les relations maroco-espagnoles connaissent une évolution « qualitative » qui appelle l’implication des opérateurs économiques dans cette dynamique, en vue de conclure des partenariats forts et tangibles, dépassant les échanges commerciaux pour engober des projets communs à portée stratégique, en mettant à profit la nouvelle charte des investissements au Maroc.
Il a en outre relevé que cette session revêt une grande importance, du fait qu’elle survient dans un contexte particulier, marqué par les retombées de la crise sanitaire mondiale et par la guerre en Ukraine qui a impacté les différents pays, ainsi que par les effets directs de ces deux crises sur le niveau de vie des citoyens et sur l’augmentation des niveaux d’inflation, ce qui place le monde face à des défis inédits et inattendus, a-t-il souligné à l’ouverture de cette session de la RHN qu’il a coprésidé avec son homologue espagnol Pedro Sanchez.
La 12ème RHN intervient aussi dans un contexte de mutations régionales et internationales profondes, avec en tête les défis sécuritaires qui s’imposent désormais aux pays de la région, a-t-il poursuivi, appelant à l’intensification des efforts pour faire face aux dangers qui guettent la sécurité de la région, liés à l’immigration illégale, à la traite des personnes, au trafic de drogue, au terrorisme, aux groupes séparatistes et aux factions armées, et ce sur la base d’une approche globale réunissant les dimensions sécuritaire et sociale.
Il s’agit aussi de faire face à des défis auxquels fait face le monde, sur fond de mutations profondes qui interpellent la capacité des Etats à s’adapter en permanence à ces transformations, à travers des approches renouvelées, à même de promouvoir l’action bilatérale et d’harmoniser son rythme avec ces mutations de manière qui réponde à la vision des deux pays concernant leur environnement régional et international.
Akhannouch a aussi rappelé qu’à la faveur de l’évolution que connaissent les relations bilatérales à tous les niveaux, l’Espagne est devenue le premier partenaire économique et commercial du Maroc, notant que les deux pays ont pu mettre en place un cadre juridique riche et diversifié accompagnant l’évolution réalisée dans de nombreux domaines.
Il a, sur un autre registre, fait observer que dans un contexte international complexe, qui connait l’exacerbation des tensions dues aux différentes crises internationales et leur impact sur les chaines de production et sur la sécurité alimentaire en raison de l’instabilité énergétique, le Maroc et l’Espagne ont pu intensifier leur coopération dans ces deux domaines, à travers des projets modèles.
Ces projets concernent le domaine énergétique, à travers le renforcement de l’interconnexion électrique et la mise en œuvre du gazoduc maghrébin dans le sens inverse, de l’Espagne vers le Maroc, ainsi que l’adoption de sources d’énergies nouvelles comme l’hydrogène vert, partant d’une vision stratégique qui érige le concept de développement durable comme solution d’avenir à même de préserver l’équilibre entre les dimensions environnementale, économique et sociale, a-t-il expliqué.
Pour sa part, le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez a affirmé que le Maroc et l’Espagne sont appelés à donner un contenu concret à leur vocation en tant que pont entre l’Europe et l’Afrique.
Il a appelé à harmoniser les politiques publiques des deux pays pour améliorer leur connectivité ainsi que dans la région, accélérer la digitalisation et assurer la transition énergétique en vue d’assurer un développement durable.
Le chef de l’exécutif espagnol a souligné, en outre, que les deux pays sont également appelés à assurer un progrès harmonieux dans tous les domaines à travers le renforcement du dialogue politique et de sécurité et davantage d’investissements, d’échanges et d’interconnexions, ainsi que de mobilité et de communication entre les deux sociétés.
Il s’agit là d’objectifs fixés par les deux Royaumes lors de la visite qu’il a effectuée à Rabat le 7 avril dernier, a-t-il rappelé, notant que « nous pouvons constater aujourd’hui que nous les avons atteints : nous avons tenu nos engagements et nous continuerons à le faire ».
Il a aussi relevé que cette session de la RHN vient consolider la nouvelle étape ouverte dans les relations bilatérales, faisant remarquer que « les deux Royaumes entament cette nouvelle étape avec un grand sens de responsabilité et une conscience historique et, surtout, avec la conviction profonde de l’énorme potentiel qui reste à explorer dans cette relation, qui va bien au-delà du simple voisinage ».
Sanchez a aussi évoqué le caractère exceptionnel de cette session, en ce sens « qu’elle est la première du genre depuis 8 ans, mais aussi parce qu’elle intervient après la déclaration conjointe du 7 avril dernier, qui a renforcé la base de l’action commune, faisant observer que les deux pays s’engagent à la transparence et à la communication permanente, tout en privilégiant le dialogue et non le fait accompli ».
Il a, de même, réaffirmé la validité et l’intégrité de tous les accords entre les deux parties, qui ont jeté les bases des relations bilatérales dans le passé.
A cet égard, les deux gouvernements ont proposé un programme d’action qui vise à élargir les champs des relations bilatérales de manière équilibrée et coordonnée à travers un dialogue politique et de sécurité renforcé, avec un mécanisme de suivi systématique de la mise en œuvre des accords, a-t-il poursuivi.
S’agissant du nouveau partenariat pour renforcer les liens socio-culturels, Sanchez a indiqué que les deux sociétés veulent de nouveaux modèles de mobilité, d’éducation et de formation, soulignant la nécessité d’adopter une approche globale et constructive de la migration.
Il a, d’autre part, relevé « la responsabilité partagée des deux pays qui doivent travailler ensemble pour défendre un ordre mondial basé sur des règles, notamment face à la guerre en Ukraine et l’instabilité en Afrique du Nord ».